L’intelligence collective, un défi humain
Dans cet épisode nous allons vous parler d’intelligence collective.
Dans cet épisode nous allons vous parler d’intelligence collective.
L’intelligence collective ? Il suffit de se mettre autour d’une table et de faire un brainstorming avec des post-it de couleurs accrochés au mur et le tour est joué non ? Pas besoin d’en faire toute une histoire ! Bon à condition que les gens autour de la table soient intelligents… ou qu’ils·elles parlent forts… ou que ce soit animé par un consultant 5.0…
Mouais… l’intelligence collective ce n’est pas si évident ! Et pourtant c’est au cœur des sujets de transformation des entreprises… et des discours de marchands en tout genre ! La question de la transformation parce qu’elle est constante revient finalement à un débat de longue date : la capacité d’une organisation à s’adapter à son écosystème. Et pour s’adapter il faut faire preuve d’intelligence. Alors, l’intelligence collective, c’est quoi l’histoire ?
La recherche de l’intelligence collective ne date pas d’aujourd’hui. Une grande majorité des modes managériales depuis de nombreuses années était porteuse de la même ambition. C’est d’ailleurs ce que nous révèlent l’analyse des modes managériales comme les organisations apprenantes, le Knowledge management etc mais c’est un autre sujet.
D’ailleurs, en ce sens, le digital avec notamment son progrès et sa démocratisation a souvent été perçu comme des outils permettant de développer le savoir et donc implicitement l’intelligence. Pourtant, ce n’est pas l’outil qui fait l’intelligence, mais là encore, c’est un autre sujet.
Lorsque l’on parle d’intelligence collective, on parle de collectif. Etre intelligent ensemble. Et cela implique tous les acteurs de l’entreprise : les salarié·es, celles et ceux qui mènent la transformation, la direction de l’entreprise, mais aussi la main-d’œuvre externe… En d’autres termes : tous·tes celles et ceux qui sont amené·es à travailler ensemble, à faire œuvre ensemble.
Ah tiens, c’est la définition même de coopération : « faire œuvre ensemble » En fait, ce que tu nous dis c’est que faire preuve d’intelligence collective revient à travailler ensemble, « en bonne intelligence », dans la perspective d’une œuvre commune, un bien commun.
Oui et pas l’inverse ! On entend trop souvent la coopération mise à toutes les sauces. Celui qui vous conseille de « favoriser l’intelligence collective en coopérant davantage », prends le problème à l’envers. La coopération n’est pas une solution en soi, c’est justement le problème que l’on cherche à résoudre ! La coopération c’est le socle d’une démarche de transformation.
Donc, l’intelligence collective est une affaire de collectif. On aurait pu s’en douter ! Il reste cependant un autre mot dans « intelligence collective » sur lequel il faut se pencher.
Tu as raison, et ce n’est pas le plus simple ! Intelligence.
Il faut se garder de croire qu’il y aurait un ensemble de qualités qu’il suffirait de réunir pour que l’intelligence collective devienne une réalité observable susceptible de transformer le réel.
Il ne suffit pas de cocher les cases d’un référentiel de compétences interminable pour se targuer d’avoir tous les ingrédients
En revanche, se passer complètement de la notion de compétence lorsque l’on essaie de définir l’intelligence ne fait pas sens non plus. Une des premières étapes de l’intelligence collective c’est d’abord la maîtrise à l’échelle individuelle des compétences nécessaires à son propre rôle, à son propre métier.
Mais aussi la capacité à comprendre le rôle et le métier des autres acteurs avec qui nous voulons être intelligents ! Cela demande une culture minimale de son environnement et une certaine ouverture à l’autre.
Ensuite, il faut que chacun soit capable de faire preuve d’esprit critique c’est-à-dire de capacité d’analyse, de prise de recul et de questionnement des situations dans leur ensemble et dans leurs interconnexions.
Tout à fait. C’est la base. Mais ça ne suffit pas. Ici nous avons décrit seulement des qualités individuelles : les compétences pour exercer son métier, une culture minimale et un esprit critique. Mais on l’a dit l’intelligence collective est … collective.
Et cette deuxième partie n’est pas une mince affaire. L’intelligence collective réside dans les synergies que l’on crée au sein du collectif donc dans les échanges, l’écoute des avis de chacun, a fortiori lorsqu’ils sont divergents.
Favoriser l’intelligence collective nécessite à minima de travailler sur le socle de toutes les relations interpersonnelles : la confiance.
Et son corolaire, la transparence : Il n’est pas possible de faire preuve d’intelligence si on ne dispose pas de toutes les informations sur une situation et donc si on ne veut pas les partager. Un groupe d’individu qui serait englué dans les jeux de pouvoir où chacun se fait le protecteur de son propre périmètre et agit dans son intérêt particulier ne pourrait générer de l’intelligence collective.
Ce qui nous amène à la perspective dans laquelle cette intelligence collective doit s’exercer : celle du bien commun.
Une dernière chose sur l’intelligence collective, ça peut paraitre une évidence mais c’est bien de le rappeler. Les échanges seront d’autant plus riches que les personnes qui composent le collectif seront diverses (en termes d’opinion, de manière de voir le monde, de façon de penser, de culture…). C’est donc un appel à favoriser les diversités mais c’est un autre sujet.
En résumé, l’intelligence collective est in fine un défi d’ordre humain. Cela réside évidemment dans les compétences des individus qui composent le collectif mais aussi dans leur capacité à se faire confiance et à partager l’information, et ce dans l’intérêt du bien commun. Pour être intelligent ensemble il ne suffit pas de le pouvoir encore faut-il le vouloir.
J’ai bon chef ?
Oui tu as bon mais on ne va pas en faire toute une histoire.