Management fonctionnel et management hiérarchique

Dans cet épisode nous allons parler des différences entre le management fonctionnel et le management hiérarchique.

Alors moi les différences sémantiques où on coupe les cheveux en 4 et les poils en 8 autant te dire que ça ne marche pas avec moi. Manager c’est manager et ce n’est pas compliqué. Je donne des ordres, tu les respectes. Point barre.

Merci pour ta contribution utile, on sent qu’à toi seul tu vas faire progresser l’humanité. Mais peut-être que le sujet du management est plus complexe que cela.

Je veux bien, mais deux ou trois méthodes et quelques outils, façon matrice à 4 cases et le tour est joué. Crois en ma longue expérience c’est une affaire de technique.

Détrompe-toi les techniques ne suffisent pas, loin s’en faut, c’est d’abord un art dont il s’agit. Donc tout repose sur l’artiste.

Seulement voilà, à force de modes managériales, de théories hors sol en concepts fumeux, tout le monde finit par perdre son latin. Notamment entre des formes de management qui sont proches mais pas identiques.

Alors, management fonctionnel et management hiérarchique, c’est quoi l’histoire ?

Commençons par préciser ce dont on parle. Le management ça ne se réduit pas à l’animation d’équipe qu’on a réduit à son expression simpliste des animations façon GO du Club Méd.

Tiens, j’en profite pour faire une parenthèse. « Animer » au sens propre cela veut dire donner une âme. Juste pour donner du grain à moudre à celles et ceux qui ne jurent que par les after works et autres baby-foot.

Manager c’est quoi ? C’est conduire un collectif vers un résultat souhaité. On va partir de cette définition simple.

Or, cela vaut autant qu’on soit en management hiérarchique que fonctionnel. Dans les deux cas, celui ou celle qui endosse le rôle a cette même responsabilité.

Une même responsabilité et beaucoup de similitudes. Reprenons les principaux éléments de la manière la plus simple qui soit.

Etape 1 tous les protagonistes de l’affaire doivent savoir et comprendre quel est ce résultat souhaité sur un plan collectif.

Il s’agit certainement de la même affaire de pédagogie constante : où on va, pourquoi on y va, comment on y va. Jusque-là il n’y a pas vraiment de différence.

Etape 2, il faut ensuite une organisation de l’activité et des tâches. Dit autrement, un processus, une organisation du travail, pour réaliser ce qu’on doit réaliser collectivement.

Donc des rôles attribués à différentes personnes qui y contribuent. La clarification des rôles, et la compréhension de ce que cela signifie, c’est donc essentiel. En management hiérarchique c’est une délégation.

D’un côté le manager qui est le délégant, de l’autre le collaborateur qui est délégataire. Entre les deux ? Au fond un accord sur un pouvoir partagé, une responsabilité confiée, des marges de manoeuvre, un cadre à l’intérieur duquel le délégataire s’auto-gouverne, bref une autonomie.

En management fonctionnel, ces rôles sont aussi gérés, on utilise souvent pour cela un RACI comme en gestion de projet.

Alors où est la différence si ce n’est que le cadre hiérarchique repose sur un lien de subordination qui, in fine, peut imposer ce qui est attendu là où on ne peut pas en management fonctionnel ?

Certes, mais en vérité, une délégation imposée, on sait que c’est le dernier recours car c’est plutôt voué à l’échec.

Etape 3, une fois tout ceci calé et compris, chacun doit disposer des moyens de réaliser sa mission et exercer son rôle. En substance, l’allocation de la ressource, ce qui se traduit de façon très concrète par des budgets.

Et même si les exercices ne prennent pas rigoureusement la même forme dans les deux cas, ils relèvent de la même nature. Piloter un budget et l’allocation des ressources et moyens qui en découlent.

On nous dira que parfois, certains managers de projet fonctionnel n’ont pas la main sur leur budget. Mais on posera la question aussi bêtement que cela : comment peux-tu piloter un projet sans piloter le budget qui lui est affecté même si tu ne l’as pas décidé ?

Etape 4 les compétences. Il faut s’assurer que les personnes sont dans les bons jobs certes et qu’elles disposent des compétences requises pour les exercer avec intelligence. Donc en gros des hard skills et des soft skills.

Des compétences métier et des compétences comportementales. C’est plus simple. Avec des prérogatives et une exigence de plus en management hiérarchique.

Admettons que dans les deux cas tu disposes de marges de manoeuvre pour les choisir. Même si on sait que c’est théorique. Mais en management hiérarchique a priori le bout de chemin va être plus long.

Donc le manager hiérarchique a une responsabilité sur le développement de ces compétences. Faire grandir son équipe. Pas en management fonctionnel puisque cela revient aux responsables hiérarchiques respectifs de ceux qui sont dans le projet.

Mais si tu es sur un grand projet, ton intérêt reste bien le même de faire progresser celles et ceux qui y participent. Ce n’est pas toi qui feras les entretiens de développement ou qui exprimera les besoins de formation, quoique…

Mais tu as des leviers et ce serait contre-productif de ne pas les actionner.

Au fond, là on a réuni les conditions de l’efficacité. Il ne manque que celles de la motivation. On connaît les grands registres de la motivation, on les a déjà évoqués. On simplifie : motivation extrinsèque, motivation intrinsèque.

Or, en l’espèce, cela devrait être pareil. Si on est normalement constitué les entretiens et autres processus RH sur le sujet devraient imposer au manager hiérarchique de celui qui est dans un projet de récupérer systématiquement le feed-back des managers fonctionnels.

Mais ce n’est pas toujours le cas. En théorie pas de différence donc mais dans les faits, le manager fonctionnel n’a ni la même responsabilité ni les mêmes leviers.

Il y a enfin ce qui ne relève pas du management de l’équipe mais du rôle du manager dans ses interactions avec les tiers, en dehors de l’équipe. Or, en l’espèce, la coopération espérée, au sens propre du terme, embarque les mêmes ingrédients.

De la pédagogie à 360 en permanence. Mais dans les faits on sait ce que sont les structures de gouvernance et les modes d’organisation dominants, et pour le coup, le management fonctionnel ne fait poids qu’en fonction de l’importance des projets mais c’est une autre histoire.

En résumé, management fonctionnel et hiérarchique sont quasi similaires en théorie si ce n’est que le hiérarchique dispose du dernier recours d’imposer sa vision par le biais du lien de subordination. En revanche, en pratique, certains aspects diffèrent clairement mais plutôt par imperfection des pratiques.

J’ai bon chef ?

Oui tu as bon mais on ne va pas en faire toute une histoire.