Le télétravail est-il le new normal ?

Questionnons-nous donc un instant, à distance, sur le travail hybride. Est-ce une nouvelle norme, vraiment ? Est-ce que le télétravail est devenu le new normal ?

Questionnons-nous donc un instant, à distance, sur le travail hybride. Est-ce une nouvelle norme, vraiment ? Est-ce que le télétravail est devenu le “new normal” ?

A écouter certains, le travail hybride deviendrait le « new normal ». Il y a le monde d’avant, et le monde d’après. Avant on faisait du télétravail, maintenant on parle d’hybridation. Ca n’a rien à voir !

Ah bon ? Tu es sûr ? Et si on avait simplement rebaptisé une pratique qui existait déjà avant la crise ? Et si on avait oublié, une fois de plus, de nuancer. Le travail hybride est-il réellement une nouvelle norme ? C’est quoi l’histoire ?

Comme tout événement majeur et massif qui frappe brutalement le quotidien des gens, la crise sanitaire a amené avec elle un tas de de conclusions sur ce que sera le travail de demain. Et c’est notamment le cas avec l’essor du travail à distance qui conduit à ce qu’on parle de « travail hybride » !

C’est vrai qu’on ne parlait jamais de travail hybride avant, comme si ce nouveau mot désignait une toute nouvelle réalité. C’est assez fascinant cette tendance que l’on a à inventer de nouveaux mots, mais c’est un autre sujet.

Tu as raison, pourtant ce mot de « travail hybride » que l’on voit apparaitre de partout dépeint une réalité qui existait déjà bien avant la crise sanitaire !

Ah bon ? On travaillait à distance avant la crise ? Ouha incroyable !

Bien sûr que ça existait avant la crise ! Tiens, en 1999 j’embauchais Patrick Bouvard en 100% à distance pour gérer RH info. Et c’est une belle réussite, grâce à lui, et à distance.

Ouha incroyable, en fait même les dinosaures ils travaillaient à distance. C’est fou.

Au-delà de cet exemple qui relève de l’anecdote personnelle, il est vrai que le télétravail existait, Malakoff Humanis nous dit même qu’il concernait : 30% des salariés à raison de 1,6 jour par semaine en moyenne.

Pendant le premier confinement, il est vrai que le travail à distance a connu un pic : 41% des salariés étaient concernés toujours selon le même baromètre. Donc ça a augmenté, certes mais dans des conditions exceptionnelles, bien loin du télétravail encadré et choisi.

D’autant qu’en dehors du confinement, les salariés semblent dire que la moyenne optimale serait de 2 jours par semaine. On passerait donc de 1,6 jours pour 30% des salariés à une moyenne de 2 jours pour maximum 41% de la population active. Est-ce qu’on peut parler réellement de généralisation ? Comme si à 2 jours par semaine en moyenne c’était terriblement plus hybride qu’à 1,6 …

Attends donc avant de répondre à la question ! Rajoutons deux autres nuances. Les hypothèses les plus optimistes nous disent que 60% des métiers sont télétravaillables. C’est le plus gros chiffre que l’on ait trouvé, et il vient d’entreprises qui ont quelque chose à nous vendre sur le sujet !

Ça a le mérite de nous rappeler que TOUS les métiers ne sont pas télétravaillables ! Coucou les infirmiers, les ouvriers, les manutentionnaires, les pompiers, les soudeurs, les électriciens…

Oui oui, Mahé je crois qu’on a compris ! La deuxième nuance que je voulais souligner concerne le nombre de jours réellement télétravaillés. Même si on prend l’hypothèse la plus optimiste, considérant que ceux qui télétravaillent représentent 41% de la population active.

Donc tous ceux qui télétravaillaient pendant le confinement, continuent de le faire.

Oui c’est ça, et bien quand on le rapporte au nombre de jours (prenons 2 par semaine) et qu’on le compare au nombre de jours travaillables de l’ensemble de la population active on arrive en gros à 16%.

Le nombre de jours télétravaillés ne représenterait que 16% du nombre de jours travaillables sur l’ensemble de la population active.

Oui ! Voilà, là tu peux reposer ta question maintenant.

Quelle question ? Ah oui : selon vous, peut-on réellement parler de généralisation du télétravail ?

Et fait, il convient de réellement s’interroger sur ce qu’est un métier télétravaillable car la réalité est bien souvent plus complexe qu’il n’y parait.

Affirmer de façon péremptoire que « X % » des métiers sont théoriquement éligibles au travail à distance sans difficulté notable est un peu rapide et occulte de fait la complexité de l’exercice réel d’un métier.

Tu as raison, dans notre exemple des 16% on a pris une moyenne de 2 jours par semaine parce qu’on nous dit que c’est ce que les salariés estiment d’optimal dans l’absolu. Mais en réalité, certaines personnes qui pourraient télétravailler limiteront très certainement cette possibilité par seul souci de préserver un collectif auquel ils appartiennent.

Des personnes qui occupent des postes administratifs en milieu industriel, ou des managers d’équipes opérationnelles sur des chantiers par exemple auront certainement le souci d’être présentes sur site pour créer du lien avec ceux qui sont sur le terrain.

Oui ou quand il y a des nouveaux dans une équipe, qu’il convient d’accompagner correctement, pour leur permettre de s’intégrer à l’entreprise, de développer un sentiment d’appartenance.

On ne dit pas que ce n’est pas possible en étant à distance, on dit simplement que certains préféreront le présentiel même si leur job peut s’exercer à distance.

Pour conclure, avant le traditionnel résumé, il n’est pas question ici de tirer des conclusions hâtives sur une potentielle généralisation ou non. Mais de rappeler à chacun que le halo éblouissant de certains discours masque parfois une réalité bien différente. Il est alors nécessaire de questionner, prendre du recul, faire preuve d’esprit critique…

En résumé, le travail à distance existait avant la crise et ne concerne pas tous les emplois ! Les généralisations outrancières en la matière témoignent d’une connaissance parcellaire du travail en tant que tel et de ce qu’il exige. Ces généralisations risquent bien alors d’être aussi erronées qu’inutiles.

J’ai bon chef ?

Oui tu as bon mais on ne va pas en faire toute une histoire