Reconnaître le droit à l’erreur

Dans cet épisode nous allons nous tromper ! Oui oui, faire des erreurs !

Dans cet épisode nous allons nous tromper ! Oui oui, faire des erreurs !

Qui n’a pas été confronté à un manager castrateur qui tue dans l’œuf la première idée venue parce qu’elle le dérange ou pire tout simplement parce qu’il ne l’a pas eu lui-même ?

Qui n’a pas été confronté au ravage du fameux « bon sens » qui n’a de « bon » que ce qu’il a de « commun » et qui conduit inévitablement à ce que rien ne change ?

Et il n’y a pas que le manager qui peut nous opposer une sentence “créaticide”. Parfois, le premier coupable c’est nous-même et notre auto-censure. Parce que si le ridicule ne tue pas, il nous fait tout de même suffisamment peur pour nous inviter à nous taire ! Et pourtant l’erreur est plus précieuse qu’elle n’est ridicule. Reconnaître le droit à l’erreur, c’est quoi l’histoire ?

Commençons par lever le doute : appeler à reconnaître le droit à l’erreur ne consiste pas à arborer coûte que coûte une sorte de tolérance angélique à l’égard des erreurs elles-mêmes. Bien sûr qu’en entreprise, comme ailleurs, nous préférerons ce qui fonctionne à ce qui ne fonctionne pas, la réussite à l’échec.

C’est une évidence. En revanche, il s’agit de développer une tolérance à l’égard des personnes qui commettent ces erreurs afin de faire en sorte que ces erreurs-là ne stagnent pas au stade d’erreurs mais puissent constituer une expérimentation utile.

Alors s’il ne s’agit pas de viser l’erreur plutôt que la réussite, il s’agit en revanche d’accepter l’erreur lorsqu’elle survient. Il s’agit en fait de considérer l’erreur comme un risque potentiel, inhérent à la vie, surtout lorsque nous entreprenons !

Et dans un monde fait d’incertitudes, développer une culture du risque, et donc de l’erreur, est une preuve de prudence !

Tu as raison, imaginons un instant que nous fassions l’inverse et que nous pointions un doigt réprobateur sur celui qui commet une erreur. Que se passe-t-il ?

Ah bah la prochaine fois, je te cacherai que je me suis trompée, un peu de poussière sous le tapis, hop ni vu ni connu.

Ou alors, tu éviteras à tout prix le risque de te tromper à nouveau et tu n’entreprendras plus, coincée dans un cadre trop petit, trop étroit, il n’y a plus de place pour l’innovation.

Reconnaître le droit à l’erreur constitue le fondement de toute pratique réflexive. Prendre du recul, faire preuve d’esprit critique et de capacité de remise en question est essentiel pour progresser, développer ses compétences et donc éviter de se tromper à nouveau.

Mais cette démarche individuelle doit s’inscrire dans un climat propice à l’analyse collective des échecs pour que l’organisation dans son ensemble en tire profit. Pour qu’elle progresse, aille de l’avant, apprenne.

Certaines entreprises profitent des périodes de bilans, à la fin d’un exercice comptable par exemple, pour faire un pas de côté, regarder dans le rétroviseur et en tirer des leçons. C’est l’occasion alors de faire une synthèse des réussites et des échecs, des TOPs et des FLOPs, des fiertés et des points de progrès.

Il s’agit bien de regarder les deux côtés de la pièce, pile ou face. Cacher les FLOPs reviendrait à les nier, les oublier et donc in fine à les répéter. Et alors non seulement l’erreur est vaine, elle ne nous a pas permis de progresser, mais en plus elle est condamnée à se reproduire à l’infini.

Donner le droit à l’erreur à un collaborateur n’est pas une forme de gentillesse d’une bienveillance dégoulinante. Ce n’est pas non plus l’inviter à se déresponsabiliser comme un enfant derrière lequel les parents passent pour réparer les bêtises.

Donner le droit à l’erreur c’est l’affirmation d’une conviction forte en faveur d’une organisation apprenante. Reconnaître le droit à l’erreur c’est inviter au doute, donc au progrès. C’est inviter chacun à se questionner sans faux semblant sur ses pratiques pour apprendre, comprendre, puis entreprendre dans une perspective collective.

Nous voulions citer un dernier avantage au droit à l’erreur. Lorsque le management montre sa volonté de résoudre les problèmes plutôt que de chercher les coupables, il nourrit indirectement le sentiment que l’intérêt commun prime sur les intérêts particuliers.

Il replace alors le projet au centre des préoccupations. Ce qui est important ce n’est pas de séparer le bon grain de l’ivraie mais d’avoir conscience de ce qui a fonctionné et de ce qui n’a pas fonctionné pour rebondir et continuer d’avancer.

En résumé, reconnaître le droit à l’erreur c’est inviter à un progrès constant où les erreurs deviennent des sources d’apprentissage individuelles et collectives en replaçant le projet collectif au centre des préoccupations.

J’ai bon chef ?

Oui tu as bon, mais on ne va pas en faire toute une histoire !