Le digital levier de transformation

Dans cet épisode, nous allons parler du digital comme levier pour mener à bien les transformations que nos entreprises appellent de leurs vœux.

Dans cet épisode, nous allons parler du digital comme levier pour mener à bien les transformations que nos entreprises appellent de leurs vœux.

Le IOT, les bots, l’IA, la VR, l’AR et les métavers, le digital sauveur de l’humanité… et des petits soucis de l’entreprise ! Bref, la nouvelle pierre philosophale du management.

Enfin, tu veux dire les objets connectés, l’intelligence artificielle, la réalité virtuelle ou augmentée… en français dans le texte ! Bref, le digital qui nous permet de communiquer, de nous divertir, de consommer, et même paraît-il… de travailler. Plus besoin de sortir de chez soi, on reste dans sa bulle, informationnelle ou digitale, mais on ne bulle pas.

Qu’on lui prête des vertus magiques ou qu’on l’affuble de tous les maux, de toute façon, il est là. Le train est en marche depuis longtemps et il ne s’arrêtera pas. Donc, comme souvent, c’est pour le meilleur et pour le pire. Tâchons donc de l’utiliser pour le meilleur afin d’éviter le pire ! Alors, le digital, levier de transformation, c’est quoi l’histoire ?

Avant de commencer, remettons les points sur les deux i du digital. Le digital n’est pas une finalité en soi. C’est un moyen pas un objectif. Et les transformations dont on a besoin sont certainement d’abord culturelle et managériale.

En fait, les transformations dont nos entreprises ont besoin, c’est de trouver une manière de s’organiser qui leur permette, en même temps, et c’est là toute la difficulté, d’être efficientes, productives tout en étant capables de s’adapter rapidement au changement. En un mot, assouplir un mode d’organisation taylorien trop rigide pour cela.

Et dans cette perspective, le digital peut évidemment nous aider, à condition de s’en servir à bon escient !

Commençons par la productivité, le digital est au cœur des 3 principaux leviers dont on dispose pour la productivité : l’automatisation (donc la digitalisation), la mutualisation de moyens et l’externalisation.

Le digital standardise, il automatise. Digitaliser un processus au fond c’est automatiser un découpage taylorien d’une activité. C’est le bras armé d’une organisation taylorienne. Même l’intelligence artificielle relève de cet enjeu. En substance, faire faire par des machines, mieux et plus vite, ce que des personnes font.

Depuis que l’informatique a pointé son nez dans l’entreprise, cela a toujours été sa principale force. Un levier de productivité, personnelle bien sûr mais surtout collective ! Industrialisation, standardisation et digitalisation sont intimement liées et, si le taylorisme était de fait mécaniste, le digital l’est aussi dans son essence.

Le digital levier de productivité, c’est entendu depuis longtemps. Mais l’enjeu de transformation, ce n’est précisément pas que la productivité mais aussi l’adaptabilité. Et là, le digital peut nous aider aussi.

Oui mais, encore une fois, à condition de s’en servir correctement. Les entreprises réclament plus de collaboration, de transversalité, d’une certaine forme de décloisonnement que des processus trop rigides ont parfois favorisé… et en cela le digital peut aider.

D’abord les applications métiers sont collaboratives. Elles permettent à différents acteurs de collaborer, c’est-à-dire travailler ensemble, donc elles contribuent de fait à une plus grande transversalité des façons de faire. Elles organisent en quelque sorte la collaboration en l’encadrant.

Et cela fonctionne !… Sous réserve qu’elles n’enferment pas les protagonistes dans de nouvelles injonctions contradictoires auxquels un processus numérique peut aussi conduire lorsqu’il est pensé hors sol, trop loin de la réalité de l’activité, en réduisant les latitudes de décision à néant.

Le digital permet aussi de mieux collaborer – à la condition d’en avoir envie et c’est là où il ne se substitue en rien à l’humain. Il permet d’échanger, en temps réel ou en différé, de partager des informations et des documents. On peut les commenter, travailler à plusieurs en simultané, etc. Il permet aussi de donner de la visibilité sur un état d’avancement dans un projet, de répartir les activités, d’organiser le travail en équipe.

On ne va pas citer tous les outils mais on voit bien ici les Google Drive, Teams, Slack, Trello, Zoom et autres Klaxoon pointer leur nez pour faciliter un travail collectif.

Mais la capacité d’adaptation dont on parle, ça ne se résume pas à l’interaction entre les équipes ou à des processus. S’adapter c’est aussi développer sa capacité collective à lire ce à quoi on est confronté, avec lucidité, à comprendre la situation pour mieux décider, plus vite. Et là aussi le digital peut jouer un rôle.

On peut en effet brasser un nombre important de données qui nous renseignent sur la situation observée et nous aide donc à parfaire nos décisions.

S’adapter, c’est aussi chercher à progresser, à apprendre, comprendre pour pouvoir entreprendre. Et on peut souligner plusieurs apports du digital dans le développement des savoirs, notamment la simplicité d’accès aux contenus et leur intégration dans le travail au quotidien !

Et pourtant, le digital ne pense pas à notre place ! Et ce n’est pas lui qui endosse la clé de tout arbitrage : le courage des décisions. C’est toujours de la responsabilité de l’humain de se questionner ou de décider de coopérer ! Mais c’est un autre sujet.

Enfin, le digital est aussi porteur d’une culture. En fait, il est associé à un substrat culturel fort, qui nous influence, qu’on le veuille ou non. Le digital est porteur d’ouverture, de connexion, de transparence, de rapidité etc.

C’est bien pour cela que l’outil sans la culture qui l’accompagne et bien c’est insuffisant. L’agilité ce n’est pas juste mettre Teams en place et savoir partager son écran ! L’enjeu, c’est bien développer une culture d’agilité dont le digital est un des vecteurs. Cette culture digitale, il faut la nourrir aussi. Sur ce point la fonction RH a un rôle important à jouer, mais c’est un autre sujet.

D’autant que les outils peuvent aider à faire l’inverse, par exemple en verrouillant tout et en reproduisant les schémas normés et les logiques de périmètres avec un paramétrage des droits, des rôles et habilitations adapté. Ce n’est pas parce que l’outil est dit collaboratif que l’usage que j’en ai favorisera nécessairement cette même collaboration. Je peux aussi par exemple m’en servir pour fliquer et donc altérer la confiance sans laquelle aucune coopération n’est possible.

En résumé, le digital est un levier de productivité et d’adaptabilité, et c’est bien ce que les entreprises visent dans leurs transformations. Néanmoins, pour porter ses fruits, tout dépend de ce que l’on en fait. Le digital ne se substitue donc pas à la volonté de coopération des personnes et à la culture qui la sous-tend.

J’ai bon chef ?

Oui tu as bon mais on ne va pas en faire toute une histoire

[1] Edgar Morin nous rappelle dans introduction à la pensée complexe que « Bachelar avait découvert que le simple n’existe pas : il n’y a que du simplifié ».

[2] Edgar Morin (2005), Introduction à la pensée complexe, essais.