SIRH et déficit d’urbanisation

Dans cet épisode nous allons évoquer les pièges dans lesquels certains SIRH sont tombés par manque d’urbanisation.

La technologie n’est jamais avare quand il s’agit d’orienter… nos achats. Enfin, en l’occurrence ce sont surtout les marchands qui sont habiles. On ne les blâmera pas, un commerçant ça commerce ! La technologie, elle, n’y est pour rien.

Et tu me diras qu’en résultent des SIRH cacophoniques qui servent insuffisamment les besoins de l’entreprise et de ses collaborateurs. C’est certainement parfois vrai.

Mais on n’a pas toujours besoin des boniments des bonimenteurs pour ne pas être au rendez-vous en la matière. Nos propres biais, préjugés ou idées préconçues sont à l’œuvre aussi.

Le manque de réflexion peut-être aussi. Résultat, on a un SIRH qui part dans tous les sens. Alors, SIRH et déficit d’urbanisation, c’est quoi l’histoire ?

On pourrait presque faire une typologie des cas classiques qui résultent du manque d’une réflexion constante sur l’évolution de son SIRH.

Tiens, par exemple, le premier cas. On a un SIRH qui part en vrille et on décide de tout remettre à plat. Super. Puis, on a foncé tête baissée sur du « tout intégré », certains en font presque une religion en l’occurrence, imposée en dépit du terrain, du réel et des gens.

Quand, en plus de la réponse aux besoins réels du terrain cela ne colle pas non plus à la culture de l’entreprise… que dire ? Un système trop normatif et standardisant dans un contexte où on contourne tout ? Cela donne rarement des résultats efficaces.

Ou bien un système trop centralisant et coercitif là où on cherche l’autonomie de ses filiales et de ses établissements. Le contrôle quand tu nous tiens. Même motif, même peine.

On les voit ces lourds, parfois très très lourds, investissements dans un outil intégré miracle qui in fine a généré un foisonnement de verrues, d’Excel aux petits programmes achetés ici ou là, pour en compenser les insuffisances ou l’inadaptation aux besoins locaux.

Tu as l’autre stéréotype aussi. On a voulu faire plaisir au métier. Un SIRH attentif à bien servir tous les besoins des métiers RH et on sait à quel point ils peuvent être tatillons. Tout le charme des experts

Résultat ? Un empilement d’applications informatiques RH très pointues sans logique d’ensemble, avec d’inévitables conséquences.

Fluidité et expérience utilisateur désastreuse, multiplication des tables et des référentiels au détriment de l’intégrité des données etc. Bref, plein de notes qui font plus de bruit que de musique.

On connaît aussi les effets du syndrome de la modernité… c’est nouveau donc c’est bien ! Ou le nouvel outil qui brille de mille feux et hop on cède aux sirènes du mirage « Tech ».

Ou la totémisation du digital… Résultat, là encore, on empile en dépit du bon sens sans réflexion sur l’ensemble du SIRH.

Sans compter sur une mauvaise anticipation. Ici telle version qui n’est plus maintenue par l’éditeur, là tel fournisseur qui fait soudainement défaut et on pare au plus vite, pressé par les événements, sans plan B et encore moins de cadre et de ligne directrice pour guider les réponses.

C’est alors qu’on crée des verrues dans l’urgence comme on ajouterait des boules au sapin de Noël, ou on achète un palliatif, qu’on pense temporaire et qui va durer… bref, là encore, ça part dans tous les sens.

Les effets de tout cela sont multiples à commencer par la difficulté à assurer l’intégrité des données et de ce qui les structure comme un data catalogue par exemple.

Mais c’est aussi sans parler de la qualité de l’expérience utilisateur comme on l’évoquait tout à l’heure, or elle est une part de l’expérience collaborateur au sens large.

Mais c’est aussi la maintenabilité du système qui est en jeu, donc sa capacité à évoluer harmonieusement et efficacement dans le temps pour servir les objectifs de la politique RH.

Il n’y a donc qu’une réponse possible pour éviter ces errances c’est celle d’une véritable réflexion en continu sur l’architecture du SIRH, c’est-à-dire une forme d’urbanisation constante.

On imagine mal un village dont la croissance démographique est telle qu’il faut tout ajuster au plus vite. Irait-on créer de nouvelles écoles sans penser aux moyens de transports ? Il en va de même du SIRH qui suppose une évolution maîtrisée avec une vision d’ensemble.

Et un cadre. Ce cadre c’est celui du schéma directeur, qui n’est pas à voir comme un document figé dans le marbre, mais comme un ensemble de lignes directrices pour que le SIRH dans son ensemble, avec ses propriétés structurantes, servent et continuent à servir la politique RH de l’entreprise.

En un mot, que les décisions de court terme, parfois nécessaires car imposées par le fil des événements, n’insultent pas l’avenir !

En résumé, mener une réflexion constante sur l’urbanisation de son SIRH est le meilleur moyen d’éviter un empilement anarchique d’applications ou des verrues inutiles dont il sort rarement de l’efficience.

J’ai bon chef ?

Oui tu as bon mais on ne va pas en faire toute une histoire.