Mission, vision et valeurs

Dans cet épisode nous allons revenir sur trois notions fondamentales de la vie des entreprises et qui forgent leur destin comme leur culture : la mission, la vision et les valeurs.

On veut du sens hein ! On l’appelle de nos vœux à chaque instant comme une incantation ! Il faut donner du sens à tout et surtout à ce qui n’en n’a pas ! Pourtant, si cela fait sens et bien il n’y a plus besoin d’en donner, juste l’expliquer à celles et ceux qui ne le voient pas.

Et on veut donner du sens à l’entreprise ! On veut la réenchanter en lui plaquant parfois une raison d’être à force de devises aussi alléchantes que fakes ! Un peu comme on jouerait un joli air de pipeau sur un tas de fumier !

Non Mahé ça c’est le coq, le symbole de la France. Mais ce qu’on appelle de nos vœux ici, et dont nous ne questionnerons pas l’authenticité dans ce podcast, c’est au fond trois notions essentielles que connaissent bien les anglo-saxons et qui sont fondatrices de ce qu’est une entreprise, ce qui fait sa culture et qui forge son destin. Alors mission, vision et valeurs c’est quoi l’histoire ?

Les mots ont un sens, et justement, commençons par la mission. Prends la loi Pacte qui a ouvert la voie à de nombreuses entreprises pour devenir des entreprises à mission. On pourrait penser que ça suffit non ?

La mission en l’occurrence c’est la raison d’être de l’entreprise. Ce pour quoi elle existe. Et tu as raison de le rappeler, c’est très structurant. Cela relève de la dimension ontologique de l’entreprise. Une caractéristique de ce qu’elle est. C’est un constituant essentiel de son identité. Pourquoi es-tu là ? La question qui tue !

Qui suis-je ? Où vais-je ? Pourquoi ? Ça taraude les nuits, de l’enfance jusqu’à la fin du voyage non ? La mission, c’est la réponse à cette question : pourquoi sommes-nous là : notre raison d’être. Mais c’est insuffisant pour définir ce que l’on est. La dimension ontologique de l’entreprise, réside aussi dans ses valeurs. Et pour une raison simple : voilà pourquoi on est là et voilà ce qui guidera notre action pour le faire !

J’ai presque envie de dire que la valeur vient des valeurs. Mais ça ne suffit pas, on y reviendra. Les valeurs, c’est un vaste sujet et complexe. Il y a parfois, pour ne pas dire souvent, un décalage entre les « valeurs » qu’on énonce et la réalité de ce qu’on est dans les faits. Et ce décalage peut venir de plein de raisons différentes. Citons deux raisons possibles pour éclairer notre réflexion sur ce thème mission, vision et valeurs

La première complexité des valeurs c’est le décalage entre ce qu’on croit être et ce qu’on est vraiment. Ou en d’autres termes l’écart entre ce qu’on affiche, ce qu’on dit et ce qui se passe en vrai. Ce décalage, parfois vient simplement du fait qu’on affiche des valeurs parce que ça fait bien mais qu’en réalité on s’en fout. Du maquillage pour masquer la vérité de ce que l’on est.

Oui … genre on veut faire du bien, genre business for good. Mais en vérité c’est surtout pour le nôtre de bien hein, pas celui du client ! Bref, le fake total. Mais ce n’est pas la seule raison pour laquelle il peut y avoir un décalage important entre l’affichage et la réalité.

Une autre raison peut venir du fait qu’il n’y a rien de plus abstrait que les valeurs. La manière de les traduire concrètement peut être très différente d’une personne à l’autre et si l’on n’a pas pris la peine de faire cette traduction on s’expose à ce décalage. En fait, à croire que quelque chose est évident, c’est le meilleur moyen de laisser des écarts dans les représentations. Si c’est si évident alors pourquoi ne pas le formaliser ?

Tiens prends un exemple simple. On dit que la ponctualité est une de nos valeurs. Mais c’est quoi être ponctuel ? Etre là à 8H, c’est 8H pile poil ? ou 1 à 2 mn après ? Ou 5mn en avance pour ne pas te mettre toi en retard à 8H.

Bon là on tient les deux premiers termes qui forgent notre identité. Pourquoi on est là et ce qui guide nos décisions. Mais moi ça ne me suffit pas pour tenter l’aventure. L’amour de la mer et les valeurs qui guident l’équipage, même pour les beaux yeux du capitaine, pas sûr que cela suffise pour m’embarquer !

Et oui il y a le troisième terme, la vision. Et c’est une dimension qu’on oublie parfois. On croit inconsciemment que cela suffit de savoir pourquoi on est là et ce qui nous unit. Mais il y a aussi l’ambition qu’on se donne. En d’autres termes avoir une mission mais aussi qualifier l’ambition qu’on se donne sur cette mission.

En entreprise c’est une réflexion essentielle. On peut la résumer ainsi : que souhaitons-nous être dans 5 ou 10 ans. On sait ce que l’on est, c’est notre mission, on sait ce qui nous guide, nos valeurs, mais que voulons-nous devenir ? L’identité ce n’est pas un stock ! C’est une dynamique. On ne vit pas seulement de savoir qui on est et à quoi on se rattache !

Je pense à cette si jolie phrase d’Edgar Morin, je suis devenu mes rencontres. L’identité elle est devant nous pour reprendre les mots de Jean Marie Tjibaou ! C’est au fond cela la vision : que voulons-nous devenir collectivement ! On se donne quoi comme objectif ? comme ambition sur cette raison d’être ?

Ma raison d’être c’est de nourrir la planète tiens par exemple. Mais c’est quoi nourrir la planète pour toi dans 10 ans ? A l’aune de quoi tu estimeras avoir honoré ta mission dans un champ de contraintes donné. C’est bien cette combinaison de mission et de vision qui doit fédérer le corps social.

En d’autres termes, quelle est l’intention ? C’est quoi ce que tu veux et qui te servira de filtre au regard de ce qu’il faudrait et de ce que tu peux ! L’intention ! Les anglo-saxons disent « purpose » et ce n’est pas que la mission tu as raison. C’est aussi son ambition donc la vision.

En l’occurrence donc on a l’aventure de la mer, la destination et les valeurs de l’équipage ! Il ne nous manque plus que le capitaine, mais ça c’est une autre histoire !

En résumé, la mission c’est la raison d’être d’une entreprise. Sa vision c’est l’ambition qu’elle se donne dans la réalisation de sa mission, et les valeurs ce sont les principes qui la guident dans cette réalisation.

J’ai bon cheffe ?

Oui tu as bon mais on ne va pas en faire toute une histoire