A propos du pouvoir d’achat
Dans cet épisode, nous allons parler de pouvoir d’achat.
Dans cet épisode, nous allons parler de pouvoir d’achat.
Bah c’est simple non, si tous les prix augmentent, le pouvoir d’achat baisse. C’est évident non ? Tiens prends le prix du pain, 37% d’augmentation du prix entre janvier 2001 et janvier 2021 d’après l’INSEE[1], tu ne vas pas me dire que mon pouvoir « d’achat de pain » a augmenté en 20 ans ?!
Et pourtant si ! Parce qu’en 2000 il te fallait 6 minutes de Smic horaire brut[2] pour t’acheter une baguette et seulement 5,2 minutes en 2021 ! Donc ton pouvoir « d’achat de pain » et bien il a augmenté !
Les prix augmentent et mon pouvoir d’achat aussi ? Bah ce n’est pas si simple, alors ? Mais alors, le pouvoir d’achat, c’est quoi l’histoire ?
Le pouvoir d’achat, c’est ce que je peux m’acheter avec mon revenu. L’INSEE le définit ainsi[3] : « le pouvoir d’achat du salaire est la quantité de biens et de services que l’on peut acheter avec une unité de salaire ; son évolution est liée à celles des prix et des salaires »
Donc si tes revenus augmentent plus vite que le prix de ce que tu achètes, ton pouvoir d’achat augmente, même si les prix montent.
À l’échelle d’une personne, dit comme cela, c’est simple. Mon pouvoir d’achat c’est ce que je peux acheter avec ce que je gagne. Si mes revenus ont augmenté plus vite que l’inflation, en théorie mon pouvoir d’achat augmente. Mais si mes revenus augmentent moins vite que l’inflation, mon pouvoir d’achat baisse. Ce n’est pas si compliqué.
Et bien non ce n’est pas aussi simple que cela. Si tes revenus n’augmentent pas, que l’inflation est élevée mais que les prix des produits ou services que tu consommes toi personnellement n’a pas augmenté, est-ce que ton pouvoir d’achat réel a baissé ? Pas si sûr !
Mon pouvoir d’achat ne dépend donc pas uniquement de ce que je gagne et de l’inflation mais aussi de la nature de ce que je consomme. Dit autrement, le pouvoir d’achat des carnivores ne diminue pas parce le prix de la salade augmente !
D’accord, mais suppose que je consomme la même chose que ce qu’il y a dans le panier moyen sur lequel on calcule l’inflation, alors mon raisonnement est juste !
On a alors d’un côté un indicateur qui ne couvre pas tout le sujet, par nature : l’inflation. De l’autre, une préoccupation bien réelle pour les gens, et qui est par nature personnelle : leur pouvoir d’achat. Les deux notions se font écho bien sûr mais elles sont loin d’être symétriques.
Surtout, qu’il y a une importante dimension psychologique dans la notion de pouvoir d’achat. « Pouvoir » ou « ce que tu peux » acheter a-t-on dit tout l’heure. Or, « ce que tu peux » cela dépend aussi de tes marges de manœuvre !
Le prix de l’essence, par exemple, n’a pas les mêmes conséquences sur le pouvoir d’achat de quelqu’un qui vit dans un endroit où il doit beaucoup utiliser sa voiture que sur celui d’un citadin. En d’autres termes, il y a les dépenses que tu peux choisir de faire ou pas mais il y aussi celles où tu n’as pas vraiment le choix. C’est une contrainte qui conditionne ton pouvoir d’achat. C’est pour cela qu’on parle également de pouvoir d’achat arbitrable.
Avoir l’impression de pouvoir faire ses choix, c’est l’impression d’avoir du pouvoir non ?
Et puis il peut y avoir un décalage important entre le sentiment que tu as sur ton pouvoir d’achat et la réalité des chiffres bruts. Si, par exemple, tu es exonéré d’un important poste de dépense dont le prix augmente fortement, en réalité tu n’en fais pas vraiment l’expérience personnelle.
C’est sûr que si le prix du pain augmente beaucoup mais que je travaille dans une boulangerie où j’ai une grosse réduction sur le prix du pain ce n’est pas la même chose. Et on peut parfois avoir un regard biaisé sur sa propre réalité.
Surtout qu’au fond, ce n’est pas tant le pouvoir d’achat qui intéresse les gens. Ce n’est pas le moyen. C’est le résultat. Or, le résultat du pouvoir d’achat, c’est le niveau de vie.
Le pouvoir d’achat, c’est ce que te permet ton revenu disponible donc après les prélèvements obligatoires et l’impôt sur le revenu si tu en payes. Mais ton niveau de vie, il dépend aussi des services gratuits auxquels ces prélèvements et impôts te donnent accès.
C’est sûr que le poids du coût de la santé par exemple n’a pas le même impact sur ton niveau de vie dans tous les pays !!
Il faut donc bien se garder de faire des raccourcis ! Inflation et pouvoir d’achat sont des notions complexes, qui sont reliées bien sûr, mais il faut éviter d’aller trop vite en besogne en comparant des choux et des carottes ou en ne creusant pas la situation.
Surtout que de se préoccuper de son niveau de vie et de son pouvoir d’achat, c’est légitime ! Donc les questions le sont aussi. Cela suppose d’analyser la situation dans son ensemble, avec tous les paramètres, pour la comprendre et apporter les réponses appropriées aux situations individuelles.
En résumé, le pouvoir d’achat c’est ce qu’on peut acheter avec ses revenus. Cela dépend donc du prix de ce que l’on achète, et l’inflation en est un indicateur général, mais également de ce que l’on achète. La perception qu’on a de ce pouvoir d’achat est par nature subjective pour de multiples raisons et se questionner est donc légitime. Une analyse complète des situations personnelles est donc nécessaire pour apporter des réponses appropriées.
J’ai bon chef ?
Oui tu as bon mais on ne va pas en faire toute une histoire
[1] https://www.insee.fr/fr/statistiques/serie/000442423
[2] https://fr.statista.com/infographie/4046/evolution-prix-baguette-france-indice-baguette-cout-pouvoir-achat/
[3] https://www.economie.gouv.fr/facileco/dico-eco#P