Une entreprise en paix par Nelson Mandela

Dans cet épisode nous allons partager une vision de ce que pourrait être une entreprise en paix en invitant Nelson Mandela.

On oppose l’économique au social, on montre d’un doigt vengeur ces salauds de riches ou ces salauds de pauvres, on se moque des « sans-dents »… Il n’y a pas besoin de traverser la rue pour être confronté à tout ça… C’est parfois chez toi.

Quand il ne s’agit pas de fermer les yeux sur des conditions de travail si pénibles que certains ne trouvent pas d’autre moyen pour les supporter que de se faire porter pâles un ou deux jours, ou des discriminations du quotidien, qui transforment ce qu’on baptise pudiquement « expérience collaborateur » en souffrance.

On oppose, on déchire, on brise… Mais l’entreprise, ce n’est pas un champ de bataille, les amis. Il n’y a pas de guerre. La guerre, merde, c’est autre chose et puissions-nous nous en prémunir. Ne pouvons-nous pas simplement vivre ensemble, faire société, en paix ?

Alors quoi de mieux qu’un prix Nobel pour parler de cette paix-là aussi. Invitons celui qui, le 10 mai 1994, dans son discours d’investiture à la présidence de son pays disait vouloir en faire : « une nation arc-en-ciel en paix avec elle-même et avec le monde »…

Une entreprise en paix, par Nelson Mandela, c’est quoi l’histoire ?

L’entreprise, c’est une aventure collective, qui a une raison d’être qui n’est pas réductible au seul profit. Une mission, une vision que l’on essaye de réussir, un projet quoi, un truc qui nous dépasse, plus grand que nous.

Comme dit Mandela : « Une vision qui ne s’accompagne pas d’actions n’est qu’un rêve. Une action qui ne découle pas d’une vision c’est du temps perdu. Une vision suivie d’action peut changer le monde. »

Changer le monde. Tout est dit. Même si c’est un petit monde l’entreprise. C’est le point de départ de l’aventure. De toute aventure.

Une aventure par nature collective, qui ne peut réussir que si elle est collective. Mandela le rappelle : « aucun de nous, en agissant seul, ne peut atteindre le succès. »

Or, une aventure collective cela signifie plusieurs choses. D’abord une aventure ce sont des risques. La vie n’est pas un long fleuve tranquille !

Euh ce n’est pas Mandela ça ! Tiens Mandela lui disait : « J’ai appris que le courage n’est pas l’absence de peur, mais la capacité de la vaincre. » N’est-ce pas cela qui fait la mentalité d’un entrepreneur ?

Ne pas partir à l’aveuglette tel un fanfaron, ne pas renier ses peurs, mais les affronter, les dominer au nom d’un projet qu’on place au-dessus de soi ? Peut-être bien en effet.

Des risques et donc des responsabilités de la part de celles et ceux qui dirigent et embarquent les autres avec eux. Une grande responsabilité. Mandela disait que « les hommes qui prennent de grands risques doivent s’attendre à en supporter souvent les lourdes conséquences. »

Diriger avec le sens des responsabilités c’est l’inverse du mercenaire, celui qui fait envie au lieu de donner envie, qui voit d’abord dans l’entreprise un moyen d’assouvir ses propres besoins avant d’en faire quelque chose de bien.

Il y en a des comme ça. Mandela disait que « souvent, les révolutionnaires d’autrefois ont succombé à l’appât du gain, et se sont laissés prendre à la tentation de confisquer des ressources publiques pour leur enrichissement personnel. »

L’inverse de ce que doit être quelqu’un qui taille patron en somme. Ah ceux qui courent pour leur bonus de fin d’année et après moi le déluge… Il faut entreprendre avant de prendre les amis ! C’est l’idée même de bien commun qui fait société. Celui qui nous porte, à commencer par celles et ceux qui dirigent.

Une aventure collective avec des risques, disions-nous, donc des responsabilités pour celles et ceux qui dirigent. Ces leaders dont nous avons besoin. Celles et ceux qui éclairent car « en faisant scintiller notre lumière, nous offrons aux autres la possibilité d’en faire autant. »

Oui mais des leaders exemplaires. Des leaders qui servent. Pas des leaders qui se servent. « Je suis ici devant vous non pas comme un prophète mais comme votre humble serviteur. C’est grâce à vos sacrifices inlassables et héroïques que je suis ici aujourd’hui » disait Mandela.

Des personnes de valeurs. Peut-être même celles que cite Mandela : « L’honnêteté, la sincérité, la simplicité, l’humilité, la générosité, l’absence de vanité, la capacité à servir les autres – qualités à la portée de toutes les âmes (…). »

Des leaders qui éclairent avec humilité mais qui incarnent l’histoire de cette aventure collective, parce que le soleil ce n’est pas tout. « La politique peut être renforcée par la musique, mais la musique a une puissance qui défie la politique. » disait Mandela.

Et des leaders qui managent aussi, parce qu’il faut bien délivrer, derrière les belles histoires. On parle bien de management, pas du micro-management de petits garde-chiourmes pères fouettards, petits chefs à plumes sans envergure, qui te collent une réunion zoom tous les matins à 9H pour être sûr que tu bosses.

Tu es où, t’es avec qui, tu fais quoi ? … Diable. « Un homme qui prive un autre homme de sa liberté est prisonnier de la haine, des préjugés et de l’étroitesse d’esprit. » disait Mandela.

Manager au fond c’est l’inverse bien sûr. C’est notamment rendre autonome pour que chacun puisse, en son âme et conscience, s’investir pour le bien commun. Faire grandir, développer ses collaborateurs. « L’éducation est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde. » écrivait Mandela.

Personnes compétentes, intelligentes, qui ont envie de s’impliquer dans le projet collectif, avec des leaders qui ont compris qu’être au-dessus des autres c’est une raison de plus pour les servir, pas pour les asservir… Et bien ces personnes-là ce sont des personnes qui coopèrent.

Parce qu’une entreprise qui réussit, c’est une entreprise où l’on coopère. Où l’on fait « œuvre ensemble ». Et pour coopérer, il faut être en paix.

« Nous travaillerons ensemble pour soutenir le courage là où il y a la peur, pour encourager la négociation là où il y a le conflit, et donner l’espoir là où règne le désespoir » disait Mandela. Et cela, en entreprise, cela nous appartient à toutes et tous.

En résumé, Mandela disait qu’il avait « chéri l’idéal d’une société libre et démocratique dans laquelle tout le monde vivrait en harmonie avec des chances égales ». Peut-être est-ce là les premières conditions du succès de tout projet collectif.

J’ai bon chef ?

Oui tu as bon mais on ne va pas en faire toute une histoire