C’est quoi la motivation ?

Dans cet épisode, nous allons parler de la motivation et de ses différentes composantes.

Dans cet épisode, nous allons parler de la motivation et de ses différentes composantes.

Il suffit de donner des primes, pour motiver non ? Enfin, c’est ce que certain·es personnes pensent un peu rapidement. Combien de fois entendons-nous, en effet, que le principal levier de la motivation, c’est la récompense ? Et si c’était plus complexe que cela ? Pourquoi, par exemple certaines personnes, s’investissent avec autant de ferveur dans des actions peu rémunératrices ?

La carotte, les galons, les images et les bons points ! Oui, c’est bien plus complexe que cela. Au fond, qu’est-ce qui nous motive à faire quelque chose ? À prendre telle ou telle décision, à prendre un risque, à faire un effort ? Cela vient d’où la motivation ? Quelles sont ses composantes?

C’est quoi l’histoire ?

Dans un joli livre qui s’appelle « Les stratégies absurdes – Comment faire pire en croyant faire mieux » l’économiste-autrice Maya Beauvallet raconte une histoire qui illustre bien le sujet. En Suisse en 1993, deux cités étaient envisagées pour le stockage de déchets nucléaires. Sans incitation financière, les habitant·es de la 1ère étaient d’accord à 50,8% là où dans l’autre cité, avec en plus une incitation financière pour accepter, ils·elles n’étaient que 24,6% au lieu de 50% donc 2 fois moins.

Peut-être parce que l’incitation financière tue l’incitation morale ? C’est ce que Bruno Frey, professeur à l’Université de Zurich appelle  les « incitations désincitatives » … Comme quoi l’argent ne fait pas tout et les idées reçues ont la vie dure.

Tout d’abord, une définition très simple de la motivation : la motivation, c’est ce qui explique ou justifie une action quelconque. C’est un ensemble de raisons qui pousse quelqu’un à agir. Cette définition donnée par le Larousse, montre bien que la motivation est un moteur, il s’agit d’un élément déclencheur qui nous pousse, ou non, à nous mettre en mouvement.

D’un élément ou d’une combinaison d’éléments d’ailleurs. Et il y a des éléments de plusieurs natures. Et évidemment de nombreuses théories. D’abord Taylor qui pensait qu’elle ne provenait que d’une espérance de gain, puis Mayo qui a pointé du doigt des facteurs psychologiques ou encore Maslow qui nous dit en substance que la motivation repose sur l’espoir de satisfaire des besoins qu’il hiérarchise dans une pyramide que tout le monde connait.

Oui ou encore Hertzberg qui distingue ce qui évite la démotivation et ce qui est à l’inverse moteur. En gros le minimum dont tu as besoin et qui, s’il n’est pas satisfait te démotive et ce qui fait que tu te lèves avec entrain le matin ! Mais on peut s’arrêter un instant, car cela fait un écho particulier avec la vie de l’entreprise, ses méthodes et pratiques, sur la théorie de la motivation intrinsèque et extrinsèque de Deci et Ryan dans les années 80.

Intrinsèque, donc à l’intérieur et extrinsèque donc à l’extérieur. Intrinsèque, ce qu’on a en où et nous motive et extrinsèque, ce qu’on nous brandit comme promesse !

Exactement. La motivation intrinsèque, le moteur interne, c’est quand l’action, pour laquelle on est motivé·e, est conduite par l’intérêt et le plaisir que l’on trouve dans l’action elle-même, sans attente de récompense venant de l’extérieur.

En gros, je fais cela parce que j’ai plaisir à faire cela et non parce que j’en attends quelque chose. Je peins par exemple pour le plaisir de peindre, celui de malaxer mes pigments, de sentir la peinture couler sur mes doigts. Pas par l’hypothétique revenu que je tirerai d’une vente. Je peins parce que j’aime ça !

La motivation extrinsèque au contraire, c’est quand l’action est provoquée par une raison extérieure. L’appât du gain, l’argent, la gloire, ou encore la peur d’être puni·e ou sanctionné·e, la pression sociale… Bref, le bâton ou la carotte. Dans les deux cas, la motivation est extérieure à moi.

Vous le comprenez, ce n’est pas non plus binaire. Motivation intrinsèque et extrinsèque se complètent. Je m’investis dans ce projet parce que j’aime ce que je fais, concrètement au quotidien, mais aussi parce que j’espère que mon travail sera reconnu, ou parce que j’attends une prime, une récompense.

En gros, les gens ont besoin d’amour et de pognon pour caricaturer. L’attente de quelque chose fait partie intégrante de la motivation. Quelle soit intrinsèque ou extrinsèque d’ailleurs. Je suis motivé·e parce que j’espère, j’attends, j’imagine, obtenir satisfaction, plaisir ou récompense.

Ce que tu dis renvoie à la théorie des attentes de Victor Vroom. Etre motivé·e, c’est consentir à faire un effort pour mener une action dont on attend quelque chose. Il faut donc, pour être motivé, que nous percevions les efforts comme inférieurs au plaisir, à la satisfaction ou à la récompense que l’on pense tirer du résultat que nous visons.

Ou que le plaisir soit supérieur à l’effort. Une question d’investissement et de retour sur investissement. En entreprise on parle par exemple d’équilibre contribution / rétribution. Or cet équilibre repose sur un sentiment. J’estime que cet équilibre me convient. C’est donc très subjectif.

Oui est c’est l’un des 3 facteurs évoqués par Victor Vroom : la valence. Ce que j’espère à de la valeur à mes yeux. Mais il y a d’autres critères à réunir selon lui

Oui “vavavroum” nous dit en résumé qu’il faut

  1. que j’estime avoir la capacité à atteindre le résultat
  2. Un résultat dont j’espère obtenir un retour
  3. Et un retour qui a de la valeur à mes yeux.

Et donc à l’inverse, si je n’ai pas confiance en ma capacité à atteindre les résultats visés, ou que je considère que l’atteinte de ces résultats ne m’apportera rien, ou que ce que ça va m’apporter n’a aucune valeur à mes yeux, alors comment voulez-vous que je sois motivé·e ?

Et c’est là où la motivation et son corolaire, la démotivation, sont complexes. Il s’agit de perception et donc de quelque chose de personnel. Ce qui a de la valeur à mes yeux ou ce qui me semble atteignable ou non comme résultat n’est pas la même chose pour moi que pour toi. Et donc ce qui me motive, moi, n’est pas forcément ce qui te motive, toi.

En résumé, la motivation c’est un ensemble de raisons – internes ou externes – qui nous pousse à agir. Pour être motivé·e, il faut que les efforts à fournir nous paraissent moins coûteux que les bénéfices tirés de l’action. Et tout ceci est donc très personnel tant les raisons qui nous poussent à agir et les perceptions qu’on en a sont variés.

J’ai bon chef ?

Oui tu as bon mais on ne va pas en faire toute une histoire