La diversité et l’inclusion ? Vraiment ?

Dans cet épisode nous allons nous interroger sur le sens véritable de l’engagement de l’entreprise en faveur de la diversité.

La diversité. Intellectuellement, humainement, comment ne pas comprendre, et penser intimement, que c’est une richesse ? Peut-être la plus grande. C’est précisément ce qui fait que l’humanité existe et ne dépérit pas.

Moralement, comment ne pas comprendre que chacun et chacune, dans toutes les diversités des êtres humains, quelles qu’elles soient, doit, et attend légitimement, d’être traité, considéré, vu comme les autres ?

Socialement, comment ne pas comprendre qu’un édifice social qui ne respecterait pas ses règles élémentaires de respect, de justice, d’équité, a bien peu de chances de perdurer ?

Et les entreprises s’y engagent. Du moins elles le disent. Et c’est là tout le sujet. Alors la diversité et l’inclusion, vraiment ? C’est quoi l’histoire ?

« La France se nomme diversité » disait déjà Fernand Braudel dans l’ouvrage « l’identité de la France ». Et quelle chance ! « Une et indivisible » faite, par nature, d’infinies différences. Sauf à mettre ce continuum multifactoriel dans des cases, ce que certains font malheureusement.

Les effets de la peur et de l’ignorance mais c’est une autre histoire. Revenons à l’entreprise. Quelle entreprise oserait aujourd’hui ne pas affirmer qu’elle s’engage en faveur de la diversité ? Qu’elle place l’inclusion comme un principe social essentiel ?

On ne doute pas que certaines le fassent sincèrement et vraiment, peut-être parfois avec certaines maladresses, inévitablement avec des incohérences car il est impossible d’être parfait, mais il y en a qui disent ce qu’elles font et qui font ce qu’elles disent.

Mais on peut aussi parfois s’interroger sur les seuls affichages de circonstances, la seule réponse de conformité légale, ou pour obtenir un label, et une réalité moins reluisante.

Commençons par l’anecdote de cette personne étudiante en master RH qui travaillait sur les politiques en faveur du handicap dans un grand groupe et exposait l’ensemble des processus mis en place à cet effet.

Parfait sur le papier glacé. Glaçant sur le fond quand elle disait en off, alors qu’elle était elle-même concernée par le sujet, qu’en réalité, même à la RH « ils s’en foutaient ».

C’est un cas particulier. On n’en fera pas toute une histoire. Ne généralisons pas.

Mais on se pose une question quand même. Cette impression, que nous avons et ce n’est peut-être que la nôtre, qu’au premier coup de vent, qu’à la première vague qui secoue un peu, il n’y a plus personne.

On dirait le climat. Des grandes intentions, de grandes phrases puis hop à la trappe. On en a parlé par exemple pendant les législatives en France du climat ? Rien ! Quedal. Que pouetsch. Combien d’entreprises font leur bilan carbone ?

Bref, entre les discours et les actes… parfois c’est raccord. On en connaît. Des entreprises qui font de leur mieux sans tricher. Mais parfois, ça n’est pas le cas.

Ce qui est surtout frappant, c’est que dès que cela tangue un peu, on reste silencieux. Une entreprise ou une institution n’a pas vocation à faire de la politique par exemple. Elle n’a donc pas à prendre position sur ce plan.

Mais à des moments clés, quand le racisme et tous les ostracismes se libèrent sans complexe, c’est difficile de réaffirmer les valeurs de diversité et d’inclusion qu’on prône par ailleurs ? Ou on se tait ?

On ne porte pas là un jugement de valeur. Aucunement. Mais on pose la question de la cohérence. Peut-on clamer haut et fort qu’on a une politique en faveur de la diversité pour recruter et choisir un silence assourdissant quand on entend le bruit des bottes ?

Qu’en est-il des entreprises qui déclarent reculer sur leur politique de diversité et d’inclusion sous la pression de groupes ultraconservateurs et qui affirment « se conformer aux attentes des consommateurs » ?

C’est par exemple le cas aux Etats-Unis de John Deere(1) en juillet 2024 ou encore d’Harley-Davidson(2) et de la distillerie Jack Daniels(3) en août.

Tant pis pour eux on roulera en tracteur rouge, en moto qui fait moins de bruit et en buvant du whisky écossais ! Sérieusement, la question est suffisamment complexe en effet pour ne pas porter de jugement et laisser à chaque entreprise la manière d’aborder ce questionnement.

Mais la fonction RH est plus que concernée par le sujet et a, selon nous, une responsabilité particulière en la matière : c’est celle de la cohérence. « On veut bien de la différence hein mais de la différence qui nous gêne pas trop quand même »… Je caricature, il y a parfois un peu de ça, et ça, ça ne passe pas.

La nature de ce que fait la fonction RH sur le sujet a plus d’impact que toute autre fonction. Elle ne peut pas se réfugier derrière son petit doigt ou regarder les incohérences de son entreprise sans anticiper les conséquences plus larges qu’elles peuvent provoquer.

Aucune entreprise échappe à ces incohérences. On peut essayer simplement de faire de son mieux pour les éviter, qu’elles ne se reproduisent pas. Il y a là une somme d’enjeux considérables, de l’éducation à la sanction.

Mais si l’on se contente de jolis coups de communication, d’animation qui font plaisir, de quelques marques formelles de reconnaissance qui témoignent plus d’une habile gestion de la conformité que d’un engagement sur le fond, alors peut-être vaut-il mieux ne pas trop en faire étalage.

En résumé, si la diversité est une réelle conviction, on la porte vraiment. Dans le cas contraire, mieux vaut ne pas trop la ramener avec des événements de surface qui abîment plus cette cause qu’ils ne la servent.

J’ai bon chef ?

Oui tu as bon mais on ne va pas en faire toute une histoire.

(1) https://edition.cnn.com/2024/07/18/business/john-deere-diversity-inclusion-efforts/index.html

(2) https://www.cnbc.com/2024/08/20/harley-davidson-drops-diversity-efforts-after-online-pressure-.html

(3) https://www.euronews.com/business/2024/08/24/maker-of-jack-daniels-latest-firm-to-scrap-diversity-goals