Performance individuelle et performance collective
Dans cet épisode nous allons nous questionner sur le lien entre la performance individuelle et la performance collective
Dans cet épisode nous allons nous questionner sur le lien entre la performance individuelle et la performance collective
Bon c’est facile ta question franchement, pas de performance collective sans top performers individuels. Et hop le débat est clos ! Des rayures blanches et noires sur une mule ça ne fait pas un zèbre hein !
Je vois… et on va encore finir par comparer l’équipe de foot avec sa constellation de stars qui ne gagnent pas face au petit club composé d’inconnus notoires volontaires et solidaires. On n’aura plus qu’à reposer le verre sur le comptoir !
Et oui à enfiler les perles on fait des chapelets ! bref on peut aussi s’interroger en évitant toutes ces comparaisons hasardeuses. Alors performance individuelle et performance collective, c’est quoi l’histoire ?
Commençons peut-être simplement par définir le terme principal : la performance, issu d’un mot en vieux français, « parformer » qui voulait dire « achever quelque chose ». On l’a d’abord adopté dans le vocabulaire des courses hippiques pour décrire les résultats d’un cheval.
On ne va pas épiloguer ici sur les multiples facettes du mot. Le dictionnaire, en l’occurrence le Larousse, nous donne néanmoins un double éclairage intéressant : d’une part, un résultat, donc celui du cheval à l’issue d’une épreuve par exemple, et, d’autre part, une prouesse ou autrement dit un résultat remarquable.
Lorsqu’on parle de performance individuelle en entreprise, on parle bien de cette seconde dimension. On ne parle pas de résultat en tant que tel mais bien du regard que l’on porte sur ce résultat pour apprécier s’il s’agit d’un résultat qui mérite d’être remarqué.
Résultat et performance individuelle ce n’est pas la même chose en effet, d’où l’utilité de l’appréciation. Mais une fois qu’on a posé ce terme, la question qui se pose ensuite, c’est bien celle de l’individu au collectif.
Admettons qu’on retienne une même notion pour la performance collective, à savoir un résultat remarquable. Pas un résultat, il y en a toujours un, quel qu’il soit, mais un résultat collectif remarquable.
Et poursuivons le raisonnement en gelant la question de la subjectivité de l’appréciation. Admettons donc que, sans aucun doute, les résultats dont il s’agit, qu’il s’agisse des individus ou du collectif, sont indubitablement, chacun à leur échelle, remarquables, donc qualifiés de performance.
On a donc une équation qu’on aimerait explorer : la somme de performances individuelles garantit-t-elle la performance collective ?
Pour tenter de répondre à cette question, on va se placer sur 2 échelles collectives différentes. Une équipe, au sein de laquelle les intérêts des individus sont plutôt convergents, …
et puis ensuite à l’échelle de l’entreprise en tant que telle, où par nature, les intérêts des départements, des services, bref des agrégats organisationnels intermédiaires sont souvent divergents.
A l’échelle d’une équipe d’abord, on peut comprendre aisément que des personnes qui courent toutes dans le même sens, après tout, plus elles courent vite séparément mieux c’est. Sauf que, là, on a deux facteurs à considérer.
Le premier c’est qu’il y a nécessairement des interactions donc des transactions entre les membres de l’équipe. Or, on l’a dit la performance est relative, et d’abord relative à chacun. Deux personnes qui courent à deux vitesses très différentes, l’un pas très vite et l’autre c’est bip bip le coyote, on peut imaginer que pour chacun d’entre eux leur vitesse est une performance individuelle car ils se dépassent !
Sauf que l’un dépasse tellement l’autre qu’il va être difficile qu’ils se croisent. Le lièvre et la tortue ne se retrouvent qu’à l’arrivée pour compter les points ! Or, en l’occurrence peut-être que les résultats de l’un, et je dis bien les résultats, sont nécessaires au travail de l’autre.
En d’autres termes, ils doivent travailler ensemble et c’est un peu comme une danse, il vaut mieux être sur le même rythme ! Donc le 1er facteur dans une équipe c’est que cette notion de performance individuelle étant lié au sujet elle ne garantit pas que les résultats de chacun permettent à tous de bien faire leur travail et donc d’envisager une performance collective.
Et il y a le second facteur : le fameux facteur humain. Ce qui fait ta performance m’exaspère, tu la ramènes tout le temps le premier de la classe là… et moi bah ça me gave ! Ah oui je vais bien faire mon job en étant performant aussi mais compte sur moi pour te savonner la planche autant que je peux.
Allez on ne vas pas s’étendre sur le sujet, mais on connaît l’humain, avec ses grandeurs mais aussi ses humeurs, ses faiblesses et ses bassesses. Je fais porter le chapeau aux autres, je m’approprie leur succès, je savonne les planches, je ragote à tout va, je mens pour masquer mon insuffisance, … bref. Des crocodiles dans un même bocal, ça n’aide pas.
On le voit à l’échelle de l’équipe, par le contre-exemple, on a au moins deux facteurs qui peuvent conduire à ce que la somme des performances individuelles ne donne pas une performance collective : la nécessité de travailler ensemble et ce que cela suppose de coordination et d’harmonie des rythmes et la réalité de l’humain.
A l’échelle de l’entreprise, c’est encore plus frappant, parce que les différents départements ou services peuvent avoir des intérêts très divergents, surtout dans une organisation taylorienne très silotée.
Tiens par exemple les développeurs ont respecté des délais de fous pour sortir la roadmap du logiciel, super performance vu les contraintes qui étaient les leurs. Et le commerce a explosé les compteurs en vendant monts et merveilles aux clients.
Sauf qu’au bout du compte il y a une grosse pénurie de main d’œuvre pour intégrer les produits chez les clients. Résultats des courses, c’est la fuite en avant, on vend, on développe des nouvelles fonctionnalités, mais on ne délivre pas.
Et les clients mécontents ne paient pas puisqu’ils ne sont pas livrés conformément à ce que les super performeurs du commerce leur avaient promis. Et donc la performance collective n’est pas bonne. Croissance du chiffre d’affaires mais on creuse le trou.
Parions que les clients ne seront pas les seuls mécontents de l’histoire… Il y aura aussi les actionnaires et investisseurs…
Et on ne reprend pas ici le fameux facteur humain, avec les jeux de pouvoir, les projets qu’on laisse se planter pour passer pour le chevalier blanc, la perspective d’un départ qui conduit à une politique de terre brûlée, etc.
La vie de l’entreprise quoi… avec des êtres… humains !
En résumé, la performance d’un collectif se nourrit des résultats de chacun des individus qui le compose, mais les facteurs d’interactions entre eux et les inévitables comportements humains offrent bien des occasions pour que la somme des performances individuelles ne soit pas une garantie absolue de performance collective.
J’ai bon chef ?