La Golden Hello, une fausse bonne idée ?

Dans cet épisode, nous allons expliquer ce qu’est une golden hello et surtout nous demander si c’est une bonne idée ou pas.

Bon, je ne vais pas y aller par quatre chemins. Quand le marché est en faveur du candidat, que les entreprises font la danse du ventre pour les attirer, autant te le dire, moi je mets une prime de bienvenue pour leur donner envie de nous rejoindre.

Viens chez moi, tu auras un cadeau. Facile non ? On n’attire pas les mouches avec du vinaigre, mais un candidat ou une candidate avec une prime à l’arrivée. Bref ce qu’on appelle une golden hello.

Mais voilà, il ne faudrait tout de même pas que cette golden hello se transforme en douche froide… Alors, la golden hello, une fausse bonne idée ?

Golden hello, l’expression est moins connue du grand public que celle de golden… parachute ou parachute doré. Mais l’esprit est comparable. Une prime à la sortie pour le golden parachute, une prime à l’arrivée pour la golden hello.

Revenons peut-être à l’origine du second, le parachute, pour mieux éclairer le sens, du premier, la bienvenue. Un mandataire social, sans contrat de travail c’est-à-dire dirigeant non salarié mais qui touche un salaire au titre de son mandat social, même s’il est affilié au régime général de la Sécurité Sociale, ne bénéficie pas de l’assurance chômage.

Et les protections privées qu’on pourrait y substituer coûtent une blinde. Dans ce cas-là, le parachute comme son nom l’indique joue le rôle d’une assurance chômage. La pratique a pu par ailleurs se démocratiser sur des postes de dirigeants ou cadres supérieurs salariés, avec un contrat de travail.

Si beaucoup en ont entendu parler, c’est parce qu’on a parfois observé des dérives et que les medias en ont fait leurs choux gras comme toujours. Mais l’origine c’était de protéger contre un aléa, s’il se réalise.

La golden hello répondait peu ou prou au même principe. Protéger un salarié qui pourrait rejoindre une entreprise contre le risque de perdre quelque chose qu’il aurait obtenu en restant là où il est.

L’idée est simple à comprendre. Là où tu es, tu as par exemple un bonus de fin d’année ou un LTI, long term incentive, un bonus à 3 ans par exemple. Tu quittes ton job en cours de route et tu risques bien d’en perdre une partie si ce n’est la totalité. Cette perte potentielle, tu la mets évidemment dans la balance au moment de tes arbitrages.

Si l’entreprise qui cherche à te recruter compense cette perte potentielle avec une prime de bienvenue, cela sort cette difficulté de l’équation.

Le principe est parfois aussi utilisé pour attirer des populations difficiles à recruter. Là, il ne s’agit plus de compenser une perte mais d’offrir un cadeau de bienvenue, sous la forme d’un bonus, et ce pour inciter à accepter une offre.

Pour certaines entreprises, c’est aussi une pratique pour compenser une attractivité insuffisante sur les salaires fixes tout en n’introduisant pas de distorsion significative dans leur politique, ce qui serait évidemment source d’iniquité et donc de problèmes.

Si le principe de la golden hello en lui-même n’est pas critiquable, plusieurs remarques peuvent être formulées.

La première c’est qu’une golden hello pour compenser la perte d’un avantage qu’on aurait touché en ne partant pas de là où l’on était, c’est une solution concrète qui n’introduit pas de difficulté particulière.

Si ce n’est peut-être un point. Si l’on en fait trop publicité, cela peut créer des jalousies ou un sentiment d’injustice chez celles et ceux qui n’en auraient pas bénéficié en leur temps alors qu’ils ou elles étaient dans une situation comparable. Mais c’est la vie.

Cela peut surtout susciter des interprétations abusives et erronées. Autant donc que cela soit soumis à confidentialité. Mais si la perte était réelle, ça se plaide !

Même chose quand il s’agit d’un cadeau pour attirer si l’on veille à ne pas en faire publicité. On peut en effet comprendre la force de la loi de l’offre et de la demande. Mais cela invite quand même à une réflexion : si c’est cela qui déclenche l’acceptation du candidat, c’est quand même un indicateur…

Cela ne signifie pas nécessairement que la personne soit un mercenaire chasseur de primes, mais il faut bien veiller dans ce cas à ce que le fond des raisons qui la conduisent à accepter l’offre qui lui est faite sont par ailleurs solides…

Sinon on s’expose à moyen ou long terme à des surprises…

Mais le cas plus complexe c’est celui de la compensation d’une politique insuffisamment attractive sur les fixes. Cela a un effet de compensation immédiate, certes, mais c’est un fusil à un coup et de courte portée.

Cela ne réglera pas, en effet, la question du décalage avec le marché dans la durée, qui reviendra sur le tapis à un moment ou à un autre.

Cela doit donc inviter l’entreprise à réfléchir à d’autres leviers de compétitivité, d’abord sur un plan purement financier en inscrivant sa réflexion dans une logique de rémunération globale, donc en tenant compte de tout ce qui a une valeur pour le candidat.

Mais également sur tout le reste, qui n’est pas d’ordre financier. La liste est longue et les trésors de la motivation intrinsèque sont presque infinis ! La fidélisation se jouera certainement bien plus sur ces facteurs-là que sur la prime d’arrivée !

En résumé, une golden hello peut être un instrument utile pour compenser la perte qu’aurait un candidat en acceptant une offre. En revanche, si elle ne sert qu’à attirer ou à compenser d’autres insuffisances, elle risque bien d’avoir un effet de court terme et donc ressembler à un coup d’épée dans l’eau. A manier donc avec précaution.

J’ai bon chef ?

Oui tu as bon mais on ne va pas en faire toute une histoire.