La culture de la pédagogie en entreprise

Dans cet épisode, nous allons chercher les clés pour développer une culture de la pédagogie.

Dans cet épisode, nous allons chercher les clés pour développer une culture de la pédagogie.

Bon ça va. Expliquer c’est du temps et le temps c’est de l’argent. Donc pas de temps à perdre à expliquer. Nous ici on décide et on agit, vite fait bien fait. Il n’y a pas à tortiller. Point barre pas le temps de faire le point, tout le monde à la barre.

Certes, ça peut se comprendre en temps de crise quand l’urgence prime sur tout parce qu’on n’a pas le choix. Mais si cette posture est une habitude, on fonce oui mais plutôt dans le mur. Pour être efficace, c’est-à-dire prendre les bonnes décisions, encore faut-il comprendre !

Et c’est dans les liens que se trouvent les clés … mais encore faut-il qu’on nous donne les moyens de les comprendre. D’où la nécessaire pédagogie ! Et c’est avant tout une affaire de culture, alors la culture de la pédagogie, c’est quoi l’histoire ?

Avant de commencer, rappelons que la pédagogie est l’affaire de tous ! La direction de l’entreprise, la fonction RH mais aussi le manager d’une équipe ou le chef de projet !

Et même chaque collaborateur ou contributeur ! Expliquer ce que l’on fait, pourquoi on le fait, prendre le temps de partager son savoir, ses convictions et les impacts de son activité sur le reste de l’entreprise est clé pour fluidifier la coopération entre tous les membres d’une équipe ou d’un projet.

Cela suppose donc de ne pas s’arrêter à la construction du projet ou à la réalisation de tâches, mais bien de porter le sens en donnant les moyens à chacun×e de le comprendre. Et cet exercice, aussi complet que complexe, vient parfois chambouler notre culture, notre manière de faire et surtout nos habitudes bien ancrées.

Si la liste de ce qu’il faut réunir pour créer les conditions favorables à une culture de la pédagogie est certainement longue, on va souligner 4 points qui nous paraissent incontournables.

D’abord, la transparence. Pour comprendre il faut d’abord apprendre. Et pour apprendre, il faut au moins être informé.

Bah c’est évident non ?

Pas tant que cela en vérité dans des entreprises où l’on n’aime pas le risque, habituées au contrôle, aux cloisons étanches et parfois à la langue de bois du politiquement correct.

La transparence c’est avant tout oser s’ouvrir, aux choses, à ce qui peut déranger, à l’Autre, parfois dire qu’on ne sait pas, qu’on va y réfléchir et qu’on reviendra plus tard avec une réponse construite… Et revenir plus tard avec cette réponse, si non bien sûr ce n’était pas de la transparence mais un mensonge !

En un mot, il s’agit de faire un pari : celui de l’intelligence des gens !

Le deuxième thème que vient bousculer la culture de la pédagogie c’est la nécessité d’adopter une vision d’ensemble. A force d’avoir les yeux rivés sur le chemin, ses bosses et ses crevasses plutôt que sur l’horizon et la destination, on oublie vite de resituer notre voyage dans le paysage.

Et alors, on perd le fil de l’histoire ! Or faire la pédagogie du projet, c’est, sans raconter d’histoire, mettre en lumière les liens entre ce projet et les personnes à qui on s’adresse : comment il impacte leur activité, qu’est-ce qu’ils ont à y gagner, qu’est-ce qui est attendu d’eux…

Et répondre à ces questions, suppose de prendre du recul… À force de travailler sur le projet depuis sa création à son déploiement, nous noyons parfois notre discours dans des détails, là où il s’agirait plutôt de raconter l’histoire du projet de manière claire, structurée et synthétique.

Le troisième thème lorsqu’on veut faire preuve de pédagogie, c’est l’empathie ! S’il ne s’agit pas de se mettre à la place de l’Autre, il s’agit néanmoins de s’intéresser réellement à l’Autre si nous voulons l’embarquer dans cette aventure collective.

Identifier son positionnement, son niveau de connaissance actuel et prendre le temps de réexpliquer pour remettre en perspective et établir les liens. Le point de départ n’est plus le projet ou la stratégie, mais bien la personne à qui on s’adresse.

Collaborateur, manager et autres parties prenantes deviennent des acteurs incontournables de l’histoire que l’on souhaite raconter ensemble. Cela suppose une réelle empathie et une adaptation du discours à chaque interlocuteur.

En gros, le top down qui raconte la même histoire à tous avec les mêmes mots sans endosser la paire de lunettes de ceux à qui on s’adresse, ça marche pas bien !

Et bien sûr, un élément à ne jamais négliger : le temps ! Le temps dont nous disposons constitue à lui seul une difficulté incontournable. Entre la rapidité de la vie des affaires, dans un monde de plus en plus contraignant, et le temps long des affaires humaines nous devons trouver le bon équilibre.

Ne négligeons jamais ce paramètre : une communication peu soignée – sans parler de la bâcler – risque de réduire à néant tous les efforts menés pour rendre le projet possible. Un temps est nécessaire pour la pédagogie du projet et l’appropriation par les parties prenantes,

Si on le zappe comme on change de chaîne avant la fin du programme télévisé, ne soyons pas surpris que nos collaborateurs loupent un épisode et ne comprennent plus rien à la suite de la série.

En résumé, pour embarquer les collaborateurs dans une aventure, ils doivent en saisir le sens et celui-ci doit donc être explicité. Cette exigence de pédagogie est l’affaire de tous et demande au moins de travailler sur 4 sujets : la transparence, la vision d’ensemble, l’empathie et le facteur temps.

J’ai bon chef ?

Oui tu as bon mais on ne va pas en faire toute une histoire