Mais c’est quoi la valeur ?
Dans cet épisode, nous allons essayer de mieux comprendre ce qu’est la notion de valeur
Dans cet épisode, nous allons essayer de mieux comprendre ce qu’est la notion de valeur
De la valeur travail – dont on nous rappelle l’importance – aux valeurs qui font « l’ADN de la boîte » – qu’on traduit en comportements in et out – en passant par la « valo » qui fait briller les yeux des « startuppers de la tech », la notion de valeur est au cœur de la vie de l’entreprise, non ?
Tu parles de quoi exactement là ? De la valeur ajoutée ? des valeurs morales ? De la valeur nette comptable ? De la valeur marchande ou du prix ? Bref, il y a de quoi se perdre avec ce mot qu’on emploie souvent et qui finalement ne semble pas si clair que ça ! Alors, la valeur, c’est quoi l’histoire ?
À une époque où il est devenu monnaie courante de faire appel au sens, on sent bien le retour des valeurs. Un peu comme si l’on passait d’une obsession de LA valeur à la proclamation DES valeurs. Alors à défaut de parler du sens des valeurs parlons de la signification du mot valeur.
Commençons par la première distinction que l’on peut faire entre d’une part les valeurs et d’autre part la valeur. Tiens les valeurs morales par exemple.
Oui ce qui distingue au fond ce qui est bien ou mal, une sorte de corpus de principes à suivre pour bien se comporter comme le respect de l’autre, la tolérance etc. Et on voit bien alors qu’un groupe de personnes va se reconnaître dans un ensemble de valeurs.
Un ensemble de principes qu’elles jugent importants et reconnaissent chez les autres et grâce auxquels elles leur donnent du crédit. Donc des principes qu’elles valorisent … Tout est subjectif !
On voit vite arriver ici la première difficulté : le caractère objectif ou subjectif de la notion de valeur. Nous ne débattrons certainement pas du caractère potentiellement universel ou pas des valeurs morales. Mais on reviendra plus loin sur cette idée de subjectivité.
Les valeurs morales ne sont donc pas la valeur économique. On voit qu’il peut y avoir plusieurs sortes de « valeurs ». On peut en imaginer d’autres : tiens la valeur sentimentale d’un objet par exemple, ce n’est pas nécessairement la même que sa valeur marchande !
On peut prendre l’exemple de l’urinoir de Marcel Duchamp en 1917. « La fontaine » ! Un simple urinoir, vendu aux enchères par Sotheby’s plus d’un million de dollar en 1999 à un homme d’affaires …
Ca fait cher du chiottard oui et j’en ai vu des moins chers chez Bricomarché ! Et pourtant celui qui l’a acheté a dit qu’à ses yeux « cela représente les origines de l’art contemporain ». La valeur est bien subjective mais il y a aussi une autre forme de valeur qui apparaît dans cet exemple : une valeur historique, sociale, etc.
Alors que pour d’autres cela ne représente qu’une valeur fonctionnelle : un pissoir. La notion de valeur est donc non seulement subjective mais aussi protéiforme. Elle peut prendre plusieurs formes : morale, économique, marchande, historique, etc. Concentrons-nous sur la valeur économique et revenons à cette idée de subjectivité.
On distingue en effet dans le champ de l’économie ce qui peut relever d’une valeur objective c’est-à-dire appréciée de façon objective – donc indépendante de l’évaluateur – et la valeur subjective c’est-à-dire dépendant de l’appréciation d’un tiers. Une même chose à non seulement plusieurs formes de valeurs comme tu as dit mais n’a pas la même valeur aux yeux de tout le monde.
Ca renvoie à une « pensée » de Pascal « plaisante justice qu’une rivière borne ! Vérité au‑deçà des Pyrénées, erreur au‑delà » … donc même les valeurs morales pourraient être subjectives …
Non on ne va pas revenir là-dessus !
Et donc en parlant de valeur subjective on lie intimement la notion de valeur à celle de jugement. Et donc le prix qu’on est prêt à mettre ce qui n’est pas nécessairement la valeur objective. Warren Buffet disait que « le prix est ce que vous payez, la valeur est ce que vous obtenez. » Le prix et la valeur ne sont donc pas la même chose. Et le prix de la transaction c’est le point d’accord entre vendeur et acheteur.
Comme le rappelle André Comte-Sponville dans une conférence sur le bonheur et le travail, le travail n’est pas une valeur morale précisément parce qu’il a un prix, celui qu’on vous paye pour votre contribution. Et j’ajouterai que, même si en entreprise on cherche à objectiver la valeur de cette contribution, elle reste relative et subjective.
Et cette valeur dont on parle, est-ce la valeur là, maintenant ou la valeur dans la durée ? La notion d’horizon et de temps n’est pas neutre quand on parle de création de valeur.
Quand on parle en effet de la valeur d’une entreprise par exemple on peut se demander la valeur pour qui, l’actionnaire et le salarié n’ont peut-être pas le même point de vue, notamment parce que le facteur temps est déterminant comme le facteur risque associé à cette valeur dans le temps.
Une notion donc protéiforme et subjective et qui dépend d’une multitude de facteurs.
En résumé, la notion de valeur est à la fois protéiforme car elle peut être morale, économique, marchande, historique etc. En économie, on distingue la valeur objective de la valeur subjective, cette dernière dépendant de l’appréciation d’un tiers et impliquant donc de nombreux facteurs à commencer par les facteurs temps et risque.
J’ai bon cheffe ?