Les dangers d’un excès de spécialisation

Dans cet épisode, nous allons nous interroger sur la notion de spécialisation et notamment nous demander si un excès en la matière ne constitue pas un réel danger… d’assèchement.

Dans cet épisode, nous allons nous interroger sur la notion de spécialisation et notamment nous demander si un excès en la matière ne constitue pas un réel danger… d’assèchement.

Ah les vertus de la discipline. Au sens du disciple. A qui ou à quoi te réfères-tu ? De quel clan te réclames-tu ? Il faut bien avoir une spécialité non ? Et la cultiver. Devenir un expert. Cela permet de te mettre dans une case, de mieux te cerner… ou de te cataloguer.

Le monde universitaire est intéressant de ce point de vue. On te demande souvent « c’est quoi ta spécialité » ? Et c’est difficile de répondre lorsque tu essayes de porter une vision globale du management et de faire en sorte que chacun comprenne les liens qui unissent et expliquent les choses… Parfois connaissance et intelligence ne font pas bon ménage.

Ou quand comprendre exige une transversalité là où apprendre se résume trop souvent à cultiver un seul domaine. Mais pour autant, dans l’exercice d’un métier, on a besoin de parfaire son expertise ? C’est ça le professionnalisme ! Alors, en quoi un excès de spécialisation constitue-t-il un danger ? C’est quoi l’histoire ?

Dans de nombreux domaines professionnels, c’est intéressant de voir que l’offre d’enseignement ou de formation est souvent segmentée et cloisonnée, c’est-à-dire découpée en ensembles de méthodes et de techniques qui ont été pensée a priori comme homogènes. Or, ce découpage relève le plus souvent d’une convention admise par une catégorie d’acteurs plutôt que d’une réalité professionnelle objective.

Oui l’extraordinaire diversité des pratiques des entreprises, pour un métier donné, même d’expert, en témoigne. Comme s’il y avait une vérité absolue valable en toute circonstance dans la grande tradition du « one best way » taylorien.

Bien sûr on a besoin d’expertise et de la parfaire mais encore faut-il la mettre au service d’une finalité. Or, si l’on peut imaginer identifier des dénominateurs communs dans une expertise donnée, l’efficience dans sa mise au service d’une finalité en entreprise est conditionnée à un contexte. Et ce contexte, il faut le saisir pour orienter la mise en œuvre de son expertise, pour lui donner sens et l’adapter.

En d’autres termes, exercer un métier, même d’expert, ce n’est pas seulement mettre en œuvre les techniques d’un domaine particulier, mais c’est aussi en comprendre les propriétés structurantes et en mesurer les conséquences potentielles pour être capable de la mettre au service d’une finalité plus vaste qu’elle.

Il ne suffit donc pas, en d’autres termes, d’acquérir la seule maîtrise de méthodes professionnelles sophistiquées et morcelées mais bien de développer sa propre culture professionnelle. Une expertise a besoin d’une culture !

Il n’est pas ici question de s’affranchir de la nécessité de réelles compétences techniques mais de compléter celles-ci du recul et de la hauteur de vue qui rend leur mise en oeuvre.

Et cette exigence est d’autant plus essentielle que le domaine concerné est une discipline qui exige une compréhension synthétique de toutes les composantes de l’entreprise, de son activité et de son devenir, c’est-à-dire d’en saisir le sens et l’intelligence.

Une expertise RH… par exemple.

Alors dans cette perspective, l’expert qui souhaite se développer doit privilégier un apprentissage qui lui permet de relier son expertise aux grands mécanismes qui régissent ce à quoi elle sert, le projet d’entreprise par exemple. Cela suppose donc d’être conscients des limites de sa propre expertise.

Ce qui signifie aussi mesurer, qu’au-delà de ces limites, interviennent d’autres facteurs qui ne relèvent ni des méthodes, ni des techniques mais bien de la culture et de la vie réelle. Pour cela il faut aussi comprendre intimement les liens logiques et fonctionnels qui unissent les domaines spécifiques qui composent ton expertise.

Connaître les principaux concepts, méthodes et outils qui régissent chacune des spécialités de ton expertise mais aussi lire le chemin qui conduit à la finalité plus large à laquelle elle contribue.

Et n’oublions pas les soft skills, ce serait dommage. Dit en d’autres termes, développer les compétences comportementales personnelles ad-hoc qui permettent d’exploiter efficacement ton expertise. Bref, on le voit creuser ta seule spécialisation, c’est creuser ton trou et t’y enfermer.

En résumé, l’exercice d’un métier, même d’expert, exige, la plupart du temps, une compréhension synthétique de toutes les composantes de l’entreprise, de son activité et de son devenir, c’est-à-dire d’en saisir le sens et l’intelligence. Un excès de spécialisation, telle des œillères, nuit par nature à cette intelligence.

J’ai bon cheffe ?

Oui tu as bon mais on ne va pas en faire toute une histoire