La fonction RH n’existe pas

Dans cet épisode, nous allons expliquer pourquoi la fonction RH n’existe pas…

Dans cet épisode, nous allons expliquer pourquoi la fonction RH n’existe pas…

Bah oui, elle n’existe plus ? Elle a été remplacée par des Chief Happiness Officers qui s’occupent du bonheur des gens malgré eux ! C’est ringard non de parler de la fonction RH ?

Mais non ! Pas « bah oui » ! Elle n’a pas été remplacée du tout ! Et fort heureusement d’ailleurs ! Je croise régulièrement des praticiens de ladite fonction RH qui font remarquablement bien leur métier et le plus souvent humblement dans l’ombre…

Donc elle existe ! Et paf ! Ton podcast au titre à la noix et racoleur, il est mort dans l’œuf dès la 4ème phrase ! Cela t’apprendra à vouloir faire le malin. La fonction RH, elle existe puisqu’il y a chaque jour des articles et des études qui nous expliquent que la fonction RH est comme-ci ou comme ça …

Pas si sûr et surtout pas si simple que cela cheffe. Allons un peu plus loin que le bout de nos deux nez. La fonction RH n’existe pas, c’est quoi l’histoire ?

Combien de fois certains caricaturent la fonction comme un coupeur de têtes ou au contraire une sorte de bureau des pleurs ? Quand d’autres la réduisent à un producteur de fiches de paie spécialiste pointu du réglementaire ou un expert du droit social et de la négociation avec des partenaires sociaux.

Et alors on y va de caricature en caricature, n’hésitant pas à la « basher » et l’affubler de tous les maux.

A dire vrai, ce n’est pas bien difficile quand on ne la connaît pas ! Et comme toujours c’est aussi faux que contre-productif surtout si on ne s’intéresse pas vraiment aux choses. Mais ce n’est pas de ces caricatures dont il s’agit. N’en voulons pas à celles et ceux qui ne savent pas, de ne pas savoir. Ce n’est pas plus grave que cela.

Mais, en revanche, il y a celles et ceux qui savent. Ou qui devraient savoir. Ou qui prétendent savoir. Parmi ceux-là, combien présentent la fonction RH comme s’il s’agissait d’un concept homogène qui revêt la même forme partout ?

C’est vrai que c’est perturbant. Quand tu lis par exemple des affirmations du genre « les DRH s’engagent dans le digital » ou « les DRH pensent que je ne sais pas quoi » tu te demandes quand même, mais c’est qui « les DRH » ? Toutes les entreprises ? Elles sont donc toutes les mêmes ?

Or, si on connaît un peu la réalité du métier et surtout de la vie des entreprises, il ne faut pas sortir de la cuisse à Jupiter pour savoir que la disparité des situations, des représentations, des périmètres ou même des manières d’exercer le rôle est extraordinairement grande.

On met d’ailleurs au défi ces gens-là de répondre aux étudiants qui nous demandent « s’il vous plaît, dessine-moi la fonction RH ». : à qui est rattaché le recrutement, et le SIRH, et les relations sociales, et y a quoi dans le Talent management, et la RSE dans tout ça ?

Ils auront vite fait à l’image de Saint-Exupéry de dessiner une boîte, laissant agir l’imagination du Petit Prince.

Parler en effet au nom d’une fonction, ou des entreprises, cela mérite un peu plus d’attention à la diversité de ce dont on parle. Mettre dans le même sac, une coopérative agricole ou une mutuelle et une entreprise cotée en bourse, je ne suis pas bien sûr que cela veuille dire grand-chose.

Et même au sein d’entreprises qu’on pourrait penser comparable, deux producteurs laitiers ou deux entreprises du luxe par exemple, autant dire que la conception du métier et la culture RH peuvent être très différentes.

Sans parler du fameux couple DG-DRH qui à lui seul conditionne des représentations aussi bigarrées que les couleurs de la chemise Hawaïenne de Magnum. Ou même, deux personnes qui occupent successivement le même poste de DRH dans la même entreprise, tu verras que les collaborateurs, comme la DG d’ailleurs, peuvent vivre des situations diamétralement opposées.

Mais alors s’il n’y a pas une fonction RH mais une somme de cas particuliers, pourquoi autant d’études, d’articles et autres commentaires qui en parlent ainsi comme d’un ensemble homogène ?

Peut-être parce certains se disent : si on a quelque chose à vendre à la fonction RH, il faut qu’on lui parle d’elle. Alors on lui parle d’elle. Tu sais du genre le vieux dragueur ou la vieille dragueuse aussi plouc que plouc : « les femmes (ou les hommes) sont comme çi ou comme ça ». Alors que sa cible, et j’emploie le mot à dessein pour le plaisir du parallèle avec le marketing, attendait peut-être juste qu’on s’intéresse à elle ou à lui. En tant que personne.

Oui mais ça demande qu’on y consacre du temps d’une part et, d’autre part, d’apporter une réponse à la personne donc personnalisée. Et quand on préfère reproduire, ou qu’on a un produit qui n’est pas vraiment fait pour s’adapter, ou qu’on préfère l’éviter pour préserver sa productivité et sa marge, on passe par le détour de la généralisation.

Les plus malins questionnent pour avoir des insights puis ils segmentent, ils appellent cela des persona. Les moins malins, comme ils n’ont rien à dire à leur cible, et bien il l’interroge pour lui dire ce qu’elle leur a justement dit.

Bon allez on arrête de dire du mal, c’est la loi du genre au fond, et personne n’est dupe.

En tout cas pas la fonction RH…

Tu veux dire certaines personnes qui exercent le métier RH et pas d’autres ? Oui bien sûr !

En résumé, la fonction RH n’est pas la même d’une entreprise à l’autre et de nombreux facteurs influent sur son périmètre comme sur la manière d’exercer la fonction. Parler d’une fonction RH comme s’il s’agissait d’un concept homogène et uniforme relève de la caricature et apporte peu à une réelle connaissance du métier.

J’ai bon chef ?

Oui tu as bon mais on ne va pas en faire toute une histoire