Climat, métiers et compétences, 3 conséquences
Dans cet épisode nous allons nous interroger sur les conséquences du réchauffement climatique sur les métiers.
Oh tu sais moi le climat qui m’intéresse, c’est le climat des affaires. Autant te dire que ta météo, à part celle de mes clients, « ça m’en touche une sans faire vibrer l’autre » comme disait Jacques Chirac.
Et bien ! Si le réchauffement climatique te fait ni chaud ni froid, prends garde à toi… tu connais la cigale et la fourmi… « La Cigale, ayant chanté Tout l’été, Se trouva fort dépourvue Quand la bise fut venue. »
Tu veux dire que le réchauffement climatique va avoir des conséquences sur mon entreprise ? Sur les métiers ? Donc sur mon activité ? Sérieux ?
Oui et on va explorer le sujet. Alors, climat, métiers et compétences, 3 conséquences, c’est quoi l’histoire ?
On ne va pas épiloguer ici sur le réchauffement climatique et sur la responsabilité qui incombe aux humains, et notamment à nos modes de vie, dans cette affaire. On va prendre ce réchauffement comme point de départ.
Et nous interroger sur ses conséquences sur les métiers. Pas difficile d’abord, en effet, de se figurer que certains métiers sont plus durs à exercer que d’autres quand les températures augmentent.
On pense d’abord aux métiers physiques qui s’exercent dehors, en plein cagnard… les plantations, les champs de coton et le bagne de Cayenne ne sont pas bien loin.
On pense d’abord, en effet, aux conséquences physiques de la chaleur et c’est normal. C’est la première expérience qu’on en fait personnellement. Y compris pour des métiers en apparence moins exposés. Va animer un cours ou une formation dans une salle fermée où il fait plus 35 degrés et on en reparle.
L’INRS[1] par exemple, dans un dossier sur le travail et la chaleur, nous dit que les risques arrivent dès 28 degrés pour un métier avec une activité physique et 30 degrés pour les activités dites sédentaires. Autant te dire que cela arrive vite et qu’il va falloir s’en préoccuper sérieusement.
Évidemment les métiers les plus exposés sont les ouvriers du BTP, les maraîchers, les jardiniers, les agriculteurs, les bûcherons, les éleveurs, etc. Une note d’analyse de France Stratégie[2] en 2023 détaille cela très bien.
Tous les métiers sont en effet loin d’être égaux face à la chaleur ! C’est une dimension de la santé et sécurité au travail usuelle, si j’ose dire, pour les professionnels de la fonction RH.
Mais c’est loin d’être aussi simple que cela, ne serait-ce que pour une raison simple à comprendre. Toutes les régions ne seront pas affectées de la même manière par le réchauffement. La question de l’équité, de la justice sociale pour les entreprises multisites ne sera pas si facile que cela à gérer.
En revanche, à l’instar du débat sur les conséquences de l’intelligence artificielle sur l’emploi, on peut se demander ce que seront les conséquences du réchauffement sur les métiers et les compétences. On va en souligner 3 ici.
La première ce sont des migrations de métiers. Et ce n’est pas très difficile à imaginer. Tous les secteurs d’activités ne vont pas être bouleversés de la même manière par le réchauffement climatique et les exigences de transition énergétique.
On peut penser en effet que les secteurs agricoles ou agroalimentaires par exemple vont subir plus de transformations profondes et directes que celui du conseil aux entreprises. Donc qui dit transformation profonde de l’activité…
…Dit transformation profonde des métiers pour la réaliser. Bref, un enjeu majeur de Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences, de carrières, d’effectifs, etc. pour la fonction RH.
La deuxième conséquence à laquelle la fonction RH doit se préparer concerne la transformation des métiers existants. Non pas qu’ils vont disparaître mais leur exercice sera modifié.
Pas seulement dans les conditions de travail, mais surtout dans les compétences qu’ils exigeront. Dit concrètement, tu ne pourras plus exercer certains métiers si tu n’as pas, par exemple, un background sérieux sur le sujet climatique au sens large.
Il ne sera en effet plus possible de ne pas tenir compte de l’énergie consommée, laquelle et comment, des conséquences derrière etc. On pourrait même dire que tous les métiers seront impactés d’une manière ou d’une autre, qu’il s’agisse de nouvelles compétences clés ou au minimum d’une conscience minimale à avoir.
La troisième conséquence à prendre en compte, c’est évidemment l’émergence de métiers nouveaux, ou du moins encore peu développés, car la transition climatique fait naître des besoins dans les entreprises.
Des éco-concepteurs, des spécialistes de l’efficacité énergétique, des spécialistes du traitement des déchets ou du recyclage, mais c’est aussi des métiers plus éloignés comme des chargé de reporting de durabilité, des spécialistes du droit etc.
Sans parler des pénuries de main d’œuvre qui viendront ajouter une couche de difficulté à tout cela, autant dire que la fonction RH a déjà du pain sur la planche. Le réchauffement climatique est loin d’être exempt de conséquences sur les métiers.
La DARES nous rappelle d’ailleurs à cet effet que « la transition devrait s’accompagner d’une réallocation relativement importante de la main-d’œuvre à la fois entre secteurs et au sein des secteurs clés de la transition. »[3]
En résumé, le réchauffement climatique a de nombreuses conséquences sur les entreprises et leur activité et 3 grands effets sont à noter sur les métiers : 1. des migrations de métiers, en volume, 2. Des évolutions significatives sur les compétences nécessaires pour exercer des métiers existants et 3. L’émergence de métiers nouveaux ou au moins leur développement.
J’ai bon chef ?
Oui tu as bon mais on ne va pas en faire toute une histoire.
[1] INRS (2022), Travail à la chaleur, dossier IRNS, Santé et Sécurité au travail.
[2] https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/fs-2023-na123-adaptation_changement_climatique-juin_3.pdf
[3] https://dares.travail-emploi.gouv.fr/publication/les-incidences-economiques-de-laction-pour-le-climat-focus-sur-le-marche-du-travail