La nécessité de l’éducateur

Dans cet épisode, nous allons apprendre à quel point un éducateur ou une éducatrice, voire plusieurs, est nécessaire dans notre société et peut-être tout simplement dans notre vie.

Dans cet épisode, nous allons apprendre à quel point un éducateur ou une éducatrice, voire plusieurs, est nécessaire dans notre société et peut-être tout simplement dans notre vie.

Formateur, enseignant, professeur, éducateur, ce rôle a plusieurs noms qui révèlent d’ailleurs quelques nuances ! Celui qui forme, formate-t-il ? Il met au bon format ?

Comme une vieille disquette ? Et d’ailleurs, formateur ce n’est pas un peu has-been, non ? On dit « facilitateur » maintenant !

Ou animateur… comme dans une joyeuse colonie de vacances ! Allez ! Soyons sérieux que diable !

Tu as raison, revenons à nos moutons, au-delà des nuances des termes employés, voyons pourquoi il est nécessaire d’être accompagné dans notre apprentissage que ce soit par un formateur, un enseignant, un éducateur…

Ou un facilitateur !

La nécessité de l’éducateur, c’est quoi l’histoire ?

Rappelons avant tout la nécessité pour chacun d’apprendre. Apprendre est en effet une responsabilité individuelle à qui veut « faire société » c’est-à-dire y contribuer.

Sauf que soyons clair ! Ce n’est pas facile d’apprendre ! C’est même une souffrance, tant ça nous demande une remise en question permanente ! La démarche peut alors paraître longue et pénible. Un voyage de vie qui ressemble alors à une odyssée et qui peut en effrayer plus d’un.

Certes, mais justement, ce voyage n’est pas nécessairement synonyme de solitude. Chaque moment de vie, chaque événement, chaque rencontre façonnent notre devenir. C’est le message fort d’Edgar Morin[1] lorsqu’il relate ses souvenirs en écrivant qu’ils « témoignent que je suis devenu tout ce que j’ai rencontré ».

Alors, chaque rencontre qui prend la forme d’une main tendue ou qui éclaire le chemin pour mieux nous guider est alors une source de courage. Et le rôle de l’éducateur, du formateur, ou de toute personne qui cherche à nous faire grandir est bien là !

Apprendre c’est sortir dehors ! Et dehors il fait froid. Le rôle de l’éducateur, qui accompagne et guide pour « sortir de soi », est alors déterminant.

Le sens des mots, ici est important. Éduquer est un verbe d’action qui signifie « conduire hors de soi ». Dans cette perspective, l’éducateur est celui qui accompagne en guidant l’apprenant « hors de lui » pour qu’il soit en capacité (et qu’il ait envie !) de faire cet effort d’apprentissage.

L’éducateur élève l’apprenant. En l’aidant à sortir hors de lui, il l’aide à s’élever, à grandir, à l’image d’un humain dont l’un des premiers actes fondateurs est de se lever.

Le rôle de l’éducateur, parce qu’il a fait « son » propre chemin avant que l’apprenant ne s’engage dans le sien et parce qu’il a éprouvé la difficulté, sait ce que cela représente pour l’apprenant. Il peut ainsi montrer pas à pas ce que chacun doit parcourir.

Mais il ne peut pas le parcourir à sa place ! Et c’est déterminant à comprendre ! C’est à l’élève ou l’apprenant de faire un effort, l’éducateur aussi dévoué soit-il ne pourra le faire à sa place.

Mais il peut rendre cet effort acceptable pour l’apprenant en lui expliquant pourquoi l’effort est nécessaire et en créant les conditions de l’envie d’apprendre. C’est finalement ce que vise toutes les démarches de ludo-apprentissage, l’apprentissage par le jeu. Ou la gamification pour faire stylé.

En cela, le formateur n’est donc pas nécessairement un « sachant » absolu qui dispense son savoir car éduquer ne saurait en aucun cas se limiter à instruire. L’image du puits de science invite en effet bien plus à y tomber de haut en bas et s’y noyer plutôt qu’à s’élever, spirituellement et moralement.

