Les biais cognitifs qu’est-ce que c’est ?

Dans cet épisode nous allons vous parler des préjugés, stéréotypes, et autres biais cognitifs.

Dans cet épisode nous allons vous parler des préjugés, stéréotypes, et autres biais cognitifs.

Deux extrêmes s’opposent régulièrement sur ces sujets. D’un côté, on a celles et ceux qui affirment « oui oui » j’en ai conscience, je sais que ça existe… mais ailleurs, chez les autres, certainement pas chez moi « parce que moi je ne me fais pas avoir, moi je suis au-dessus de ça ». Et de l’autre, celles et ceux qui veulent à tout prix les éradiquer, les supprimer, les effacer, au risque de les nier et donc… de les renforcer.

En même temps ces biais sont insidieux : ils sont partout sans pour autant être palpables. On peut en avoir conscience, dans l’absolu, et pourtant fermer les yeux et aller droit dans le mur. Je sais que c’est une erreur, mais j’y vais quand même. Fumer tue ! “Oui je sais. Passe-moi une cigarette“. Alors que faire ? On s’arrête là ? Les biais cognitifs, c’est quoi l’histoire ?

Commençons l’histoire par le début, en définissant les termes. Un biais cognitif c’est une distorsion. Wikipédia nous dit qu’il s’agit, je cite, « d’un faux pas en matière de réflexion ». En fait, un biais c’est croire quelque chose, sans forcément que cela soit vrai, sans forcément que cela soit démontré mais surtout sans même que cela ne soit réellement conscient ou réfléchi.

Les stéréotypes par exemple sont des biais puisque ce sont des croyances, des opinions toutes faites, des caractérisations schématiques qui s’appuient sur ce que le Larousse appelle des « jugements de routine ». Les stéréotypes vont donc biaiser notre réflexion.

Des biais il y en a plein. Citons les plus connus : Biais d’autorité, biais de mémorisation, biais d’attente, effet d’ancrage, effet d’humour, biais de confirmation, excès de confiance, effet de halo, illusion de contrôle…

Ne les citons pas tous ici. Nous pouvons en revanche renvoyer vers une cartographie très bien faite de Buster Benson.

Cette cartographie présente 2 avantages : elle met en évidence le nombre impressionnant de biais que nous pouvons avoir mais elle a aussi l’avantage de caractériser ces différents biais.

Et cette catégorisation nous permet de comprendre leur utilité et pourquoi notre cerveau fonctionne ainsi. Par exemple, tous ce qui est lié au stockage de la donnée dans notre cerveau, les souvenirs, les situations marquantes etc… est juché de biais, forcément. Nous ne pouvons pas emmagasiner tous les détails de nos souvenirs, alors on simplifie. Sans s’en rendre compte.

Tout à fait, et comme on a besoin d’agir, et d’agir vite, les biais sont aussi là pour nous aider à prendre des décisions très rapidement. Certes la décision est biaisée mais à ce moment-là ce qui nous importe c’est de décider.

Tu as raison, c’est le cas de toutes les « décisions » qui relèvent en fait de l’ordre du réflexe. J’entends un bruit, que j’associe à un klaxon – parce que j’ai déjà entendu le bruit du klaxon par le passé – par association simple klaxon = voiture et une voiture est considérée comme dangereuse. Si c’est dangereux alors je me mets sur le bas-côté.

Finalement les biais c’est bien, ça vient quand même de te sauver la vie. La caractéristique des biais c’est qu’ils te permettent de sauter toutes les étapes de réflexion que tu viens de décrire et passer directement à l’action : sauver ta peau. Une question de survie donc.

Oui effectivement, dans cet exemple, les biais sont nécessaires, c’est d’ailleurs pour cela qu’il ne faut pas chercher à les éradiquer complètement, on perdrait ces réflexes qui nous permettent pourtant d’avancer sans trop se poser de questions.

Exact, mais à force de ne pas se poser de questions, tout devient automatisme, préconçu, pré-mâché, et donc augmente le risque d’erreur. Alors, se mettre sur le bas-côté sans y réfléchir et finalement se rendre compte qu’il n’y avait pas de voiture ce n’est pas bien grave. Mais les biais étant partout, ils sont aussi présents dans toutes les décisions que l’on prend. Même quand on pense « réfléchir » et réellement considérer la situation.

Et c’est là où les biais posent un vrai problème : quand le préjugé ou le stéréotype que l’on a entraîne une action sans autre processus de réflexion, ou quand tous les effets que l’on a cités précédemment ne sont jamais enrichis par du débat contradictoire, de la culture, bref de l’ouverture à l’autre.

Un peu de nuance donc ! Le problème ce n’est pas d’avoir des biais en soi, tout le monde en a et parfois ils sont utiles. Le problème c’est l’absence de conscience, l’absence de réflexion et le risque de tomber dans l’automatisme bête.

Si on ne peut pas les supprimer, on peut en revanche les limiter. En cherchant à en prendre conscience, en se questionnant, en ne cédant pas aux sirènes de la pensée pré-mâchée. Bref en usant de notre esprit critique mais c’est un autre sujet. Il y a deux axes principaux pour lutter contre les biais : s’entourer d’autres personnes et avoir un réel système de prise de décision. Mais là encore c’est un autre sujet.

En résumé, il y a de nombreux biais de natures différentes. S’ils relèvent de notre instinct de survie et nous permettent parfois de prendre de bonnes décisions rapidement, ils ne doivent pas pour autant nous empêcher de prendre des décisions réfléchies. Il ne faut donc pas chercher à les supprimer, d’autant que c’est impossible, mais à les limiter. Pour cela il y a des choses à mettre en place mais c’est un autre sujet.

J’ai bon chef ?

Oui tu as bon mais on ne va pas en faire toute une histoire.