Apprendre – le socle de toute démocratie

Dans cet épisode, nous allons démontrer qu’un des socles de nos démocraties repose sur notre capacité à apprendre.

Dans cet épisode, nous allons démontrer qu’un des socles de nos démocraties repose sur notre capacité à apprendre.

Vraiment ? On est obligé d’apprendre ? Parce que, qu’on se le dise, c’est long, fastidieux, éprouvant… Et puis moi c’est bon j’ai mon BAC alors pourquoi j’aurais besoin de continuer à apprendre.

Pour être moins con ! Et je t’assure qu’il y a du boulot ! Alors évidemment c’est difficile. Mais déjà considère que toute expérience est source d’apprentissage, je ne t’invite pas obligatoirement à retourner sur les bancs de l’école. Et surtout, que c’est une des conditions du maintien de nos démocraties. Alors, c’est quoi l’histoire ?

Entrer dans une démarche personnelle d’apprentissage, c’est chercher à lutter contre la tendance naturelle de son système de représentation à se refermer sur lui-même. Dis autrement, il s’agit de s’ouvrir à l’inconnu, à ce qui nous est étranger et qu’on ne comprend pas de prime abord.

Et c’est ce qui nous distingue du « barbare » ! A l’origine, le barbare c’est celui qui détruit ce qu’il ne connait pas avant de chercher à le rencontrer. Or, apprendre c’est bien chercher à rencontrer la chose ou l’Autre. L’Autre dans les deux sens étymologiques d’ailleurs.

Allez… ça y est il est parti pour un cours de philo. C’est vraiment obligé ?

Non ce n’est pas obligé, tu peux écouter un autre podcast, mais si tu veux apprendre quelque chose… c’est parti pour un minimum d’efforts 😉

OK on y va : Autre a deux sens étymologiques : Alter et Alio.

  • Alter : c’est ce qui est différent de moi et que j’appréhende en le comparant à moi. Je suis la référence, l’autre est autre car il n’est pas moi.
  • Et Alio c’est toujours l’autre mais l’autre dans l’absolu. Il est radicalement autre, sans comparaison avec quelque chose ou quelqu’un d’autre.

OK merci pour ta minute nécessaire Monsieur/ Madame Cyclopède mais c’est quoi le lien avec notre sujet ?

Et bien, chercher à apprendre c’est chercher à comprendre l’Autre (qui peut être une personne ou une chose d’ailleurs) sans pour autant vouloir le saisir ou le posséder mais en s’y intéressant, avec sincérité et générosité. Cet effort d’ouverture constitue la base sans laquelle aucune société humaine n’est possible – à considérer qu’une société n’est pas une somme d’individus clonés mais un tout composé de personnes singulières et entières.

Donc finalement apprendre c’est la condition pour ne pas nous enfermer davantage dans un entre soi qui exacerbe nos individualités aux dépends de ce qui nous unit collectivement.

Et ce qui nous unit en tant qu’humain c’est notre capacité à penser. Et si on veut continuer à penser, on a plutôt intérêt à apprendre. Mais c’est un autre sujet.

L’apprentissage est ainsi une condition de vie en société, du « vivre ensemble ». Mais quel est le lien avec la survie de nos démocraties ?

Pour que chaque membre qui compose la société puisse apporter sa propre contribution notamment sa voix au chapitre lors des élections, encore faut-il qu’il dispose des moyens de se forger ses propres convictions.

Dans cette perspective, toute société démocratique devrait veiller à préserver et entretenir en permanence cette caractéristique qui lui permet fondamentalement d’exister : l’esprit critique de ses membres.

Or, développer ce sens critique repose sur un accès à un socle culturel minimal qu’il convient d’enrichir en continu – c’est-à-dire apprendre.

Un collectif dont aucun de ses membres ne ferait l’effort d’apprendre est condamné à revivre ses erreurs à l’infini. Prôner l’intelligence collective ne doit pas faire perdre de vue que dans tout collectif démocratique chaque individu est responsable du Tout. Appartenir à un collectif et bénéficier de ses atouts c’est en effet aussi en prendre sa part de responsabilité.

Chacun doit donc faire l’effort d’apprendre afin de contribuer à son progrès personnel bien sûr, mais aussi à celui du collectif. Apprendre pour progresser humainement, apprendre de nos erreurs avec la volonté de contribuer à construire un monde meilleur.

À l’image de Léonard de Vinci qui invitait à ce que notre « tableau soit toujours une ouverture au monde », appréhendons l’apprentissage comme une ouverture qui libère, renouvelle et enrichit. Comme toute terre qu’on laboure pour la fertiliser, cela vaut bien quelques efforts.

En résumé, apprendre est une des conditions de la survie de nos démocraties. D’abord parce que c’est une condition de l’ouverture à l’Autre donc du vivre ensemble et ensuite parce que sans culture et esprit critique minimal les citoyens ne peuvent réellement disposer de leurs droits, notamment de vote.

J’ai bon chef ?

Oui tu as bon mais on ne va pas en faire toute une histoire