Tourner autour du pot pour ne pas tomber dedans
Dans cet épisode, nous allons parler de vision 360 et nous interroger sur ce que cette expression signifie.
Une vision à 360 c’est ultra simple. Tu regroupes tout ce que tu sais de tes clients dans un seul et même endroit, un outil de CRM par exemple, et tu sais tout d’eux d’un seul clin d’œil. Bon allez trois petits tours et puis s’en vont, on ne va pas tourner autour du pot. C’est vite vu.
Certes, c’est une vision des choses, mais pour une vision à 360 la tienne est un peu parcellaire, c’est juste un point de vue, celui du marketing client, … Mais tu peux endosser d’autres paires de lunettes, pour élargir ton point de vue.
Tu veux dire que je suis un peu trop tombé dans le panneau du discours marketing d’éditeurs de solutions digitales de CRM ? Moi qui croyais ne pas tomber dans le pot en ne tournant pas autour.
Tu as plongé dedans. Allez viens faire un tour, de manège ou de magie. Tourner autour du pot pour ne pas tomber dedans, c’est quoi l’histoire?
C’est une histoire qui ne date pas d’hier. Bien sûr l’expression vision à 360 est devenue une de ces expressions un peu valise qu’on sort à tout bout de champ.
Tu as raison, notamment dans le domaine de la relation client.
Ah ! Tu vois ! Et ce que j’en disais n’était pas si faux : disposer en un seul endroit de toutes les informations sur tes clients pour avoir une vision globale d’un seul coup d’œil.
Oui mais l’idée de la vision à 360 ne se limite pas à ce domaine, on en parle aussi dans le management par exemple, et en plus elle n’est pas nouvelle. Tiens, par exemple, dans les années 2000, les 360° feedback c’était très à la mode.
Quand une personne est évaluée par son manager, ses pairs et ses N-1, en effet, c’est à 360, parce qu’on fait le tour des points de vue, un cercle donc 360 degrés. On la voit venir l’idée sous-jacente.
Avoir une vision plus globale des choses donc, sous-entendu plus complète. On fait le tour du sujet en quelque sorte, histoire de ne pas tourner en rond mais pour avancer. On n’est alors pas très loin, au fond de l’idée de vision globale.
D’un côté, je tourne autour pour apprécier la chose sous tous ses angles, la vision 360, et de l’autre, la vision globale, comme une forme de recul et de distance pour apprécier la situation dans son ensemble.
Or, la vision globale, n’est pas qu’un grand angle pour ne pas avoir le nez dans le guidon. C’est avant tout la compréhension des liens entre les petites choses qui composent la grande.
Ce que d’aucun appellerait une vision holistique. Tu sais, du grec holos qui veut dire dans sa totalité. C’est, en résumé, considérer que les parties forment un tout et s’intéresser à ce tout.
D’un côté, une approche analytique. On décortique les parties du tout et le tout est une conséquence des parties. De l’autre, on appréhende le tout comme un ensemble indivisible et c’est le tout qui détermine les parties.
Donc vision holistique et vision 360 ce n’est pas identique. La vision 360 reviendrait à s’informer plus complètement en tournant autour des choses, là où l’approche holistique repose d’abord sur l’idée que le tout est le principal déterminant.
Genre on n’est pas en train de fumer la moquette là ? Bon, en pratique, en entreprise, avoir une vision 360 c’est une expression qui illustre le fait d’avoir tout pris en considération. Une documentation complète en somme. Par exemple, l’avis de toutes les parties prenantes, la satisfaction des différents interlocuteurs, etc.
Un peu comme dans les tableaux de bord équilibrés par exemple, que ce soit en management ou en RH. En substance, avoir une vision plus complète des choses.
Cela ne signifie pour autant pas qu’on les considère comme une et entière, indivisible ou au contraire comme la somme de particules élémentaires.
Mais alors, si l’ambition visée au travers de cette expression, est bien celle de la complétude des informations qu’on collecte sur une chose, pourquoi donc 360° degrés ? L’image du cercle c’est bien mais c’est juste en 2D non ?
Tu veux dire qu’il vaudrait mieux tourner autour du pot comme on le ferait dans une sphère, en 3D donc, et pas en 2D autour d’un cercle, fut-il celui des poètes disparus ? C’est vrai. Pourquoi pas.
Démultiplier les angles de vue, selon différents plans, pour observer une situation, un sujet sous toutes ses coutures. Je comprends le principe. La vision 360 c’est en réalité une idée toute simple, qui consiste à ne pas se contenter d’un regard parcellaire mais bien de disposer de l’information la plus large et complète possible.
Peut-être peut-on aussi y voir le besoin de compléter pour décloisonner dès lors que les principes de la division des tâches, chère à nos modes d’organisation d’inspiration taylorienne, sont encore bien vivaces et peu propices à une vision complète des sujets.
Dit autrement, se targuer d’une vision 360 c’est aussi témoigner du fait qu’on s’affranchit, ou plutôt qu’on dépasse, une vision mécaniste et silotée, par nature « enfermante », donc asséchante.
En résumé, l’expression « vision à 360 » désigne une lecture complète des choses parce qu’elle résulte d’une multiplication des points de vue. Ce n’est pas la même chose qu’une vision globale qui s’attache à comprendre les liens qui tissent les éléments d’un tout. Mais cela y contribue.
J’ai bon chef ?
Oui tu as bon mais on ne va pas en faire toute une histoire.