Mais pourquoi aller en formation ?
Dans cet épisode nous allons nous demander pourquoi aller en formation.
Ah ces sacrosaints deux jours de présentiel, où pendant des plombes tu écoutes un formateur hors-sol et lénifiant qui t’explique la vie sur un ton aussi descendant que celui d’un sous-préfet et qui te donne autant envie qu’un petit suisse périmé.
Alors on y va à reculons… Les expériences passées nous ont vaccinés. Pas envie d’y retourner. Pourtant, celle-ci est obligatoire, et celle-là tu as bien compris qu’il ne serait pas de bon ton d’y échapper. Question d’image.
Donc tu y vas en traînant des savates, en tirant une tronche de quatre pieds de long et à peine arrivé, tu allumes ton ordinateur portable, tu participes le moins possible, et te mets au fond de la classe près du radiateur en attendant la pause pour profiter des pains au chocolat gratos…
Chocolatine, tu veux dire… Bref. On se demande ce que tu fous-là. Mais pourquoi donc aller en formation, c’est quoi l’histoire ?
A voir le comportement de certains stagiaires, on se demande bien en effet ce qu’ils font en formation. Comment peut-on mieux perdre son temps que d’être là sans y être !
Et en même temps, comment leur jeter la pierre… A voir certains formateurs, on se demande bien en effet ce qu’ils font là eux aussi… Ou à voir certaines formations, on se demande bien comment en effet elles pourraient bien susciter un intérêt chez les stagiaires.
Bref, offre et demande ne sont pas toujours bien alignées. C’est sûr qu’il y a parfois des erreurs de castings, surtout avec les programmes que tu rends obligatoires, pour les nouveaux par exemple, même s’ils sont déjà expérimentés.
Et que dire de ces formations où, pour je ne sais quels motifs, on veut impérativement des outils, des méthodes et des trucs faciles, en oubliant que c’est l’intelligence des gens qui en fait l’utilité.
Peut-être aussi qu’à force de rechercher la satisfaction des stagiaires on tombe dans une sauce mièvre en oubliant qu’apprendre demande des efforts qui plaisent rarement aux intéressés qui ne le sont justement pas. Mais là au fond n’est pas la question.
La question c’est celle de ta posture en tant que stagiaire. Que tu sois obligé ou pas de venir, que tu l’aies demandé ou pas, que tu en aies envie ou pas, bah tu es là. La question est simple : et maintenant tu en fais quoi ?
Parce qu’en effet, à quoi cela peut-il donc servir de ne pas participer, de se tenir à l’écart de la formation. Tu es en formation, intéresse-toi au thème, participe, apporte ton expérience aux autres.
Le thème ne t’intéresse pas ? Rends-le intéressant. Ouvre-toi à ce que tu ne connais pas. Le formateur est nul ? Aide-le, il s’améliorera peut-être et surtout, ça passera plus vite.
La question qui se pose est en effet simple : comment mettre ce moment à profit du mieux qu’on peut. Et ce n’est certainement pas en étant planqué derrière ses e-mails ou à surfer sur les réseaux sociaux.
La richesse d’une formation, qu’elle soit à distance ou en présentiel, c’est aussi les autres. Donc toi. C’est un moment d’échanges et de partage. Pas pour papoter et se raconter sa vie, mais pour tirer des enseignements des expériences des autres.
Le mot est dit, des enseignements. Tu viens en formation, contraint ou librement, pour apprendre, pour comprendre, pour tirer des enseignements de ce qu’on t’apporte. En d’autres termes, pour progresser.
Tu me diras que dans certains cas, tu n’apprends rien. En première lecture, parfois c’est vrai. Quand tu as un formateur qui s’arc-boute sur sa matrice à 4 cases comme une méthode miracle et que cela fait 20 fois qu’on te la fourgue… Comment dire ?
Mais même dans ces formations qui n’en sont pas, où l’on confond outil et intelligence, où l’on croit qu’il suffit de dire pour être entendu, où l’on n’a que du pain sec à se mettre sous la dent, il y a quelque chose à prendre, à apprendre, à comprendre, à entreprendre.
En jouant le jeu, avec les autres. Les autres participants sont alors la source de cette richesse. Donc prends ta part toi aussi. Ce n’est pas un jeu à somme nulle. Chacun s’enrichit de l’autre.
Combien de fois les participants disent qu’ils veulent du participatif. Peut-être les réminiscences de vieux professeurs chiants au ton descendant quand ce n’est pas condescendant.
Pourtant tu leur donnes la parole. Plus rien. Silence radio, on regarde ses pompes et on entend les mouches voler. Le participant qui voulait du participatif mais qui ne participe pas. Ce n’est pas un participant mais plutôt un participe passé, parti même.
J’ai en tête cette terrible phrase de Robert Bidochon, dans la BD de Binet, à propos de Raymonde Bidochon : « Raymonde, c’est comme une enclume ! Là où elle est posée, là elle reste ! »
Un participant ça participe, présent, même imparfait. Pour gagner, il faut d’abord jouer les amis. Et même dans une formation au thème et au ton rébarbatifs, il y a la place ! Il y a toujours la place pour rendre intéressant et utile ce à quoi on participe.
Même si l’on est en droit d’attendre que le formateur en crée les conditions. Mais ça c’est la qualité de l’offre et son exigence, et c’est un autre sujet.
En résumé, ce qu’on tire d’une formation en tant que participant, qu’elle soit imposée ou non, qu’elle soit intéressante ou pas, dépend aussi de ce qu’on y met en tant que participant. Alors autant participer.
J’ai bon chef ?
Oui tu as bon mais on ne va pas en faire toute une histoire.