Les agendas cachés
Dans cet épisode, nous allons tenter de lire entre les lignes, notamment celles qui nous dirigent, nous orientent ou nous conditionnent.
Mais qu’est-ce qui se trame donc derrière tout ça ? On les voit venir les adeptes de la théorie du complot, ceux qui voient le mal partout, même là où il n’est pas.
Comme si à chaque fois que quelqu’un annonce une intention, il fallait qu’il en ait une autre, bien déguisée et bien planquée, servant son intérêt aussi égoïste qu’opportuniste…
Une vision bien triste des choses, au demeurant fausse, et qui te pousse à fermer, à te recroqueviller sur toi-même au lieu d’ouvrir pour embrasser le monde et son avancée. Parce que les amis, il y a plein de gens qui s’engagent, qui aiment leur métier, et qui font des choses bien.
On peut en effet regarder l’humain avec optimisme. Mais on n’est pas obligé d’être naïf non plus. Parce que certaines et certains ne poursuivent pas toujours de nobles objectifs… Alors, les agendas cachés, c’est quoi l’histoire ?
L’expression vient de l’anglais et de l’univers politique. Pour faire simple et court, en anglais « l’agenda » ce n’est pas juste l’emploi du temps, c’est aussi l’idée d’un « programme d’action ».
L’expression hidden agenda désigne donc le fait que, derrière ce que l’on affiche, se dissimule un autre programme d’action, un autre objectif que celui qui est apparemment visé. On peut illustrer avec quelques questions.
On n’est pas des spécialistes de la géopolitique mais quand Bush envahit l’Irak en 2003, en utilisant l’argument de la menace imminente liée à la présence d’armes de destruction massive, on peut se demander si l’agenda caché n’était pas celui du contrôle des réserves de pétrole irakiennes.
Quand un président comme Trump vocifère des énormités qui monopolisent le terrain médiatique, du genre on va annexer le monde et on ne vous garantit pas qu’on n’utilisera pas la force, c’est quoi l’agenda caché ?
Mettre des mesures de politique intérieure, sur la fiscalité par exemple ou la couverture de soins, au plus loin des projecteurs médiatiques ? Va savoir.
L’entreprise, parce qu’elle est de fait humaine, n’échappe pas à ce même théâtre. Un théâtre où se joue l’immuable pièce des intérêts personnels qu’on poursuit plus ou moins visiblement en mettant à profit ce que la position qu’on occupe permet…
…en jouant des règles du système, de ses naïvetés comme de sa confiance. Comme toujours, cela va du petit intérêt sans grande importance finalement parce que cela n’empêche pas la terre de tourner.
Aux gros trucs qu’on planque parce qu’on joue une autre partition. Là, c’est une autre affaire, et comment dire ? On a toutes et tous intérêts à apprendre à lire ces jeux-là pour ne pas être le dindon de la farce.
On ne parle pas en effet de ces petites mesquineries, du professeur d’université qui impose à ses étudiants d’acheter son dernier bouquin ou qui utilise la force de frappe de l’institution pour sa notoriété personnelle…
Au Directeur de je-ne-sais-pas-quoi qui utilise l’aura de son statut ou de la notoriété de sa boîte pour briller de mille feux de conférence en conférence… pour préparer sa prochaine activité car il est sur le départ.
Ou le DRH qui prend bien soin de garder pour lui la relation avec les chasseurs de têtes parce qu’il sait que c’est son assurance-vie… Bref, rien de bien méchant parce qu’au fond cela ne nuit pas beaucoup aux autres et c’est la vie.
Mais certaines et certains ont des agendas cachés avec des intentions qui sont de nature à bien abimer tout un édifice social.
Quand un décideur, par exemple, asservit toute une institution à quelques indicateurs, en menant une politique exagérée de « bâtonite » à court terme pour valoriser ses stocks options ou pour briguer un poste de directeur de cabinet de je-ne-sais quel ministre, c’est autre chose.
Des mercenaires qui sacrifient l’entreprise, la mission, le long terme, au nom de leurs intérêts… On en a autant chez des dirigeants que chez des syndicalistes, c’est humain. Entre un bonus, un paquet de stocks options, une promotion, ou sa carrière dans une centrale nationale, même combat.
Ce n’est ni la règle, ni la norme, ni la majorité, fort heureusement, mais cela existe, et on se le redit, mieux vaut essayer de lire ces jeux-là car ils sont destructeurs.
Ils le sont parfois d’autant plus que certains n’hésitent pas à manœuvrer parfois dans des eaux troubles, et cela se fait rarement sans victimes ou dégâts collatéraux. Or, on n’a ni envie de faire partie des premiers, ni d’être complice du second.
On trouve ce type d’agendas aussi dans des postures institutionnelles, le washing en fait partie d’ailleurs. Il n’y a rien de bien nouveau là-dedans.
Mais c’est aussi le grand groupe qui rachète une start-up pour tuer une innovation dans l’œuf, ou qui s’y intéresse dans un pseudo processus de rachat aussi long que sinueux pour lui faire consommer ses ressources…
Ou la norme qu’on promeut en invoquant de nobles causes parce qu’on sait bien qu’on est meilleur que ses concurrents et que cela érige une barrière à l’entrée, bref la liste pourrait être longue.
Il en va de même en interne en entreprise, sur les jeux de pouvoir comme sur les situations managériales. On connaît toutes et tous des surfeurs, qui lancent projet sur projet pour briller auprès de qui de droit parce qu’ils ont un sens de la promotion verticale plus aigu que celui de l’intérêt collectif.
Alors quelle morale tirer de cette petite histoire ? Rien sur un plan humain car personne n’est vraiment dupe. Il y aura toujours des gens qui cherchent à profiter d’un système, et ce n’est pas la majorité fort heureusement.
La morale de l’histoire, c’est que chacune et chacun doit aiguiser son esprit critique pour apprendre à mieux lire entre les lignes. Cela permet non seulement de se préserver de certaines difficultés inutiles mais aussi de parfois choisir son camp.
En résumé, le fait que certaines personnes ou institutions poursuivent des agendas cachés pour satisfaire des intérêts particuliers est aussi vieux que le monde car c’est humain. Il convient en revanche d’apprendre à les décoder pour se positionner en connaissance de cause.
J’ai bon chef ?
Oui tu as bon mais on ne va pas en faire toute une histoire.