IA, automatisation et robotisation

Dans cet épisode nous allons expliciter certaines notions autour de l’intelligence artificielle pour ne pas les confondre.

L’Intelligence Artificielle va tout révolutionner, crois-moi. Les robots nous remplaceront dans les tâches du quotidien, peut-être même plus, ils feront plein de choses à notre place, et toi, tu n’auras plus ta place ! C’est fou les progrès de l’IA.

Les Gaulois avaient peur que le ciel leur tombe sur la tête, puis il y a eu la peur de l’an mil et puis celle du passage à l’an 2000, qui a fait les choux-gras des sociétés de services informatiques de l’époque… Bref, l’histoire, avec ses fantasmes et ses peurs, se répète !

L’IA n’échappe d’autant pas à la règle qu’elle représente une sorte d’eldorado que certains chercheurs d’or ont bien compris, vous prédisant la disparition de tous les emplois ou formulant des promesses superfétatoires.

Cela marche d’autant mieux que le sujet est entouré de tous les mystères, au point même de le totémiser chez certains, et dont la source vient aussi d’une certaine forme de méconnaissance sur tous ces sujets.

Alors pour essayer de les clarifier, IA, automatisation et robotisation, c’est quoi l’histoire ?

On va dire les choses très simplement. D’abord l’automatisation. On parle de quoi si ce n’est d’un certain nombre de tâches ou d’actions exécutées automatiquement sans nécessité de faire intervenir un tiers ?

En gros des règles pour que ces tâches s’accomplissent les unes après les autres. Et pour faire cela, on prévoit cet enchaînement à l’aide d’un programme informatique.

Jusque-là il n’y a rien de bien sorcier. En tout cas, pas d’intelligence en vue mais juste des règles, une répétition programmée.

Imaginons maintenant que ces tâches soient réalisées par une machine dans le monde réel, dans le monde physique. On sort du programme informatique qui reste dans sa boîte virtuelle, on interagit avec le monde réel par le truchement d’une machine.

Un robot ! Il bouge, il peut même danser la gigue si tu veux, mais il ne fait que suivre les règles d’un programme fixe. Il ne réfléchit pas. Un peu comme toi en quelque sorte.

Donc en l’occurrence quand on parle d’un robot qui effectue un ensemble de tâches, on ne voit toujours pas l’intelligence poindre le bout de son nez !

Mais imaginons notre petit robot, combinaison donc d’automatisation et de robotisation, disposer de capteurs et d’ajuster son comportement en fonction des informations que lui délivrent ses capteurs.

Il commence alors à être moins con en effet. Il ajuste ce qu’il fait en fonction d’informations nouvelles, bref, il fait preuve d’une certaine forme d’intelligence. Il apprend. C’est de l’intelligence artificielle.

Mais pour faire ceci il a besoin d’un programme lui aussi. Donc pour qu’il y ait intelligence artificielle il faut peut-être réunir deux conditions : un modèle qui apprend et un programme qui permet d’utiliser le modèle et le faire apprendre.

On va prendre un exemple simpliste avec un robot laveur de voiture.

Etape 1, l’automatisation. Il y a une succession d’étapes programmées : mettre de l’eau, mettre du savon, laver, rincer, sécher. Cette succession d’étape peut se réaliser sans intervention externe, c’est de l’automatisation.

Etape 2, la robotisation. Le portique qui passe au-dessus de ta voiture et qui réalise physiquement ces tâches successives, c’est de la robotisation. Et ne prête pas trop d’intelligence au portique qui lave ta voiture !

Etape 3, l’intelligence artificielle. Le portique dispose de caméras qui analysent la forme de ta voiture et les saletés sur la carrosserie pour savoir où laver et frotter plus fort. Il a un modèle de lavage qu’il adapte à la situation, en l’occurrence ta voiture toute sale. C’est de l’intelligence artificielle.

On le voit, il y a en toile de fond le digital, ou l’informatique, qui est présent partout pour que tout cela fonctionne. Mais il y a aussi trois natures de concepts qui ne sont pas rigoureusement identiques. Juste histoire de ne pas les confondre.

Quand tu utilises par exemple un chatbot qui répond à tes questions sur le service client, tu as toutes les chances qu’il s’appuie sur une documentation interne à l’entreprise et sur des bases de données vectorielles.

Même s’il utilise de l’IA pour mieux formuler ta question et reformuler sa réponse, le chatbot en question repose d’abord sur les bases de données vectorielles. Comprendre ces nuances, c’est aussi ne pas prêter à l’IA des vertus magiques qu’elle n’a évidemment pas !

Ce qui n’empêche pas qu’elle offre de formidables opportunités et que cela puisse poser des questions notamment sur l’emploi. Mais il faut bien cerner le fait que tous les domaines dont on parle ici ne progressent pas nécessairement à la même vitesse.

Car il faut des cas d’usages concrets et des débouchés économiques. On peut donc aisément imaginer que ce qui va contribuer à façonner le monde du travail relèvera vraisemblablement d’une combinaison d’automatisation, de robotisation et d’intelligence artificielle…

Plus, en tout cas, que dans les seules prouesses, certes impressionnantes, de l’IA générative, qui a été popularisée et démocratisée auprès du grand public, ce qui a contribué à agiter le landerneau.

En résumé, l’automatisation c’est une succession de tâches réalisées sans intervention tierce, la robotisation c’est lorsque ces tâches sont réalisées par une machine qui interagit avec le monde réel et l’intelligence artificielle lorsqu’il y a un modèle qui s’adapte et apprend en fonction de son contexte. Les programmes informatiques constituent le support de tout cela.

J’ai bon chef ?

Oui tu as bon mais on ne va pas en faire toute une histoire.