Le véritable optimiste ne voit pas la vie en rose !

Dans cet épisode nous allons nous interroger sur ce que signifie « être optimiste » !

Dans cet épisode nous allons nous interroger sur ce que signifie « être optimiste » !

Ah diable cette injonction au sourire permanent ! Cette pression implicite de celles et ceux qui nous poussent à répondre « ça va ! » même quand ça ne va pas, et pour de bonnes raisons parfois ! Et toutes celles et ceux qui nous martèlent à force de méthode Coué les bienfaits de la « pensée positive », comme s’il suffisait de repeindre la merde en rose pour qu’elle ne pue pas !

Pourtant c’est bien d’être positif non ? On pourrait croire que la « positive attitude » aide à s’engager, à se motiver, à prendre le dessus sur les idées noires ! Un peu comme les prophéties auto-réalisatrices ! Alors, oui être optimiste et voir le verre à moitié plein, c’est positif… ou pas ! Etre optimiste ca résout les problèmes ? et si oui cela, veut dire quoi ? Etre optimiste, c’est quoi l’histoire ?

Ah le vieux tube des années 2000 de Lorie, la « positive attitude »[1] que le 1er ministre de l’époque Jean-Pierre Raffarin avec ses fameuses « raffarinades » avait repris à son compte[2], ce qui avait évidemment inspiré aussi les guignols de l’info [3]. C’est presque suffisant pour sentir toute la possible dimension démagogique du recours à l’émotion positive…

C’est en effet une… vieille histoire. Mais reconnaissons que l’adage est trompeur. Voire le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide, voir la vie en rose … Même le Larousse pourrait être trompeur si on le lit trop vite, en définissant l’optimisme comme je cite « une disposition qui porte à tout voir sous un jour favorable, … ». Mais il faut, comme toujours, lire plus loin quand le même Larousse ajoute, je cite, qu’il s’agit « d’adopter une attitude confiante vis-à-vis des évènements »

La nuance n’est en effet pas anodine et devrait nous inviter à considérer que la représentation du verre à moitié plein quand il est vide n’est pas forcément la bonne. On dirait la réplique culte de Kassowitz dans La Haine « jusqu’ici tout va bien ».

Et d’ajouter « l’important ce n’est pas la chute mais l’atterrissage ». Et en l’occurrence, l’atterrissage, c’est les faits, la situation telle qu’elle est et pas une représentation que l’on s’en fait, exagérément positive ou négative. La regarder telle qu’elle est, même si elle doit nous déplaire.

« Le réel c’est quand on se cogne » disait Lacan. C’est précisément parce qu’il faut le regarder en face, être lucide, comme tu dis, que, parfois, le pessimisme est de rigueur, à défaut d’être d’humeur comme disait Alain. La lucidité est clé, encourager l’action qui s’en suit avec optimisme aussi. Ne pas se mentir puis embarquer.

« Et l’optimisme de volonté » poursuivait-il. C’est bien là tout le sujet. Se bercer d’illusions sur la situation que l’on observe ou la regarder telle qu’elle est mais, et c’est ce « mais » qui fait toute la différence, ne pas baisser les bras.

Le « Mais » de celles et ceux qui tentent de faire bouger les lignes, de celles et ceux, qui face à une situation donnée, choisissent les voies de l’action pour la changer.

C’est vrai qu’à entretenir une vision positive des choses, en s’appuyant sur cette version un peu « facile » de l’optimisme on peut parfois contribuer à faciliter la vie des gens bien sûr. C’est vrai aussi que se concentrer sur les choses positives a du bon et constitue aussi un moteur.

Oui ce que l’on pointe du doigt chez une personne a plus de chances de se développer que ce que l’on ignore. Encourager, féliciter, souligner ce qui est bien est sans aucun doute bien plus efficace que de systématiquement châtier en pointant ce qui ne va pas.

Mais cette attitude d’encouragement, dont on sait les bénéfices si on est lucide, ne doit pas avoir pour conséquence de masquer la réalité aux autres et de les maintenir dans un état de béatitude qui pour le coup serait contre-productif d’une part et source de désillusions difficiles d’autre part.

C’est ce qui fait dire à Georges Bernanos dans « la liberté pour quoi faire » que « L’optimisme est une fausse espérance à l’usage des lâches et des imbéciles. » … Encourager ce que les gens font de bien mais ne pas les berner, ne pas leur mentir.

En d’autres termes, éviter ce qu’on pourrait qualifier d’optimisme béat, déconnecté du réel et hors sol ! Ce qui n’empêche pas de dédramatiser les situations tout en restant conscient de ce qu’elles sont.

Ce qu’on pourrait appeler une sorte de flegme britannique qui consiste à édulcorer la réalité détestable dont on est pleinement conscient parce que cet humour agit comme un exutoire qui permet de supporter bien des situations… l’humour du désespoir parfois même

Alors in fine être optimiste, pour que cela soit efficace, ne consiste pas à travestir le réel et à le dissimuler derrière un voile trompeur. C’est d’abord regarder le verre tel qu’il est.

L’optimisme n’est que le regard que l’on porte sur l’avenir, la confiance qu’on place en lui, et non pas l’interprétation que l’on fait de la situation actuelle. Etre optimiste en l’espèce, c’est donc s’engager ! Regarder le verre et surtout tout faire pour le remplir s’il est vide.

En résumé, être optimiste, ce n’est pas travestir la réalité pour la rendre plus belle qu’elle est mais bien la regarder en face, avec lucidité, et être convaincu qu’on peut la transformer en s’y attelant. En un mot entreprendre.

J’ai bon chef ?

Oui tu as bon mais on ne va pas en faire toute une histoire

[1] https://youtu.be/gb4yPEMh24E

[2] https://www.nouvelobs.com/politique/20050120.OBS6748/quand-raffarin-s-inspire-de-lorie.html

[3] https://youtu.be/1xC8cESF8NQ