Au-delà des méthodes et outils : la culture

Dans cet épisode, nous vous invitons à dépasser les méthodes et les outils pour développer la culture qui va avec !

Dans cet épisode, nous vous invitons à dépasser les méthodes et les outils pour développer la culture qui va avec !

Combien de fois, quand tu commences une formation qui mobilise des sujets complexes, et que tu fais un tour de table des attentes, on te répond « mon attente, c’est des trucs et astuces. Des outils et des méthodes pour m’améliorer »

Sans faire l’effort de développer la culture qui te le permettra, comme si l’acquisition technique d’une méthode ou d’un outil suffisait à s’améliorer. C’est utile bien sûr les outils et les méthodes, mais franchement « c’est un peu court jeune homme » comme disait Cyrano

Ah quelle déception, quand le formateur nous dit qu’il n’y a pas de recette miracle. Ou quand au contraire, il nous vante les vertus universelles d’une méthode qu’il suffirait d’appliquer à la lettre… en oubliant qu’on n’est tout de même pas suffisamment naïf pour croire que la truelle suffit à faire le maçon ! Alors, si on veut vraiment se professionnaliser, allons au-delà des méthodes et outils et développons une culture ! C’est quoi l’histoire ?

Face à l’incertitude permanente, les méthodes et les outils c’est vite obsolètes… Par nature ils sont conçus dans un cadre préalablement défini. Ils sont fermés et finis, ils ne s’adaptent pas seuls à une nouvelle contrainte qui n’aurait pas été anticipée.

Oui, enfin tu dis ça simplement parce que tu n’as pas encore trouvé la recette miracle ! Tu n’as peut-être pas bien cherché !

Cette quête est ouverte depuis la nuit des temps. Et s’il y a bien un truc qu’elle nous révèle, c’est qu’elle est vaine ! La rapidité des changements auxquels nous sommes confrontés conduit naturellement à rendre obsolètes quelque méthode que ce soit qui se voudrait universelle et intemporelle.

Las de cette quête absolue, certains pourraient être tentés de crier « à mort les méthodes et outils ! Vive la liberté ». Mais cette attitude est aussi naïve ! Parce que les méthodes et outils ont aussi des vertus dont il serait dommage de se priver.

C’est comme les processus ! Les méthodes et les outils nous donnent un cadre, un repère. C’est vrai qu’avant d’être un grand chef créateur de nouvelles recettes, et bien on a suivi à lettre celles de nos prédécesseurs.

Et en plus, ils nous permettent de gagner en efficacité, à condition qu’ils soient utilisés à bon escient évidemment. Rejeter par principe les méthodes et les outils c’est se détourner de cette source de productivité potentielle.

Oh j’ai une autre idée ! On a dit qu’un seul outil ne suffit pas et que l’absence d’outil n’est pas viable… Bah la solution est simple ! Accumulons les outils comme autant de cordes à notre arc !

Oui m’enfin, si ta solution consiste à simplement les empiler sans aucune forme de discernement, ton arc, ça va vite être un espèce de nœuds de cordes aussi fouillis qu’inefficace.

Enrichir ta boîte à outils c’est bien mais à condition qu’elle ne devienne pas trop lourde et ne t’empêche pas d’avancer.

D’autant que rien ne te garantit que nous aurons le bon outil au bon moment ni que nous saurons choisir le bon dans toute la palette à notre disposition.

Au fond, c’est comme les bonnes pratiques, tu sais ces listes de comportements in or out, ces tips and tricks… C’est utile pour s’inspirer mais ça ne bossera jamais à notre place ! Discernement et esprit critique restent les maîtres mots !

Au fond, une seule attitude semble sage : prendre les outils et les méthodes pour ce qu’ils sont, des outils et des méthodes. Et ne pas en attendre davantage. Cela n’affranchit pas de les utiliser avec intelligence. Donc de développer toute la richesse des substrats culturels qui y sont associés.

Établir les liens entre les choses, les concepts et nos actions. En fait, penser le monde dans toute sa complexité : utiliser la clé pour ouvrir la porte plutôt que de regarder par le trou de la serrure, car la clé ne sera jamais la finalité mais toujours le moyen.

Allez, on cite Edgar Morin, pour le plaisir et la pertinence: « la pensée complexe intègre le plus possible les modes simplifiants de penser mais refuse les conséquences mutilantes, réductrices, unidimensionnalisantes et finalement aveuglantes d’une simplification qui se prend pour le reflet de ce qu’il y a de réel dans la réalité. ».

Il faut faire preuve d’humilité et ne pas s’enfermer dans une méthode, quelle qu’elle soit, mais bien s’inscrire dans une démarche de développement et de remise en question continue. Apprendre la méthode et les outils associés ne suffit pas, encore faut-il comprendre leur portée et leurs limites ainsi que les concepts qui y sont liés pour être capable de discerner quand et comment y recourir de manière pertinente.

En fait, nous retrouvons ici la finalité de tout apprentissage : apprendre, comprendre pour réellement entreprendre. Et cette culture de l’apprentissage que nous défendons ici peut se révéler être un formidable levier pour l’adaptabilité[1]. Ou l’agilité ou la résilience, choisissez le mot que vous voulez !

Alors, n’allons plus en formation seulement pour les méthodes et les outils mais surtout pour développer nos connaissances au-delà du sujet ! Privilégions l’ouverture à l’enfermement dans des recettes aussi simplistes que limitantes. Faisons preuve d’esprit critique et de curiosité. Nous avons tout à y gagner !

En résumé, les méthodes et les outils permettent de donner un cadre et de gagner en efficacité mais uniquement lorsqu’ils sont utilisés à bon escient. Il faut donc développer la culture qui va avec, en d’autres termes l’intelligence de leur utilisation.

J’ai bon chef ?

Oui tu as bon mais on ne va pas en faire toute une histoire

[1] Pour approfondir, découvrez un précédent article publié sur RH info : https://www.fr.adp.com/rhinfo/articles/2021/09/apprendre-a-apprendre-2.aspx