Les sources du mal-être au travail
Dans cette épisode nous décortiquons ce que sont les sources du mal-être au travail
Dans cet épisode, nous allons évoquer la question du mal-être au travail.
Beaucoup d’études nous parlent de désengagement des collaborateurs là ou d’autres soulignent leur implication dans le travail. On ne sait plus où donner de la tête. C’est de cela dont on va parler ?
Non car là nous ne parlons pas de désengagement ou de démotivation mais bien de l’étape d’après. Le mal-être. Et il est très frappant dans certaines organisations. Ont-elles quelque chose en commun ? Quelles sont les causes de ce mal-être parfois destructeur ? C’est quoi l’histoire ?
Pour comprendre ce mal être il faut distinguer ce qui vient de la société civile et ce qui vient des pratiques des entreprises. C’est sûr que les salariés ne déposent pas leurs valises d’emmerdes et d’angoisses à la porte de l’usine ou du bureau. Les salariés sont d’abord des personnes.
Et ce mal être provient de la perception de 3 phénomènes qui sont anxiogènes dans la société civile et qu’un certain nombre de pratiques organisationnelles et managériales inadaptées à la réalité des situations viennent amplifier.
En d’autres termes tu dis que le mal être qui se développe dans la société civile est amplifié par un certain nombre de pratiques en entreprise.
C’est exactement ça et on va essayer de les comprendre. Pour résumer les 3 causes du mal être sont : un sentiment d’absence de sens, un sentiment d’impuissance et un sentiment d’injustice.
Commençons par le sentiment d’absence de sens. Le sentiment de perte de sens est-il encore à démontrer dans la société civile au regard des mouvements sociaux de ces dernières années, des crises que nous traversons et du rejet progressif que l’on peut observer à l’égard des élites, d’un modèle capitaliste financier ultra dominant ?…
Tout ceci sonne comme une évidence mais en quoi l’entreprise viendrait amplifier ce phénomène ?
La plupart des gens estiment qu’au fond une entreprise – qu’elle soit publique ou privée – c’est un projet collectif qui a une raison d’être à laquelle, au travers de sa mission, ils contribuent. Et que cette entreprise doit rendre des comptes à la société civile et pas uniquement à son propriétaire, qu’il soit actionnaire ou l’état.
C’est d’ailleurs le sens de toute démarche RSE. Mais pourtant ce qu’ils observent dans leur quotidien c’est une allégeance aux intérêts du propriétaire. Dont les exigences, qui se traduisent souvent par des indicateurs inaccessibles, sont bien souvent peu compatibles avec le réel qu’ils vivent. Et c’est cela qu’ils considèrent comme étant une destruction du sens : celui de la raison d’être de leur entreprise, comme celui de leur métier.
C’est finalement ce décalage entre l’idée qu’ils se font de ce que doit être une entreprise et la réalité à laquelle ils sont confrontés qui nourrit une véritable dissonance cognitive source de souffrance.
Et d’ailleurs cette destruction de sens s’accompagne souvent d’une réduction d’autonomie, mais c’est un autre sujet.
Le 2ème thème source de mal-être est celui du sentiment d’impuissance. Là encore dans la société civile se développe le sentiment que les efforts collectifs et individuels qui sont consentis ne donnent pas les résultats attendus. Et c’est amplifié en entreprise par la réduction de l’autonomie que tu évoquais à laquelle vient s’ajouter les injonctions contradictoires permanentes auxquelles les gens sont confrontés dans leur travail.
Qui n’a jamais en effet vécu les joies des organisations matricielles entre un responsable hiérarchique qui ne veut ni blanc ni noir et un responsable fonctionnel qui dit : « surtout pas de nuances de gris » ?
Et ces injonctions contradictoires c’est aussi souvent un modèle, des processus, qui se heurtent au réel. Et ce réel les collaborateurs le connaissent parce qu’ils le vivent au quotidien. Ce sont tous ces paramètres qui viennent nourrir un profond sentiment d’impuissance.
Oui mais ça n’empêche pas les gens de travailler, il y a plein de gens qui continuent malgré tout à donner le meilleur d’eux-mêmes et à compenser ces déficits.
Tu as raison, mais c’est du coup là qu’intervient le troisième thème : le sentiment d’injustice. Dans la société civile se développent un sentiment de déclassement ou plus généralement l’idée que les efforts que nous produirons ne seront pas récompensés. Un sentiment d’iniquité, d’injustices sociales. Là encore les mouvements sociaux de ces dernières années nous le rappellent brutalement, parfois à juste titre.
Ceci est amplifié dans l’entreprise par les politiques de reconnaissance qui présentent 2 caractéristiques. La première c’est que la plupart des entreprises adoptent les mêmes modes de rémunération avec une part importante donnée à l’objectif dont on vient de voir qu’ils sont parfois contradictoires. Et puis il y a l’abandon de véritable politique de reconnaissance, au sens moral du terme. Les gens qui ne sont pas mercenaires et qui continuent à œuvrer pour l’intérêt du bien commun le font non seulement à l’encontre de leurs intérêts financiers immédiats mais en plus on ne les remercie pas vraiment.
En d’autres termes, tu dis que ces gens-là ils ont la double peine : Ils font quelque chose de bien pour le collectif et ça nuit à leurs intérêts financiers et ils n’en tirent aucune reconnaissance morale.
C’est sûr que ça nourrit un sentiment d’injustice et ce d’autant plus qu’on nous donne à voir que ceux qui déconnent, qui le ministre qui détourne des fonds, le syndicaliste qui fait refaire sont appartement aux frais de la princesse. Bref « salauds de pauvres », « salauds de riches », on ne nous montre que ce qui est mal, rarement ceux qui se comportent bien.
Et c’est donc bien tout ceci, qui nourrit un profond sentiment d’injustice.
En résumé, le mal être des salariés trouve sa source dans 3 sentiments : un sentiment d’absence de sens, une sentiment d’impuissance et un sentiment d’injustice. Ces 3 sentiments pré-existent en dehors de l’entreprise, et elle n’en est pas responsable, mais ils sont en revanche amplifiés dans certaines entreprises par leurs pratiques en matière d’organisation et de management, et ça elles pourraient le corriger.
J’ai bon cheffe ?
Oui tu as bon mais on ne va pas en faire toute une histoire