Je procrastinerai dès demain

Dans cet épisode nous allons nous demander si procrastiner peut être un levier de productivité.

Espèce de flemmard, de fainéant, de glandu, tu vas t’y mettre oui ?

Hop hop chef tu confonds paresse et procrastination et ça n’a rien à voir. Procrastiner ce n’est pas rien faire mais décider de reporter ce que tu as à faire à demain.

Bon alors je t’invite à procrastiner dès maintenant pour ne pas prendre le risque de ne pas avoir assez de temps demain pour… procrastiner

Ou peut-être dès maintenant car tu crains que cela soit mal vu de reporter à demain… Tu sais la productivité c’est pas demain c’est maintenant.

Mais si justement la procrastination était potentiellement un levier de productivité ? Je procrastinerai… dès demain c’est quoi l’histoire.

On ne va pas épiloguer sur ce thème dont plein de gens se sont emparés. Entre les coachs en tout genre qui te disent que ce n’est pas bien, et qu’il faudrait se défendre de céder à ce penchant naturel

Ou ceux qui célèbrent les vertus d’une procrastination raisonnée et choisie t’expliquant au fond une chose simple qui s’appelle aller à l’essentiel et repousser ce qui ne sert pas ce que tu vises…

Du lean management en quelque sorte… Ou celles et ceux qui t’expliquent que procrastiner booste la créativité, réduisant toute la complexité du processus créatif, sa part de hasard, le bouillon primitif dont elle a besoin mais aussi de la contrainte qui lui permet de s’exprimer…

Bref on va plutôt prendre le sujet par un autre angle. Quel rapport entre procrastination et productivité, pour tenter ensuite d’en tirer un enseignement.

Et pour être rigoureux on commence par définir nos deux termes. 1. Procrastination et 2. Productivité

La procrastination on l’a dit c’est reporter à plus tard. Ajourner, ajouter un délai. La question qui se pose c’est reporter quoi ? Ce qu’on savait comme devant être fait maintenant ou ce dont on sait que cela peut attendre

En en connaissant plus ou moins bien les conséquences. Dans le premier cas, ce n’est pas vraiment de la procrastination, du moins le problème est réglé c’est de l’irresponsabilité. Tu sais ce qu’il faut faire tu sais que les conséquences sont importantes si tu ne le fais pas et tu ne le fais pas quand même

« Je vois le bien, je l’approuve, et pourtant, je fais le mal. » disait Ovide. C’est de l’acrasie : le fait d’agir à l’encontre de son meilleur jugement. Ce que nous allons traiter c’est reporter à plus tard, sachant que cela n’entrainera pas de conséquences majeures graves.

En fait tout dépend de ce qui se passe entre les deux et de ce à quoi tu occupes ton temps mais c’est un autre sujet. Peut-être en lien avec la créativité. Le temps de divergence avec celui de la convergence.

Prenons le 2nd terme : productivité. C’est le rapport entre les ressources que l’on consomme et le résultat qu’on obtient.

Donc passons au lien entre les deux. Peut-on imaginer des situations concrètes où procrastiner est source d’une meilleure productivité ? Prenons deux exemples.

Le premier, est-ce qu’à résultat équivalent, procrastiner peut parfois conduire à une économie de ressources, ce qui veut dire une meilleure productivité.

Si par exemple tu rentres chez toi et tu dois faire le plein. L’essence est à 2€. Mais tu te dis, je ne suis pas pressé, je prends mon temps et je ferai le plein demain. Si le prix de l’essence est passé à 1€95 tu as fait une économie de ressources. Le résultat est le même mais le coût moindre donc amélioration.

En gros tu as eu du bol, car attendre a servi ton intérêt mais si tu ne sais pas anticiper le cours de l’essence tu t’en remets à la chance.

A l’inverse, un parasite envahit tes plantes et tu dois pulvériser 5 litres de produit pour les protéger. D’un côté, tu le fais dès maintenant mais manque de bol, un gros orage arrive la nuit suivante et ruine ton travail. Ton résultat baisse puisque tes plantes vont se faire bouffer.

Mais si tu as procrastiné. Tu es arrivé chez toi te disant je pulvériserai demain parce que là je prendrais bien l’apéro, et bien tu es gagnant puisque l’orage étant passé tu pulvérises après et tu bénéficies à plein de ton produit. Le résultat sera meilleur car tes plantes auront été mieux protégées.

Dans ce cas aussi, l’aléa qui se réalise pendant la période où tu procrastines détermine le résultat et donc l’effet sur ta productivité ou non.

On le voit avec ces deux exemples simplistes, si reporter à plus tard peut – ou pas – avoir des conséquences sur ta productivité selon que les événements qui interviennent durant cette période de procrastination servent ou pas ton intérêt.

Donc procrastiner c’est un pari sur le fait que ce qui va se passer entre le moment où tu peux faire quelque chose et le moment où tu te résous à la faire n’aura pas de conséquences négatives.

Cela pose donc la question de ta conscience des conséquences potentielles du report que tu décides, plus ou moins sciemment. En connaissance de cause c’est peut-être une opportunité, mais en son absence c’est un pari plus ou moins responsable.

En résumé, reporter quelque chose peut avoir des conséquences positives ou négatives, notamment sur la productivité. La question est donc celle de la conscience des conséquences possibles du report. C’est une question de responsabilité et de maîtrise des risques.

J’ai bon chef ?

Oui tu as bon mais on ne va pas en faire toute une histoire