Agents IA et protocole MCP

Dans cet épisode nous allons tenter d’expliquer simplement la notion d’agents IA et le protocole MCP.

Le charme des sigles et des abréviations dont on ne sait jamais ce que cela veut dire ! Ou, plus exactement, dont la signification dépend complétement de notre univers de référence !

MCP, tu veux dire Moteur à Courant Pulsé ou Modèle de Comportement du Patient ? CQFD !

À moins que MCP cela ne soit l’abréviation de Mon Chef Patrick ? Ou Mahé Chef de Patrick ? Va savoir. Quitte à raconter n’importe quoi, essayons quand même d’être précis.

Ni l’un, ni l’autre, en l’occurrence MCP c’est pour Model Context Protocol. Un concept utilisé avec des agents d’intelligence artificielle. Te voilà bien avancé, hein ?

Voilà qui est plus clair en effet. Enfin juste pour l’abréviation, parce que pour le reste autant te dire que je ne vois pas trop ce dont il s’agit. Alors, agents IA et protocole MCP, c’est quoi l’histoire ?

Commençons par faire simple. L’intelligence artificielle, dont on sait qu’elle n’est pas intelligente au sens propre du terme, c’est-à-dire comme le serait un être humain, c’est comme un petit cerveau qui sait faire des trucs.

Un petit cerveau qui sait par exemple analyser et synthétiser un texte. On ne prendra que cet exemple. Mais pour que ce petit cerveau le fasse encore faut-il lui donner le texte et lui demander. Jusque-là tu piges, c’est ce que tu fais en utilisant un des aspects de l’IA, les robots conversationnels comme ChatGPT ou Claude.

L’agent IA lui c’est un peu la même chose sauf qu’on lui a donné une mission spécifique et qu’il agit un peu tout seul en fonction, par exemple, d’événements qui se passent. On va prendre un exemple en partant de celui qu’on a cité avant.

J’ai créé deux agents IA. Le premier c’est le roi de l’analyse de texte. Il analyse à merveille les textes qu’on lui donne, selon une méthode qu’on lui a enseignée et il sait parfaitement synthétiser selon un format qu’on lui a aussi donné.

J’ai un second agent IA, lui, c’est le roi de la rédaction, le spécialiste de la plume, qui sait transcrire à merveille ce que tu lui donnes, selon des styles d’écriture et des formats particuliers que tu lui as donnés.

Tu vois la combinaison géniale des deux ? Le premier, le roi de l’analyse et de la synthèse. Le second, le roi de la formalisation écrite. Alors, s’ils se mettent à bosser ensemble c’est encore mieux.

Imaginons maintenant que tu as un dossier où tu stockes tous les gros documents qui t’intéressent. Tu aimerais qu’à chaque fois qu’un nouveau document y est déposé, ton dernier bouquin par exemple, le premier agent IA l’analyse et en fasse la synthèse.

Et que le second agent IA fasse de cette synthèse brute plusieurs textes avec des styles différents pour des usages différents. Par exemple, une fiche de lecture et un article. Bien évidemment tu adorerais que tout cela se fasse automatiquement.

C’est-à-dire sans intervention de ma part. Sans être obligé de dire au premier agent IA tiens voilà le nouveau document et au second, une fois que le premier a fait son job, tiens fais-moi une fiche de lecture et un article. Parce que moi pendant ce temps je préfère aller prendre un café !

Voilà donc une combinaison d’automatisation et d’IA pour que l’agent IA puisse utiliser l’IA sans qu’on soit obligé de lui demander.

Or, une automatisation ce n’est qu’un ensemble de tâches qui s’exécutent sans nécessité d’intervention humaine. C’est là où ton fameux MCP intervient.

En fait c’est une sorte de cadre, un standard, un chef d’orchestre. J’ai un agent IA sur mon poste de travail qui utilise MCP. MCP en fonction du contexte appellera les agents IA qu’il faut.

Là MCP voit qu’un nouveau fichier arrive dans mon répertoire où je stocke mes gros documents. MCP active donc le 1er agent IA en lui demandant à ma place d’en faire la synthèse. Puis quand MCP voit que le 1er agent a fait son boulot, il déclenche le 2nd à ma place.

Et à la fin est-ce qu’il vient te chercher au bar d’en face où tu prenais ton café, pour te prévenir que tout est bien terminé, chef ?

Ca je ne crois pas mais il peut m’envoyer une notification. Maintenant imagine que le MCP n’est pas sur ton poste mais sur un serveur externe et fait appel à des agents IA qui sont disséminés dans la nature.

Le protocole MCP te permet d’orchestrer tout cela en utilisant notamment des API, en gros des interfaces de communication, avec un chatGPT par exemple.

Ton serveur MCP il va non seulement jouer le rôle de chef d’orchestre entre les agents IA, il va aussi gérer les événements, les logs, la sécurité etc. mais en plus il peut être utilisé par plusieurs utilisateurs en même temps.

On peut donc imaginer que cela devienne une manière de gérer des programmes informatiques en tant que tel au sein d’une entreprise. Notamment en RH. Donc un facteur de bouleversement potentiel du marché du SIRH par exemple. Mais c’est une autre histoire.

Dit caricaturalement, l’intelligence artificielle, c’est le cerveau. Un agent IA c’est un cerveau qui agit seul en fonction d’un but particulier, et MCP c’est le chef d’orchestre qui permet une automatisation intelligente de l’ensemble.

Tout cela serait merveilleux pour finalement automatiser intelligemment beaucoup de choses et donc gagner en productivité. D’abord individuelle, même si on sait que cela ne suffit pas à faire de la productivité collective, mais aussi collective par la nature même des processus qui peuvent être orchestrés.

Mais voilà, l’intelligence artificielle n’est pas exempte de défauts, ni de limite et encore moins d’erreurs, notamment quand on parle de LLM. Elle peut par exemple halluciner. Alors, de là à imaginer qu’on peut lui laisser les clés du camion sans vérification, il y a un pas.

On peut alors imaginer créer des agents IA dédiés à des missions de vérification pour, par exemple, croiser les résultats d’autres agents IA entre eux ou avec des informations existantes pour en apprécier la pertinence.

Mais, là encore, tout cela à un coût de ressources, y compris énergétiques, mais aussi de conception et de mise en œuvre. Or, à multiplier les agents IA pour contrôler des agents IA, cela ne vaudra pas forcément la peine. Surtout quand, d’un seul coup d’œil, le salarié expérimenté te dira la grosse connerie que la machine t’aura sortie.

Le schéma peut être infini puisque l’agent IA contrôleur peut se tromper lui aussi. Donc on créera des agents IA contrôleurs de contrôleurs. Orwell n’est jamais très loin et la bureaucratie, si chère au besoin de contrôle, s’appliquera peut-être là encore.

Parce que l’IA, comme les outils qui l’utilisent, reflète nos peurs, notre culture. Elle est à notre image. Les bureaucrates feront des agents IA bureaucrates et les « freestyleurs freestyleront ». In fine, êtres humains et agents IA, tout ce petit monde se trompe inévitablement.

Roland Topor disant que « l’erreur, comme le rire, est humaine ».

L’IA ne rit pas, elle.

En résumé, les agents IA sont des outils qui utilisent une IA de façon autonome en fonction d’événements. MCP est un protocole qui permet d’en faire interagir plusieurs en fonction d’un contexte et de son état pour enchaîner intelligemment différentes tâches.

J’ai bon chef ?

Oui tu as bon mais on ne va pas en faire toute une histoire.