On ne pourra pas dire qu’on ne savait pas

Dans cet épisode, nous allons parler de la responsabilité de l’entreprise face à l’avenir face aux enjeux climatiques.

À chaque fois que je sors de chez moi, c’est terrible, il pleut. Je crois bien que c’est à cause de moi, je suis la cause de la pluie…

Mais non tu habites en Bretagne, tu sais, là où il ne pleut que sur les cons… selon le dicton. À l’opposé, d’autres, le nez dans le mur du virage qu’ils ont mal négocié, continuent de penser qu’ils n’y sont pour rien.

Si on a perdu, c’est à cause du vent et du terrain mouillé… Il en va ainsi depuis que l’être humain est… humain. Il y aura toujours des sceptiques et des naïfs, des menteurs et des crédules.

Mais quand même, il y a des sujets, où après avoir été brutalement exposés aux problèmes et ne pas avoir pris sa part légitime pour les résoudre, on ne pourra pas dire qu’on ne savait pas. C’est quoi l’histoire ?

On peut penser qu’il y a eu une prise de conscience collective, en France, de la réalité du réchauffement climatique avec les feux de forêts de 2022. Puis on a tous vus le brasier incontrôlable canadien en 2023. On prend alors conscience de l’intensité et de la vitesse du problème.

Qu’on avait sûrement sous-estimé. En l’occurrence, pour avoir une idée, au Canada c’est presque 30% de la surface de la France qui sont partis en fumée… l’image de l’enfer n’est plus si loin.

Ton expérience personnelle de la météo peut te laisser croire l’inverse. Peut-être. Ou pas. Mais comment encore contredire ce que les scientifiques avaient annoncés depuis bien longtemps ? Franchement ?

Les citoyens et les citoyennes, en France, le reconnaissent d’ailleurs. La grande majorité d’entre eux, 81% selon le baromètre 2023 de l’Ademe, est convaincue de la cause anthropique du réchauffement climatique. Bref, tout le monde a pigé, le problème c’est nous et notre mode de vie.

Et les citoyens s’engagent du mieux qu’ils peuvent pour les uns alors que d’autres attendent la contrainte, se disant après tout après moi le déluge autant se goinfrer sur la bête tant qu’elle n’est pas morte. La nature humaine est ainsi. La cigale et la fourmi ne sont jamais très loin.

Les entreprises, quant à elles, ne peuvent plus s’affranchir de leur responsabilité environnementale. D’abord parce que les dispositifs réglementaires ne cessent de les y contraindre.

C’est une certitude que l’arsenal en la matière va évidemment continuer à s’amplifier. De manière de plus en plus contraignante.

L’histoire de l’humanité montre néanmoins que la morale et la loi sont rarement suffisants pour infléchir les comportements. Tiens, pour te donner un exemple concret, en 2021, 65% des entreprises soumises au Bilan d’émissions de Gaz à Effet de Serre n’ont par exemple pas respecté leur obligation selon le rapport d’évaluation de l’Ademe.

Tiens d’ailleurs L’ADEME met à disposition les données issues de cette obligation en open data, comme cela si tu veux savoir si ton entreprise a honoré son obligation ou tout simplement pour connaître ses données, tu peux.

Mais si morale et contrainte légale ne suffisent pas, il y a un troisième argument. Il en va en effet désormais de l’intérêt même des entreprises, qu’il s’agisse de la disponibilité de ressources vitales pour leur activité à ce fameux engagement collectif qu’elles cherchent désormais à restaurer.

Oui, leurs parties prenantes y sont de plus en plus sensibles, des actionnaires aux salariés en passant par les consommateurs, même si sur ces derniers, c’est plus controversé car moins marqué.

Certains en font même parfois des critères d’arbitrage qui pourraient bien pénaliser significativement les entreprises encore peu convaincues de leur part de responsabilité à prendre sur le sujet.

C’est difficile, en effet, en pleine période de pénurie de main d’œuvre où l’on ne cesse de nous rappeler les fractures sociales et le manque d’engagement qui pénalise l’activité des entreprises, d’ignorer que 8 actifs sur 10 souhaitent un travail en accord avec le défi climatique.

Du moins c’est ce qu’affirment les personnes interrogées dans l’enquête « Le travail en transitions » 2023 de l’Unédic.

Autant dire que les entreprises qui ont compris ces enjeux et qui ont sincèrement et concrètement anticipé leur responsabilité face à l’avenir, sans la contourner, en font déjà un avantage distinctif.

Aux autres, on rappellera simplement la phrase du poète Britannique John Ruskin : « plaider l’ignorance n’enlèvera jamais notre responsabilité. »

L’entreprise contemporaine ne peut pas s’affranchir de la sienne. En ce sens, on ne peut pas réduire l’entreprise à la seule perspective d’un profit « quoi qu’il advienne ».

L’une des premières marches à franchir est inévitablement d’ordre culturel. Le dogme de la croissance, les renoncements, etc. Mais c’est un autre sujet.

En revanche, si c’est certainement la première marche, c’est peut-être aussi l’une des plus hautes et des plus longues.

Et pourtant, justement, nous n’avons pas le temps.

En résumé, l’entreprise ne peut pas ignorer la part de responsabilité qui est la sienne dans le défi climatique. Cette responsabilité face à l’avenir est d’ordre moral et légal, bien sûr, mais il en va aussi désormais de son propre intérêt.

J’ai bon chef ?

Oui tu as bon mais on ne va pas en faire toute une histoire