En cela les termes peuvent être trompeurs. L’expression « animateur de formation » ne doit pas non plus à cet égard faire croire qu’il ne s’agirait que d’animer la galerie en vue de satisfaire les apprenants. Animer une formation ce n’est pas une affaire d’entertainment mais bien en l’occurrence d’animer au sens de donner une âme à la formation : la rendre vivante.

Et la formation est vivante lors de la séance d’apprentissage par l’échange que le formateur crée ou le dynamisme qui lui donne. Mais elle continue aussi de vivre hors des murs de la salle de classe (ou de l’application e-learning !)

Le formateur est celui qui « allume un feu »[2] et donne des clés, l’apprenant ouvrira ou non les prochaines portes.

Finalement, le savoir ou la connaissance explicite n’est pas ce qui importe le plus. C’est la démarche d’apprentissage qui compte fondamentalement. Paul Valéry affirme que je cite, un « enseignement qui n’enseigne pas à se poser des questions est mauvais ».  Enseigner c’est donc donner du grain à moudre. C’est la question qui met en mouvement.

Et pas n’importe quelles questions ! La démarche qu’il convient de transmettre est celle qui permet de discerner ce sur quoi il est nécessaire de douter et ce qu’il est nécessaire d’accepter en tant que tel pour pouvoir progresser. Le rôle essentiel de l’éducateur est alors de donner les moyens à chacun d’user d’esprit critique.

Patrick Bouvard nous invite alors à aider l’apprenant à « attribuer à chaque chose la valeur de vérité et le degré de certitude qui convient »[3]. C’est au fond l’origine même du verbe enseigner qui vient d’insignare qui signifie « indiquer ». Le rôle de l’éducateur est ici de marquer d’un signe ce qui permet à l’apprenant de s’élever progressivement.

Cette réflexion sur le rôle de l’éducateur, ouvre de très nombreuses questions. Citons-en seulement quelques-unes, peut-être vous donneront-elles envie de creuser le sujet.

D’abord, à l’échelle des institutions de formation, par exemple, elle invite à s’interroger sur les pratiques de certaines d’entre elles qui consistent à valoriser les publications de leurs « professeurs qui professent » bien plus qu’elles ne les incitent et les reconnaissent à la hauteur de leur envie et de leur capacité à éduquer.

Sur un plan sociétal, elle invite à porter un regard renouvelé sur l’importance du rôle de l’éducateur dans toute société démocratique. En ce sens, elle suggère l’idée que l’éducation constitue le pilier primordial de sa pérennité.

Sur un plan personnel enfin, elle dessine les contours d’une seconde responsabilité individuelle à l’égard de la société : apprendre, pour soi et pour les autres, oui, mais aussi transmettre, tout aussi fondamentale, car éduquer c’est humaniser.

Une responsabilité individuelle donc, dont chacun doit se saisir, à l’égard des plus jeunes, certes mais aussi de ses pairs et des plus expérimentés, car nous n’avons de cesse d’apprendre. Il s’agit d’une quête infinie.

Cette responsabilité individuelle doit alors être facilitée, pour la rendre possible, et c’est là le rôle même de quiconque se dit éducateur ou formateur, ou enseignant ou facilitateur !

Oui je crois qu’on a compris.

En résumé, l’apprentissage est un voyage long et fastidieux au-travers duquel nous avons souvent besoin d’être guidé. Le rôle de l’éducateur se trouve là : 1. En nous montrant la voie 2. En nous donnant envie de s’y engager 3. En nous aidant à développer notre esprit critique.

J’ai bon chef ?

Oui tu as bon mais on ne va pas en faire toute une histoire

[1] Morin Edgar, « Les souvenirs viennent à ma rencontre », Fayard 2019

[2] « Éduquer, ce n’est pas remplir un vase mais allumer un feu », phrase attribuée à Aristophane, Montaigne ou encore Rabelais…

[3] https://www.rhinfo.adp.com/rhinfo/2015/information-et-culture/