Les bonnes pratiques en mode pile ou face

Dans cet épisode nous allons nous demander si les bonnes pratiques c’est une bonne pratique. En d’autres termes, les bonnes pratiques en mode pile ou face

Dans cet épisode nous allons nous demander si les bonnes pratiques c’est une bonne pratique. En d’autres termes, les bonnes pratiques en mode pile ou face

Ah ça rassure d’avoir un guide des bonnes pratiques. Le recueil qui vous dit ce qu’il faut faire dans telle ou telle situation. Ca se comprend aisément d’ailleurs, ça permet de reproduire ce qui est bien ou efficace. Cela permet donc de capitaliser.

Oui mais parfois cela conduit à plaquer des solutions toutes faîtes sur des situations auxquelles elles ne sont pas si bien adaptées que cela. Alors c’est bon ou pas bon les bonnes pratiques ? Les bonnes pratiques, en mode pile ou face, c’est quoi l’histoire ?

Revenons à la finalité poursuivie qui ne semble pas être critiquable en tant que telle. Essayer de capitaliser sur ce qui a déjà démontré son efficacité est en soi une démarche pertinente. Cela permet de gagner du temps, d’enrichir ce que l’on fait et donc en substance de s’améliorer en continu.

Et donc en quelque sorte cela enrichit l’entreprise qui dispose alors d’un éventail plus vaste, plus complet de réponses à des problématiques identifiées et cela permet aux professionnels qui sont exposés pour la première fois à une situation donnée de ne pas partir de rien.

C’était au fond la finalité poursuivie par le courant du Knowledge Management, le management des connaissances, dans les années 90, en centrant le sujet sur les connaissances explicites et tacites. Ce courant a donné naissance dans de nombreuses entreprises à des communautés de pratiques.

Et leur finalité visait bien cela, répertorier ce qui marche pour en faire un capital connaissance réutilisable. Tu es commercial à Lisbonne et tu dois faire une proposition commerciale à un client du BTP sur un sujet A, c’est évident que cela va t’être utile d’avoir celles faîtes ailleurs par tes collègues pour mieux identifier ce qu’il convient de répondre en la situation.

Oui et les as en la matière c’est les grands cabinets de conseil. Les rois du re-use, de la réutilisation de ce qu’on a déjà fait. C’est marrant d’ailleurs parfois de passer derrière eux pour remettre de l’ordre … Surtout quand ils ont oublié un édition-rechercher-remplacer sur un nom de client … Bref

Et face à une problématique donnée, s’il y a des méthodes, des outils, des façons de faire qui ont démontré des résultats probants autant le savoir !

Bien sûr, c’est même tout simplement une forme d’intelligence et d’ouverture d’esprit. Mais en revanche, parfois cela invite à la paresse… Celle qui consiste implicitement à croire que ce qui a marché dans une situation A marchera dans une situation B

Et à faire l’économie de la réflexion face au problème auquel on est confronté, ne pas prendre la mesure de la situation et de ses différences avec le contexte de ladite bonne pratique et donc in fine de reproduire un peu aveuglément

On a là d’ailleurs certainement l’une des raisons pour lesquelles les modes managériales sont rapidement adoptées par les entreprises. Mais c’est un autre sujet.

D’autant que dans certaines situations, en appliquant une solution un peu toute faîte à une situation différente, non seulement on risque de perdre de l’efficacité de la solution choisie mais parfois même de créer de nouveaux problèmes. Et donc d’obtenir le résultat contraire à celui qu’on visait.

En toile de fond, il y a là certainement la résurgence du « one best way » du taylorisme qui stipule en substance qu’il y a « une bonne manière » de faire, indépendamment du contexte. Ce qui ne colle pas bien sûr a fortiori dans un monde changeant et complexe.

La théorie de la contingence nous a pourtant ouvert la voie ! Dit autrement il n’y a pas une bonne manière de faire, mais une bonne manière en fonction d’un contexte. N’est-ce pas Einstein qui disait que tout est relatif ?

C’est en effet une illusion de croire qu’il est possible d’appliquer une solution sur-étagère face à un problème donné dont de nombreuses caractéristiques sont certainement complexes et dont la nature même est souvent inédite.

En d’autres termes, ce que l’on questionne ici c’est l’existence de modèles prédéterminés qu’il suffirait de dupliquer.

Exactement, un guide cela sert à guider. Guider cela veut dire « montrer le chemin » mais cela ne signifie pas donner une procédure à suivre. Alors la bonne pratique avec les bonnes pratiques c’est de les considérer comme des guides pas comme des vérités absolues. Ne faisons donc pas l’économie de la réflexion face à un problème auquel on est confronté.

En résumé, côté pile, capitaliser sur des pratiques professionnelles qui ont fait leur preuve est une bonne pratique quand on prend la peine de ne pas les recopier sans discernement. Car côté face, les prendre telles quelles, comme des solutions toutes faîtes, peut conduire au résultat diamétralement opposé à celui qu’on escomptait. En mode pile ou face.

J’ai bon chef ?

Oui tu as raison mais on ne va pas en faire toute une histoire