ChatGPT pour faire un devoir universitaire ?

Dans cet épisode, nous allons nous demander si c’est une bonne idée d’avoir recours à une intelligence artificielle comme ChatGPT pour faire un devoir universitaire.

Ahaha il est trop bête mon prof de master 2, il m’a demandé une dissertation à lui remettre par email. Sur la techno, ils sont toujours en retard d’un train ceux-là. Il est resté à la machine à vapeur ! Un petit coup de chatGPT et hop ma dissert’ elle est faite.

C’est toi qui as un train de retard tête d’œuf Chat GPT c’est du passé ! C’est mieux d’utiliser Perplexity.ai car il te cite les références qu’il utilise… pour un devoir universitaire c’est mieux !

Bref, comme disait Georges Courteline : « faire le malin est le propre de tout imbécile »… Mais alors, c’est une bonne idée ou pas ? ChatGPT pour faire un devoir universitaire… C’est quoi l’histoire ?

La fascination que la technologie peut exercer sur les gens est… fascinante. Combien de fois conduit-elle à entretenir une confusion entre information, connaissance et intelligence. La tête bien pleine et la tête bien faite, on n’est pas sorti des ronces et Montaigne se retourne dans sa tombe.

Une fois qu’on a dit cela, les résultats que les robots conversationnels du type ChatGPT peuvent te fournir sont bluffants. Aucun doute là-dessus et on en est qu’au début, ils continueront évidemment de s’améliorer et donc à nous fasciner encore plus.

ChatGPT sait en effet rédiger en langage naturel et entretenir un échange, cela ne fait aucun doute et cela peut faire illusion. Comme si tu étais dans un diner en ville et qu’on te soufflait à l’oreille une réponse rapide sur un thème que tu ne connais pas bien…

Mais avant que tu te lances aveuglément là-dessus et que tu te prennes un retour de bâton pas cool, il y a là quand même quelques remarques à formuler.

La première c’est sur la pertinence de la réponse. L’IA concatène des informations prises sur le web et t’en présente la synthèse en langage naturel. Là tu dois faire confiance. Tu ne sais pas quel degré de pertinence ou de vérité accorder à chaque information puisque tu ne sais pas d’où cela sort.

Au moins, lorsque tu as les sources comme dans Perplexity.ai tu peux le vérifier. Tu as donc un outil qui t’a aidé à rédiger. Pourquoi pas. Mais cela ne t’affranchit aucunement d’apprécier la pertinence des informations qu’il a utilisées.

Tiens, j’ai fait le test avec Perplexity.ai sur la question suivante : « En quoi un SIRH peut-il contribuer à la stratégie RH de l’entreprise ? »… Je ne parle pas de la réponse qui est très pauvre en soi car ce n’est pas une argumentation véritable. Mais soit ! Regardons en revanche les sources qu’il utilise.

En l’occurrence, des articles de sociétés de services ou de conseil en la matière dont une très affiliée à un éditeur du marché, des sources issues de sociétés qui vendent des logiciels RH et quelques sources de type articles de presse…

Des sources tout ce qu’il y a d’objectives !! Mets-toi dans la perspective d’un travail qu’on te demande par exemple en master 2… Cela exige peut-être des sources et des références un peu plus fiables ou alors tu n’as pas compris grand-chose à l’exercice…

On dirait le praticien en entreprise qui fait référence à une étude d’une société qui a justement quelque chose à vendre sur le sujet… Un peu du genre « 50% des entreprises sont vulnérables sur le plan de la sécurité informatique »… dixit la société de sécurité informatique qui ne cite pas ses sources.

Ou le cabinet de conseil qui affirme que X% des DRH pensent que… alors qu’il a à peine 30 questionnaires, dont quelques-uns remplis par les potes RH du stagiaire qui a relancé les répondants… No comment.

La deuxième remarque, c’est le degré de réflexion de la réponse. Je me souviens avoir vu le post d’un prof en master RH qui avait demandé à ChatGPT de lister les questions qu’il est important de se poser en matière de rémunération. Or, ce qui était frappant c’est que toutes les questions relevaient du comment.

Aucune sur le pourquoi… Or, précisément c’est cela enseigner. Que celles et ceux avec qui tu traites un sujet acquièrent certes des connaissances, notamment au regard du métier qu’ils visent, mais développent aussi un esprit critique, un peu de discernement, de hauteur de vue, de distance.

C’est même pour cela qu’on demande parfois un travail de réflexion, comme un mémoire par exemple ou en l’occurrence une dissertation. Même si l’on ne s’inscrit pas nécessairement dans une démarche de recherche académique, juste faire l’effort d’une réflexion.

En d’autres termes, ce n’est pas juste restituer connement 3 ou 4 connaissances que tu aurais plus ou moins bien assimilées. C’est au contraire utiliser cette matière pour mener une réflexion qu’on te demande d’exposer à l’aide d’un raisonnement.

Or, un raisonnement cela va évidemment un peu plus loin que la liste d’énumération genre avantages inconvénients façon oui non peut-être ! Thèse, antithèse, foutaise. L’exercice qu’on te demande c’est une réflexion avec une argumentation.

On attend donc un minimum d’hygiène de raisonnement, pas la sophistication de chaque argument, mais les liens entre les choses, le recul sur ces arguments, bref de l’intelligence, pas l’étalage d’une pseudo connaissance.

La troisième remarque relève d’autre chose. D’une question simple : pourquoi tu fais des études ? Tu passes juste de péage en péage pour obtenir un diplôme, une sorte de ticket d’entrée ? ou tu cherches à apprendre quelque chose ? À te développer ?

Là honnêtement si tu n’as pas compris le but de ce que tu fais c’est ton problème… On t’invite à méditer ces quelques mots de Gustave Le Bon : « une éducation capable d’accroître le jugement et la volonté est parfaite, quelles que soient les choses enseignées. Avec ces seules qualités, l’homme sait orienter sa destinée. Mieux vaut comprendre qu’apprendre. »

En résumé, utiliser une IA comme chatGPT ou Perplexity comme n’importe quelle autre source d’information pour se faire un avis, se documenter et utiliser cette matière pour formuler une analyse avec discernement, c’est faire preuve d’intelligence. L’utiliser pour rédiger et se débarrasser de l’effort de réflexion qui te fait progresser, c’est l’inverse.

J’ai bon chef ?

Oui tu as bon mais on ne va pas en faire toute une histoire.