La charge de travail, c’est quoi ?
Dans cet épisode nous allons nous intéresser à la notion de charge de travail pour essayer de mieux la comprendre.
Dans cet épisode nous allons nous intéresser à la notion de charge de travail pour essayer de mieux la comprendre.
« Stop the race » chef je n’ai plus du tout de bande passante là. Je suis charrette ! J’en ai ras le goulot et je sens que tu vas me demander la goutte d’eau qui va faire déborder le rouleau.
Euh le vase non ?
Oui c’est ça je suis au bout du vase ! La goutte d’eau qui fait que je suis sous l’eau alors que ce n’est pourtant pas la mer à boire… une goutte d’eau. Genre je suis en mode pulvérisé, éparpillé comme Morales, tu vois ?
Oh mais chef ce n’est qu’une goutte d’eau et puis crois moi le travail c’est une question d’habitude ! « Le boulot, c’est un truc qu’il vaut mieux commencer jeune : tu prends le pli et t’y penses plus. » disait Audiard
Tiens tu cites Audiard toi ? Non en vérité, la charge de travail c’est un vrai sujet. Elle t’amène vite à un sentiment d’impuissance destructeur quand tu ne la supportes plus. Mais le sujet est moins évident qu’il n’y paraît. Alors, la charge de travail, c’est quoi l’histoire ?
Commençons par le début. Ce que tu évoquais il y a un instant ce n’est pas la charge de travail mais en l’occurrence la surcharge de travail. Ou plus exactement ton sentiment d’être surchargé de travail.
Il s’agit donc, pour l’intéressé, à savoir celui ou celle qui travaille, d’un sentiment porté sur la charge que l’on doit absorber. Et comme tout sentiment c’est subjectif. C’est-à-dire lié à l’appréciation du sujet.
Dit en d’autres termes, pour une même charge de travail à réaliser, chacun ne réagira pas de la même manière. Et là entre en jeu une infinité de facteurs personnels, y compris ceux liés à ce que tu vis en dehors du travail.
Un salarié ce n’est pas une personne qui arrive le matin au travail et qui pose sa valise d’emmerdes personnelles à la porte de l’usine ou du bureau pour la reprendre en partant le soir. C’est une personne une et entière, non découpable, qui vient avec son lot d’emmerdes de la vie comme tout le monde.
Ce qui influe évidemment sur sa manière de ressentir sa charge de travail. Il y a plein d’autres facteurs. Le sentiment que ce que tu fais est inutile par exemple et qui, à charge de travail réelle comparable, te fais réagir différemment
Un peu comme dans cette réunion où tu t’emmerdes où les 10mn qui restent te semble interminables. Tu sais ces 10mn qui t’ont donné l’impression d’en être que 2 le matin quand tu as appuyé sur la touche snooze de ton réveil.
Euh tu veux dire le rappel d’alarme de ton smartphone ?
Yes. Et à charge égale, ton sentiment sur la reconnaissance de l’effort que tu as fait joue aussi. Bref, la question de ta perception de la charge de travail est indissociable d’une approche plus globale des facteurs du mal-être au travail.
On distingue donc ici finalement la charge de travail telle que tu la ressens de la charge de travail réelle. À même réalité, des ressentis différents. Parce qu’on est tous différents.
Et oui. Ce qui pèse à l’un ne pèse pas nécessairement à l’autre de la même manière. Ce n’est pas trop dur à comprendre.
Mais si on en revient à la charge réelle de travail, indépendamment du regard que chacun porte dessus. Ça au moins c’est simple, c’est ce qu’on a à faire et ça ne se discute pas trop non ?
Et bah non justement. Entre ce qu’il faut faire, l’objectif à atteindre par exemple, et ce qu’on fait vraiment dans les faits, ce n’est pas la même chose.
Tu devais faire un truc simple. Par exemple, établir l’ordre du jour de la prochaine réunion et l’envoyer aux participants. Fastoche ! Tu connais le projet, tu fais une proposition qui coule de source, chacun suggère quelques ajustements et c’est bon non ? Allez, hop max une demi-heure de taf.
Mais c’est sans compter sur les jeux de pouvoir des uns des autres, celles et ceux qui mettent leur grain de sel là où on n’en a pas besoin, le sujet imprévu important qui est … imprévu, le mail que tu as reçu auquel tu n’as rien compris, celui qui te dit qu’il n’est pas d’accord avec toi mais qui l’est en vérité.
Les joies de la vie… Les inconstances, les inconsistances, les susceptibilités, les imprévus, l’incompétence, les à peu près, … tout ce qui fait qu’entre ce qu’on t’a demandé et ce que cela te demande vraiment, ce n’est franchement plus la même chose. Tu as perdu ton temps, ronger ton frein et supporté une charge mentale inutile.
Il y a donc parfois un écart significatif entre ce que l’on te demande et la charge de travail réelle que cela entraîne parce que rien ne se passe comme on l’avait prévu.
Bon, qu’on ne pense pas à l’imprévu… je comprends l’imprévu est imprévisible ! Mais qu’on sous-estime systématiquement le facteur humain cela me surprendra toujours… et puis l’incompétence arrrggggh que c’est insupportable de devoir compenser ce que les autres ne font pas
Non seulement cela te rajoute une charge de travail réelle à ce qu’on t’a demandé mais parfois, lorsque tu dois compenser ce que d’autres, qui s’en foutent royalement et profitent habilement du système, n’ont pas fait, tu vis cela comme une injustice.
Et cette injustice renforce ton sentiment d’impuissance face à la charge réelle que tu as devant toi. Ou alors, tu t’en fous, et tu dis « c’est pas mon job, adressez-vous au guichet 28… »… Tu baisses les bras.
Dit en d’autres termes, entre ce qu’on te demande, ce que cela entraîne vraiment et ce que tu ressens à la fin, ce n’est pas le même truc, c’est ça ?
En quelque sorte oui. Il y a en effet 3 aspects différents. Ce qu’il y a à faire et ce qu’on imagine que cela représente 2. Ce qu’il faut faire réellement parce que rien ne se passe jamais comme prévu et 3 ce que l’on ressent, qui est par nature variable d’une personne à l’autre.
A toi, qui te sens débordé, et qui a tout de même pris le temps de nous écouter tout ce temps, 1. On te remercie et 2. « Stop the race ». Pose ton crayon un instant pour te demander d’où provient vraiment ce sentiment qui te pèse. Et s’il le faut demande de l’aide !
En résumé, la charge de travail n’est pas une notion si simple que cela à appréhender. Il y a 1. la charge que l’on a imaginée, la charge de travail prescrit, 2. la réalité de ce qu’il faut faire dans les faits, la charge de travail réelle et 3. ce que les personnes en ressentent, la charge de travail ressentie.
J’ai bon chef ?
Oui tu as bon mais on ne va pas en faire toute une histoire