Faut-il libérer l’autonomie ?

Dans cet épisode nous expliquons le concept d’autonomie et les différences avec la notion de liberté

Dans cet épisode nous allons vous parler d’autonomie

Oui et nous allons en parler librement. L’autonomie c’est un concept qui est presque vieux comme le monde, en tout cas c’est un des principes fondamentaux du management. Et finalement il a peut-être été occulté pendant des années a minima dans un certain type d’entreprise, au point qu’il soit peut-être nécessaire de le redécouvrir.

Autonomie, liberté, indépendance, plein de mots qui ressemblent à un sujet de philo pour le bac non ? Etre autonome est-ce être libre ? Vous avez deux heures. Enfin non, Nous avons quelques minutes. C’est quoi l’histoire ?

On ne va pas refaire toute l’histoire, non, en effet. Le bac ça me paraît bien loin … Et on ne va pas faire ici un débat philosophique sur la liberté, notion complexe par excellence et que d’autres on fait bien avant nous et bien mieux que nous ne le pourrions.

En revanche, on peut revenir peut-être un peu sur quelques notions pour faire un constat et tirer un enseignement au regard du management en entreprise.

Ne refaisons pas l’histoire en effet mais revenons aux mots. L’autonomie c’est pouvoir se gouverner selon des règles qu’on a définies soi-même. Auto, en grec c’est soi-même et nomie ca vient de nomos, la règle. Etre autonome c’est donc choisir ses propres règles de gouvernance.

En d’autres termes, être autonome c’est décider librement de la manière d’organiser ce que l’on doit faire. Mais pas nécessairement décider de tout ce qu’on fait. En d’autres termes, c’est précisément parce qu’il y a un cadre donné à cette liberté d’organisation qu’elle est possible. C’est là toute la différence avec l’idée commune qu’on pourrait se faire de la liberté et qu’on entendrait un peu trop rapidement comme « faire ce que l’on veut ».

Donc ce n’est pas faire ce dont on a envie mais bien s’organiser librement dans un cadre qui nous a été donné, ou qu’on est allé chercher. S’organiser librement dans un cadre déterminé pour finalement remplir le contrat qu’on doit remplir.

C’est en cela que la notion d’autonomie est indissociable de celle de délégation. Cette délégation c’est justement le cadre de liberté que le délégant donne au délégataire. Le délégant fixe le cadre de la responsabilité qu’il confie au délégataire. Et d’ailleurs le délégant continue à assurer la responsabilité finale de ce qu’il a délégué.

Et le délégant ce n’est pas uniquement le manager. En d’autres termes, le délégant peut-être dans un autre cadre – si j’ose dire … Ah décidément les mots ont un sens … – un autre cadre disais-je que celui de la hiérarchie ou celui de l’encadrement au sens habituel du terme ! Cela peut être dans un projet par exemple.

Donc en résumé tu dis que l’autonomie c’est s’organiser comme on veut dans le cadre qu’on nous a donné ?

Oui mais si on entend ce « comme on veut » comme étant uniquement guidé par ce qui arrange le délégataire, ce n’est pas tout à  fait cela.

Kant disait que “L’autonomie consiste à se donner à soi-même envers l’autre une loi, plutôt que de la recevoir de la nature ou d’une autorité extérieure.” Ce qui guide les choix du délégataire ce n’est pas son seul intérêt immédiat ou la solution de confort pour lui !

Oui, en d’autres termes, on n’est pas autonome n’importe comment. On ne jouit pas de la liberté que l’on a dans un cadre donné en faisant n’importe quoi ! Cette liberté, au fond, est guidée par des principes, en l’occurrence des valeurs partagées et le bien commun, c’est-à-dire le projet auquel on contribue. On en revient à co-opérer, faire œuvre ensemble, mais c’est un autre sujet.

Autonome, oui, mais en effet pas tout seul. Car l’entreprise est un collectif.

Et ces principes que tu évoques c’est ce qu’on peut appeler une discipline. Au sens du disciple. C’est-à-dire un ensemble de règles de conduite qui permet à la collectivité de bien fonctionner quand les personnes qui la constituent les respectent.

Et ce respect c’est bien une forme de responsabilité? Cela implique que n’est pas autonome qui veut car il faut avoir les moyens de cette autonomie, notamment en termes de compétences.

Exactement et cela renvoie donc à la responsabilité du délégant et on en revient aux principes fondamentaux du management : délégation, autonomie, contrôle, confiance.

Responsabilité c’est « répondre à ». A la loi bien sûr et c’est ce qu’on appelle la « responsabilité juridique » mais aussi répondre aux autres, et dans une entreprise, on n’est pas seul.

Alors en quoi c’est différent de la liberté ? La notion de liberté est tout aussi porteuse de cette idée de responsabilité non ? On connaît la formule consacrée … « la liberté des uns s’arrête là où commence celles des autres » non ?

Oui les deux notions d’autonomie et de liberté sont certainement porteuses de l’idée de responsabilité. Mais en entreprise, il y a un lien de subordination, un contrat, une mission à réaliser. La différence vient de la contrainte liée à ce contrat, à cet engagement ainsi que du cadre que pose la mission collective à mener à bien et celui de l’organisation collective du travail que cela suppose.

En résumé, la liberté c’est agir selon ses propres choix, sans la contrainte d’un engagement. En entreprise, où il y a la contrainte d’un engagement et d’une mission à réaliser, l’autonomie c’est s’organiser selon ses propres choix dans un cadre déterminé. C’est donc précisément parce que ce cadre de liberté d’organisation est posé que l’autonomie est possible.

J’ai bon chef ?

Oui tu as bon cheffe, mais on ne va pas en faire toute une histoire !