La valorisation en équivalent salaire

Dans cet épisode, nous allons expliquer les grands principes de la valorisation en équivalent salaire qu’on utilise en rémunération globale.

« Qui borne ses désirs est toujours assez riche » disait Jacques Delille. Enfin, c’est un peu comme celui qui dit à la fin du match « ce n’était qu’un jeu », c’est souvent le vainqueur, rarement le perdant.

Mais comme on est bon joueur, en l’occurrence on va jouer un peu avec les chiffres pour parler salaire.

Tu veux être plus riche ? On ne te demandera pas de borner tes désirs mais on va t’inviter à t’enrichir d’une méthode. Une méthode qu’on utilise en matière de rémunération globale. Alors, la valorisation en équivalent salaire, c’est quoi l’histoire ?

On ne va pas revenir en détail ici sur la notion de rémunération globale. Si ce n’est pour rappeler que c’est ce qui correspond à tout ce qui a une valeur pour le salarié et un coût pour l’entreprise.

Il y a donc de multiples composantes de cette rémunération globale. Des éléments comme le salaire bien sûr, c’est ce à quoi chacun d’entre nous pense en premier, mais il y en a plein d’autres, comme les avantages en nature, l’abondement au plan d’épargne entreprise ou encore des stock-options.

Les listes à la Prévert c’est joli mais on a vite fait d’additionner les choux et les carottes. Or, en la matière, si « comparaison n’est pas raison » pour reprendre les mots de Raymond Queneau, on a quand même besoin de comparer.

En effet, on a besoin de comparer, ne serait-ce que dans une perspective d’équité interne, l’un des piliers essentiels d’une politique de rémunération avec la compétitivité externe.

Pour comparer, il faut ramener les choux et les carottes à une norme comparable. En matière de rémunération globale, cette norme de comparaison, c’est ce qu’on appelle « l’équivalent salaire ».

Dit autrement, quel est le montant de salaire brut – donc ce qu’il y a en haut de ta feuille de paie – qu’il te faudrait pour acquérir ce dont on parle au prix du marché. Comme ça on additionne ou compare des salaires bruts et pas des bananes et des vélos.

Il faut donc ramener chaque composante de la rémunération globale à son équivalent salaire. Pour cela, on utilise des méthodes de valorisation qui permettent en l’espèce, et c’est le cas de le dire, de calculer ce montant de salaire brut qu’il faudrait pour acquérir cette composante.

Le principe général est simple à comprendre.

Pour dépenser 1 euro, c’est-à-dire sortir un euro de ta poche, il te faut vraisemblablement plus, car avant tu as certainement payé des impôts sur les revenus, sauf si tu n’es pas imposable.

Dit concrètement entre ton salaire net et ce que tu peux dépenser il y a les impôts. Et après, entre ton salaire net et ton salaire brut, il y a les charges sociales que tu as payées.

Donc en substance, on remonte la valeur de la composante des impôts et des charges sociales pour trouver le montant de salaire brut qu’il t’aurait fallu pour l’acquérir in fine c’est-à-dire net d’impôt et de charges sociales.

Exemple à la louche. La valeur de l’avantage en nature est de 100 euros. Admettons que tu sois à un taux d’imposition marginal de 15%, cela signifie qu’il te fallait 117,64€ avant impôt pour dépenser 100 après impôt. 100 divisé par 1 moins 0,15, ou 100 divisé par 0,85, ce qui fait 117,64€.

117,64€ de salaire avant impôt moins 15% d’impôt sur ces 117,64€, il reste bien 100€ à dépenser, c’est juste. Supposons que le taux de charges sociales salarié soit de 20%, on applique le même principe pour remonter du salaire net avant impôt au salaire brut.

Donc 117,64€ divisé par 0,8 ce qui fait en gros 147€. Moralité de cet exemple à la louche, il te fallait un salaire brut de 147 euros pour acquérir ton avantage qui en vaut 100. L’équivalent salaire est de 147€ et on peut le comparer à ton salaire mensuel par exemple, évidemment exprimé en brut.

Le principe est assez simple à comprendre dans sa logique. La subtilité évidemment provient des différentes composantes qui ne sont pas toujours si faciles à appréhender.

Il faut en effet réussir à apprécier la valeur marché de cette composante. Si c’est la part entreprise d’un ticket bouffe par exemple c’est assez simple. On sait ce que l’entreprise paye par ticket et le nombre de tickets, ce n’est pas trop dur de déterminer la valeur de l’avantage.

Et encore. Car selon les cas, il peut y avoir une partie une partie dans l’assiette des cotisations sociales. Peut-être faudra-t-il la déduire pour ne pas pénaliser le salarié. Mais c’est un autre sujet.

Prend une voiture de fonction par contre, c’est déjà plus compliqué de déterminer la valeur. D’abord, on ne parle que de l’utilisation de la voiture à titre personnel, pas de son utilisation pour raison professionnelle et en plus il y plein de paramètres, comme l’entretien, l’assurance, etc.

Lorsqu’il s’agit d’avantages en nature, on reste néanmoins dans quelque chose qui n’est pas si compliqué que cela. Il suffit d’apprécier la valeur de l’avantage, veiller à la part éventuellement réintroduite en cotisations, et hop une règle de trois.

L’exercice devient bien plus difficile quand la valeur de la composante est difficile à cerner. Notamment lorsqu’il faut poser des hypothèses pour pouvoir la déterminer.

Pour illustrer, on ne prendra qu’un seul exemple. Les stock-options. C’est une option qu’on te donne, qui n’a de valeur que si tu la lèves. Et la valeur qui résulte de cette levée dépend de la différence entre la valeur des titres au moment où tu lèves l’option et le prix de l’option quand on te l’a attribuée, c’est-à-dire le prix d’acquisition pour toi.

On voit le genre d’hypothèses que cela suppose pour faire le calcul maintenant de la valeur de quelque chose qui pourrait arriver plus tard. On prend une norme ? Genre un discount de 10% sur la moyenne du cours sur les 10 derniers mois ?

Ou on dit que cela ne vaut rien tant que l’option n’est pas exercée et que par conséquent on n’en tient pas compte maintenant.

Oui mais si on t’en attribue tous les ans ? On voit là les interminables débats qui peuvent résulter de cette volonté de raisonner en rémunération globale. Mais c’est un autre sujet.

En résumé, valoriser en équivalent salaire c’est calculer le montant de salaire brut nécessaire pour acquérir un élément de rémunération à sa valeur marché, donc après charges sociales et impôts sur le revenu. Cela pose donc la question de la valeur dudit élément et de se mettre d’accord sur la manière de l’apprécier.

J’ai bon chef ?

Oui tu as bon mais on ne va pas en faire toute une histoire.