Être personnellement agile au travail

Dans cet épisode nous allons nous interroger sur ce que peut bien vouloir dire être agile sur un plan individuel dans son travail.

Dans cet épisode nous allons nous interroger sur ce que peut bien vouloir dire être agile sur un plan individuel dans son travail.

Ah l’agilité le mot valise que tout le monde a employé jusqu’à la crise de la covid puis après on nous a parlé de résilience, avec sa petite connotation « psy » post confinement, période propice aux introspections.

Et derrière ce mot, en vérité, on désigne finalement une exigence simple pour toute entreprise : s’adapter collectivement aussi rapidement et efficacement que possible à un champ de contraintes qui évolue, et parfois de façon rapide et brutale, comme dans les crises !

Mais cette fameuse agilité au sens de l’adaptation, sur un plan individuel, de quoi parlons-nous là ? Qu’est-ce que cela demande, d’être personnellement agile au travail ? C’est quoi l’histoire ?

On vient de dire que l’agilité c’était une forme de capacité d’adaptation constante à des situations qui changent de façon constante elles aussi. Il en va de même pour une personne : t’adapter au mieux, sans perdre le fil de la responsabilité de ton job, à la situation.

Situation qui est rarement conforme à ce que le travail prescrit t’indique : le réel n’est pas comme on le pensait, il y a des imprévus, des erreurs et des errances, des facteurs externes qui changent la donne, bref tout un tas de raisons qui obligent à t’adapter.

Au fond, c’est peut-être ce que l’on appelle l’autonomie. Un cadre dans lequel tu t’organises librement pour réaliser tes objectifs. L’idée d’agilité, au sens de l’adaptation qu’on souligne ici, va un peu plus loin.

Mais alors comment ça marche cette capacité d’adaptation personnelle, constante, que nous nommons ici agilité ? C’est un talent, un don particulier de souplesse d’esprit et d’action ? Ou bien une compétence qu’on peut essayer de travailler ?

Pour répondre à cette question, on va essayer de décomposer ce dont il s’agit. Explorer les comportements et attitudes que cela requiert.

D’abord pour s’adapter à quelque chose, il faut être conscient de ce quelque chose. Il faut le détecter et le comprendre. En un mot, comprendre le problème à résoudre. En fait, le début de l’agilité, c’est la lecture lucide des situations.

Et la lecture lucide d’une situation cela demande d’être conscient de ses propres biais cognitifs, des multiples influences et désinformations auxquelles on peut être exposé etc. Un maître mot en la matière : les faits, les faits rien que les faits ! Comme disait Aldous Huxley « les faits ne cessent pas d’exister parce qu’on les ignore ».

Une fois que tu comprends la situation, que tu as identifié le problème, il faut que tu t’y attaques. Il faut donc que tu oses sortir de ta zone de confort. Un peu d’audace que diable. Si le premier frein à l’agilité, c’est que l’on ne s’est pas rendu compte de ce qui avait changé, le deuxième frein, c’est qu’on n’ose pas faire ce qu’il faut une fois qu’on en a pris conscience.

Autocensure, paresse, regard des autres, routine, conformité… diable que les raisons sont nombreuses de ne pas avoir l’audace de commencer à chercher une solution. Un pas en avant, cela commence par cela !

Évidemment, oser ne suffit pas. Avoir de l’audace, c’est la garantie d’entreprendre, mais pas de savoir faire, encore moins de réussir. Il faut ensuite s’atteler à imaginer une solution.

Et il s’agit là d’une solution qu’on n’a pas apprise puisque justement on doit s’adapter à une situation inédite. Donc il faut faire preuve d’imagination pour trouver une solution originale. Ce n’est pas une question de génie créatif, mais bien de curiosité, d’ouverture aux pratiques des autres, de travail en commun.

Une séance de co-développement, un brainstorming, du design thinking, par exemple. Ce sont des moyens utiles pour inventer des idées nouvelles. Et l’enjeu ce n’est pas réinventer la roue à chaque fois, cela peut être aussi adopter une solution de contournement parce que cela suffit pour être efficient dans le cas présent.

Ce qui veut dire que cela repose aussi sur ta capacité, non pas à copier ce que les autres font mais à t’en inspirer, à regarder dans d’autres domaines que le tien si des solutions n’existent pas déjà, mettre ton nez dehors etc.

Cela veut dire en fait questionner constamment ce que l’on fait pour l’améliorer. Etre agile c’est aussi s’inscrire dans cette démarche de progrès constant, toujours faire mieux, en osant imaginer des solutions alternatives ou nouvelles.

Et pour cela encore faut-il adopter une posture qui n’est pas si naturelle que cela : se remettre en cause sans cesse. J’ai un problème, j’imagine une solution, ok mais j’en mesure objectivement les résultats et je n’hésite pas à me remettre en cause s’ils ne sont pas au rendez-vous.

C’est d’ailleurs là qu’on mesure à quel point il est illusoire de croire que l’agilité individuelle – et collective aussi d’ailleurs – pourra s’exprimer s’il n’y a pas un terreau préalable de confiance, avec le manager, dans l’équipe et plus globalement au sein de l’entreprise.

Accepter de reconnaître, objectivement, que ce que l’on a fait n’est pas au rendez-vous c’est évidemment s’exposer. Combien préfèrent en effet planquer les miettes sous le tapis plutôt que faire réellement cet examen critique, quand l’ambiance est à la sanction plus qu’au droit à l’erreur ?

En effet, l’agilité individuelle des personnes ne relève pas que de leur compétence et de leur volonté mais également du collectif et de sa capacité à créer un terreau favorable, sur un plan institutionnel, managérial et tout simplement humain.

L’agilité parfois c’est simplement de la bonne volonté et du bon sens, celui qui est guidé par la réalité des situations. Cela ne suffit pas toujours, loin s’en faut, mais c’est parfois le point de départ.

Et ce départ se heurte parfois à la réalité des êtres humains en groupe, avec leurs jalousies, leurs faiblesses, leurs joies et leurs peines, leurs petites mesquineries… En un mot le facteur humain.

Dit autrement, mon agilité personnelle au travail ne dépend pas que de moi ! Même si je dispose de clés de lecture pour essayer de m’améliorer !

En résumé, être personnellement agile au travail c’est savoir s’adapter efficacement aux situations. Cela passe par 4 phases : 1. Lire les faits tels qu’ils sont pour identifier les problèmes à résoudre 2. Oser, c’est-à-dire s’autoriser à y remédier 3. Imaginer des solutions alternatives ou nouvelles pour les résoudre et 4. Accepter de se remettre en cause quand elles ne fonctionnent pas.

J’ai bon chef ?

Oui tu as bon mais on ne va pas en faire toute une histoire