Travail à distance et cohésion d’équipe en mode pile ou face
Dans cet épisode, nous allons nous demander si la distance nuit ou pas à la cohésion d’équipe, en mode pile ou face.
Dans cet épisode, nous allons nous demander si la distance nuit ou pas à la cohésion d’équipe, en mode pile ou face.
Entre ceux qui ne veulent plus remettre les pieds sur site et ceux qui disent « je ne télétravaillerai plus jamais » et ceux qui quantifient « 1 ou 2 ou 2,5 ou 3 jours de télétravail » ? Il n’est pas toujours facile de savoir ce qui favorise la cohésion d’une équipe.
Et puis tu as celles et ceux qui ont peur que le contrôle leur échappe ! Combien de fois on a entendu « non mais vraiment on a besoin du présentiel » sans aucune forme d’argumentation pour des métiers qui en soi ne l’exigeaient pas, révélant ainsi que le problème se cache certainement ailleurs.
Mais alors on fait quoi ? On met un peu de nuances ! Mais ça veut dire quoi ? Travail à distance et cohésion d’équipe, en mode pile ou face, c’est quoi l’histoire ?
Commençons donc par nous demander ce qu’est la cohésion. En l’occurrence elle repose sur 4 facteurs :
- L’adhésion. En d’autres termes l’existence d’un projet commun auquel on adhère,
- La cohérence, à savoir le fait que chacun reconnaisse ce projet comme un bien commun
- La connexion des membres de l’équipe pour réussir ce projet et enfin
- La consistance c’est-à-dire un engagement dans le temps pour ce projet.
Euh Mahé, tu as répété 4 fois le mot « projet »… Si tu me réponds « parce que c’est notre projeeeeet… » je t’enferme.
Ahahah non je ne te répondrai pas cela, mais en revanche, si j’insiste de manière aussi peu subtile (j’en conviens) sur ce mot, projet, c’est parce que c’est la clé de voûte de la cohésion. Sans projet, il n’y a pas véritablement d’équipe et encore moins de cohésion d’équipe.
Pour qu’il y ait cohésion il faut donc qu’il y ait projet. On a compris cheffe. Et un réel projet à distance comme en présentiel reste un réel projet ! Et la distance d’ailleurs peut même, paradoxalement, le renforcer !
La distance qui renforce le projet ? Sérieux ! Mais soit, développons un peu l’idée avant de revenir aux nuances. Individuellement et collectivement nous avons besoin de nous référer à quelque chose qui nous dépasse. Une référence extérieure à nous, une perspective qui va au-delà de nous, un dessein plus grand que nous, si tant est nous voulions bien le considérer comme un bien commun.
Et quand on est en cercle clos, les uns sur les autres il est plus difficile de maintenir cette référence, quand le quotidien et l’habitude submerge tout.
Et quand on est à distance, le point de repère extérieur à nous, le symbole prend une autre tournure. A l’image de celui qui a le mal du pays et dont la seule vue du drapeau le comble d’émotion. Quand on est éloigné de quelque chose que l’on chérit ou dont on a besoin, ce qui le symbolise prend encore plus d’importance à nos yeux. En cela, la distance ravive le désir de ce qui unit.
Paradoxalement, la distance pourrait donc être une aubaine pour la cohésion d’équipe. C’est le côté pile. La distance renforce le manque et donc le désir du projet : cause profonde de notre cohésion. Et ce désir incite à créer les conditions de sa réussite dont la cohésion d’équipe est un des aspects.
C’est beau ce que tu dis mais juste une question… que se passe-t-il quand le manque est trop grand ? Quand ce manque ne se transforme pas en désir plus fort et plus puissant mais en souffrance, qui éloigne et détruit ?
Ah dans ce cas, il y a un risque à ce que je cherche à combler le manque par d’autres moyens, et c’est le côté face. En créant le manque, la distance peut certes renforcer le désir mais elle est également porteuse de ce risque : celui d’aller voir ailleurs.
J’ai besoin de cette référence externe dont tu parles, ce drapeau, ce symbole, cette perspective qui unit. Mais si cette perspective me semble trop lointaine, elle peut également me décourager dans un « à quoi bon ? » las et dépité.
Sans parler de démissionner pour rejoindre un autre projet, mais c’est une option, je peux aussi tout simplement m’engager en dehors de l’entreprise sur des activités personnelles, associatives par exemple. Et progressivement je témoigne de beaucoup plus de détachement à l’égard de mon entreprise.
En d’autres termes, j’assouvis ma quête de sens, mon besoin de contribuer à quelque chose qui me dépasse, un bien commun mais ailleurs que dans mon travail. Et je réduis alors mes interactions avec mon équipe au minimum. La cohésion en prend un coup.
Entre le côté pile, la distance qui renforce le projet, et le côté face celle qui détruit la cohésion il y a tout un tas de nuances et même toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.
La réponse ne se trouve donc certainement pas dans un 100% distanciel absolu ni dans un 100% présentiel, les deux extrêmes – comme sur bien d’autres sujets – n’ont ici pas de sens, dès lors qu’il s’agit d’un métier télétravaillable. La question nous renvoie finalement au besoin d’équilibre que nous devons trouver.
Il s’agit de trouver la bonne proportion permettant à la fois de satisfaire les besoins de chaque individu qui compose l’équipe et de garantir le minimum d’interactions nécessaires au collectif.
Et ceux qui quantifient nous demandent alors, c’est quoi la bonne mesure ?
En fait… ce juste équilibre ne peut être trouvé qu’à l’échelle d’une entreprise voire plutôt de l’équipe, en laissant à chacun les justes marges de manœuvre permettant de s’organiser au mieux, dans la perspective commune : le projet !
En résumé, la distance peut renforcer la cohésion d’une équipe car elle attise le manque, et donc le désir, pour le projet qui l’unit, c’est le côté pile. Mais côté face, si ce désir reste insatisfait, la distance devient alors porteuse du risque d’aller le satisfaire ailleurs. Il faut donc trouver le bon équilibre …
J’ai bon cheffe ?
Oui tu as bon mais on ne va pas en faire toute une histoire