Limiter les biais dans les décisions
Dans cet épisode, nous allons évoquer différentes manières de limiter les biais lorsque l’on prend une décision.
Dans cet épisode, nous allons évoquer différentes manières de limiter les biais lorsque l’on prend une décision.
Si parfois les biais sont utiles pour nous aider à mémoriser, à prendre des décisions rapides, à faire des associations d’idées et à nous mettre en mouvement, ils peuvent aussi nous empêcher de prendre des décisions réfléchies. Il ne faut donc pas chercher à les supprimer, d’autant que c’est impossible, mais à les limiter.
Bah oui… mais comment on fait ? Les biais sont partout, ils sont très nombreux et surtout ils sont insidieux. Il est très difficile de se rendre compte de leurs effets sur une décision que l’on prend. Alors comment limiter les biais cognitifs lorsque l’on a une décision à prendre ? C’est ce que nous allons voir dans ce podcast. C’est quoi l’histoire ?
Le premier élément à comprendre lorsque l’on cherche à limiter les biais dans une décision que l’on prend c’est l’importance du collectif.
On connait tous l’adage « seul on va vite, ensemble on va plus loin ». Les biais sont cachés un peu partout et surtout il s’agit d’un processus inconscient et très personnel. Si on cherche à limiter les biais dans ses décisions, la première étape est donc de chercher à limiter ses propres biais personnels et donc pour ça à en prendre conscience.
T’es gentil mais prendre conscience de ses biais ce n’est pas si facile. On peut faire le rapprochement avec les effets d’optiques par exemple, on a l’impression que cette tour au loin est ronde alors qu’elle est carrée, que ces lignes sont courbes alors qu’elles sont droites et parallèles. On va nous le dire, on va le vérifier. Et pour autant, à chaque fois que l’on va regarder à nouveau cette illustration on va se faire prendre au piège.
Et oui, pas facile de lutter contre ses biais si même la prise de conscience est pleine d’obstacle, à commencer par notre propre cerveau. Et donc pour ça, il ne faut pas rester seul mais au contraire, chercher à s’entourer d’autres personnes.
D’où l’importance du collectif que j’évoquais. Et ça nous renvoie à l’importance de l’ouverture à l’autre, de l’écoute, du respect mais ce sont d’autres sujets. Partons du principe que nous avons passé les deux premières étapes c’est-à-dire « j’ai conscience que j’ai des biais même s’ils ne sont pas identifiés » ET « je suis prête à m’enrichir des autres pour prendre ma décision ».
Alors les autres, le collectif va m’apporter des points de vue différent, des manières de réfléchir différentes, une sensibilité différente. Et plus les personnes qui composent ce collectif sont diverses, plus leur apport sera riche. C’est un argument d’ailleurs en faveur de la promotion de la diversité, mais c’est un autre sujet.
En effet, chacun dans le collectif apporte quelque chose : point de vue, expérience, compréhension du monde etc. tu l’as dit… mais aussi biais. Alors pas forcément exactement les mêmes que moi, ce qui me permettra de progresser sur les éléments qui biaisent mon jugement, mais avec le risque d’apporter d’autres biais cognitifs.
Sans compter qu’il y a aussi des biais qui apparaissent lorsque l’on est en groupe. Et c’est là qu’intervient le deuxième élément à comprendre lorsque l’on veut limiter les biais : l’importance de mettre en place un système de décision.
Où s’aligner avec le plus grand nombre.
C’est notamment Olivier Sibony, professeur associé à HEC, qui décrit les caractéristiques d’un système de prise de décision efficace pour limiter les biais et tout à fait applicable en entreprise. Et il résume ce système en 4 points.
Premier point : aller chercher la contradiction. C’est-à-dire qu’au lieu de chercher à confirmer que mon idée est la bonne, je cherche tous les arguments allant dans le sens inverse : pourquoi ce que je pense n’est pas une bonne idée.
On se projette dans le futur à +5ans ou +10 ans selon la décision que l’on a à prendre et on imagine que c’est un échec et on se pose la question « qu’est-ce qui a fait que c’est un échec ? »
Ensuite, 2ème point : exprimer les désaccords. Cela nécessite de laisser s’exprimer l’ensemble des personnes dans le collectif et particulièrement ceux qui s’opposent à l’idée. Et se laisser le temps d’échanger pour résoudre les désaccords. S’ils ne sont pas résolus alors peut être que l’idée n’est pas si bonne.
Pour laisser s’exprimer les désaccords, ça nécessite que le collectif soit respectueux de chacun, que les temps de parole soit suffisant pour que tout le monde s’exprime et que les jeux de pouvoir soient eux aussi questionner… mais ça c’est un autre sujet.
Le 3ème point constitutif d’un système de prise de décision efficace c’est de discuter des incertitudes, il y en a forcément. On ne peut pas tout contrôler, tout maîtriser. Il y a forcément de l’incertain, des risques associés et une probabilité (plus ou moins grande) de voir ces risques se réaliser.
Il est important ici alors de ne pas confondre risque, incertitude, probabilité… mais c’est un autre sujet.
Le dernier point qu’évoque Olivier Sibony c’est la définition de critères explicites en amont de la prise de décision. Avant de dire oui ou non on prend cette décision on échange sur ce qui nous fera pencher d’un côté ou de l’autre.
Ces critères devraient d’ailleurs être pris au regard de nos valeurs, de ce qu’on est mais aussi du bien commun, des différentes parties prenantes. Bref de tout l’écosystème dans lequel on se place
La méthode ne doit pour autant pas insulter la logique. Si l’apport des autres est utile, il faut aussi éviter l’effet de troupeau. En d’autres termes, on peut aussi faire appel à la déduction et au raisonnement logique pour questionner les résultats de cette démarche.
En résumé, prendre des décisions nécessite de faire des choix, et parfois ces choix sont biaisés. Pour autant, il ne s’agit pas d’une fatalité et il est essentiel de tendre vers des décisions les plus justes possibles. 2 éléments sont alors à combiner, s’entourer d’un collectif, le plus divers possible, et mettre en place un système de prise de décision qui vise à limiter ces biais.
J’ai bon cheffe ?
Oui tu as bon mais on ne vas pas en faire toute une histoire !
Pour aller plus loin :