L’attitude ne vaut pas action

Dans cet épisode, nous allons parler d’attitudes et de comportements, deux notions certes proches mais bien distinctes.

Je te dis, lui, il est incapable de prendre une décision. De toute façon, ça se voit, c’est un « mou du genou », il a une poignée de main molle.

Il a les « mains moites et les pieds poites » et ça fait de lui une poule mouillée, c’est ça ? Bonjour le raccourci ! Il a une poignée de main molle, ce n’est pas très agréable c’est vrai, mais quel rapport avec ta conclusion ? Aucun.

C’est à peu près du même ordre que ces gens qui pensent être la cause de la pluie parce qu’à chaque fois qu’ils sortent de chez eux, il pleut. Bref, un raccourci qui ne mène pas à la bonne destination.

Dans la même veine, combien de fois dit-on de quelqu’un qu’il a une attitude positive, ou l’inverse, et en tire-t-on des conclusions un peu hâtives. Bref, ce qu’on appelle un préjugé.

Pourtant attitude et comportement, ce n’est pas la même chose. Alors, l’attitude ne vaut pas action, c’est quoi l’histoire ?

C’est l’histoire d’une confusion malheureusement fréquente entre, d’un côté, ce qu’on pourrait appeler une disposition à l’égard de quelque chose, une attitude positive face au travail par exemple,

Et de l’autre, sa traduction concrète et observable, la manière de le faire ce travail, pour reprendre l’exemple.

Combien de fois on t’a dit de quelqu’un qu’il avait une attitude négative au travail. Genre il traîne des pieds, il souffle comme un âne en levant les yeux au ciel dès qu’on lui demande quelque chose, il te fait bien sentir qu’il n’en a pas envie etc.

Cela peut être très désagréable, c’est vrai. Mais ça ne veut pas dire qu’il ne va pas bien le faire, ce travail. Son attitude ne prédit pas le comportement qu’il va avoir dans les faits.

Et si ça se trouve, une autre personne à l’attitude que tu as trouvée enjouée, te rendra un truc ni fait, ni à faire.

L’attitude, c’est une disposition plus ou moins positive ou négative de quelqu’un à l’égard de quelque chose. Ce n’est donc pas ce qu’il fait réellement.

On a donc là deux difficultés qui ouvrent toutes deux une belle porte aux préjugés et aux jugements hâtifs.

La première est celle de l’appréciation de l’attitude de quelqu’un. Tu aimerais bien savoir si telle ou telle personne a une attitude favorable ou pas à l’égard de quelque chose. Ce n’est pas illégitime.

Mais sur quoi te fonder puisqu’il s’agit d’une prédisposition ? Ça ne se voit pas. Tu peux lui demander, c’est peut-être le plus simple. Mais ce n’est pas une garantie car c’est du déclaratif.

Donc soumis aux biais de la personne à qui tu le demandes. Est-ce que tu as une attitude positive face à la prise de décision, par exemple ?

Oh bah moi oui hein, tu vois, par exemple, ce midi j’ai choisi entre fromage et dessert !

Mais qu’en est-il face à un choix plus cornélien ? Tu n’en sais rien et le référentiel de la personne à qui tu poses la question est évidemment lui aussi purement subjectif.

Mais c’est quand même mieux de demander plutôt que d’interpréter des signes, comme celui de la poignée de main molle en introduction. Parce que là c’est un terrain glissant.

On les voit ces adeptes du non verbal… Non pas que ce dernier ne soit pas un signe observable, mais son interprétation dépend d’abord de la subjectivité de celui qui interprète.

Le second problème qui se pose, c’est celui du passage à l’acte. Ce n’est pas parce que tu as une disposition favorable que tu fais.

L’attitude est une prédisposition au comportement. Mais une prédisposition n’est en rien une certitude ou une garantie. Tout au plus une probabilité plus élevée que tu passes à l’acte.

Ce n’est pas parce que tu n’aimes pas les sardines que tu vas refuser d’en manger ! Car, en la circonstance, tu as peut-être une autre raison ou une disposition plus forte.

Avoir très faim par exemple.

On connaît l’adage, il n’y a pas de fumée sans feu. Le seul problème, c’est que toutes les flammes ne fument pas.

Cette distinction entre l’attitude, c’est-à-dire la prédisposition, et le comportement, une traduction observable dans les actes, demande un peu d’hygiène intellectuelle.

Sinon c’est le risque du préjugé, en l’occurrence considérer que l’attitude prédit systématiquement le comportement. Or, précéder ne veut pas dire prédire. La cause avant l’effet mais la cause n’est pas une garantie de l’effet.

« Après » ne veut pas dire « donc ». Du coup. Pour ainsi dire. L’intention peut précéder l’action mais elle n’est pas action.

Tiens regarde, les résolutions de bonne année. Cette année j’ai l’intention de faire un régime. Oh un gâteau.

En résumé, une attitude est une prédisposition à l’égard de quelque chose, là où le comportement est sa traduction effective, ou non, dans des faits observables. L’un n’est donc pas prédictif de l’autre.

J’ai bon chef ?

Oui tu as bon mais on ne va pas en faire toute une histoire.