Vivre ensemble : le bien commun

Dans cet épisode, nous allons parler d’une des conditions du vivre ensemble : le respect du bien commun.

Dans cet épisode, nous allons parler d’une des conditions du vivre ensemble : le respect du bien commun.

On nous parle beaucoup de vivre ensemble et on résume souvent cette notion aux conditions de travail, aux relations entre les personnes et parfois même à la seule idée d’un bien être qui serait devenu un dû aux yeux de certain·es.

Pourtant vivre ensemble commence d’abord par respecter l’autre. C’est la première condition, mais c’est un autre sujet, et respecter ce pourquoi on est ensemble, ce qui nous réunit, à savoir ce qu’on appelle le bien commun. Mais qu’est-ce que le bien commun en entreprise ? Qu’est-ce que ça veut dire pour la Fonction RH ? C’est quoi l’histoire ?

Respecter ce qui réunit ensemble en entreprise c’est respecter l’entreprise, donc son essence, sa raison d’être. En d’autres termes, ce qui fait qu’elle réunit un ensemble de parties prenantes et de personnes qui doivent précisément vivre ensemble pour la faire vivre.

On ne parle pas ici uniquement de « respecter son employeur », bien que le respect soit nécessaire – dans les deux sens – mais bien de considérer que pour vivre ensemble il faut viser un but collectif, une direction : « un bien commun ».

Ce que nous visons ici n’est pas « un bien » commun, c’est-à-dire quelque chose qui appartient à toutes et tous, mais « Le bien » commun, c’est-à-dire l’épanouissement de chacune des individualités qui compose la société.

En effet, il s’agit de viser le « bien de tous les membres » de la société que forme une entreprise. En d’autres termes, il s’agit de satisfaire les attentes de toutes ses parties prenantes, ce qui renvoie à la raison d’être de l’entreprise : sa mission, son ambition, ses valeurs, bref ce qui forme son essence et son projet.

Le bien commun, dans la lignée de Thomas D’Aquin, est en quelque sorte ce qui réunit l’intérêt du tout et des individus qui le compose : la réussite de l’un conditionne celle de l’autre, et inversement. Or, ne pas viser ce bien commun-là c’est nier l’existence de l’entreprise en tant que société et donc la réduire à une convergence opportuniste d’intérêts particuliers. Autant dire que cela ne favorise pas la réussite du projet d’entreprise et encore moins un quelconque vivre ensemble.

Mais alors, la notion de bien commun comme condition d’un vivre ensemble, questionne, là encore, la fonction RH sur de nombreux aspects, comme par exemple : Le respect de toutes les parties prenantes. La question est simple : faut-il accepter que les intérêts d’une seule des parties prenantes prédominent exagérément sur ceux de toutes les autres ?

Par exemple, « défendre les intérêts des salariés » (qui représentent l’une des parties prenantes) ce n’est pas prendre parti pour eux contre l’entreprise mais bien veiller à faire entendre une voix d’équilibre qui garantit la pérennité et le succès du projet dans son ensemble.

Mais à l’inverse les intérêts des actionnaires ne doivent pas, eux non plus, être satisfaits au détriment des autres parties prenantes, mais ça c’est un autre sujet.

En d’autres termes, si le vivre ensemble a besoin d’une recherche de bien commun, alors la fonction RH doit aussi porter cette voix.

Le deuxième aspect sur lequel la fonction RH doit se questionner c’est sur la réalité de la dimension RSE. Ce bien commun des parties prenantes, y compris de la société civile dont l’entreprise ne peut réellement s’affranchir – ni pratiquement, ni moralement – c’est l’objet même de la dimension RSE. Et il y a là aussi matière à questionner la fonction sur la matérialité de cette RSE, au-delà des logiques d’affichage et de conformité, pour que la recherche de ce bien commun devienne expérience pour toutes et tous.

Le troisième sujet de questionnement pour la fonction RH c’est celui du leadership model. La fonction RH doit s’interroger sur la meilleure manière de traduire et de tenir compte de cette capacité à privilégier l’intérêt du bien commun et faire preuve d’exemplarité de comportement dans le leadership model de l’entreprise. Cela peut passer peut-être par des softskills à identifier et développer, des règles de comportements à établir voire parfois de sanction lorsque cela est nécessaire mais c’est un autre sujet.

Enfin, le dernier thème que nous souhaitons aborder est celui de la reconnaissance. Nombre de politiques de rémunération ont favorisé un excès d’individualisation propice au mercenariat et souvent source de frustration, voire d’injustices réelles, pour celles et ceux qui s’investissent pour le bien commun au détriment parfois de leur intérêt financier immédiat.

Il est alors de la responsabilité de la fonction RH de s’interroger sur les politiques de reconnaissance qui sont mise en place dans l’entreprise : Comment tenir compte du Bien Commun dans les politiques de reconnaissance, sur un plan financier et moral ? Comment passer d’une logique d’individualisation (où l’individu n’est qu’une division du tout) à une logique de personnalisation (où la personne est porteuse d’une forme de responsabilité du tout) ?

La fonction RH a donc un rôle déterminant à jouer pour favoriser le respect du bien commun et donc le vivre ensemble, mais c’est un rôle qui l’expose. Ce n’est pas ce qui la rendra « populaire », contrairement aux postures démagogiques qui sont souvent privilégiées pour les bénéfices faciles et court-termistes qu’elles apportent.

Et c’est attristant, car faire en sorte que le projet de l’entreprise se réalise en créant les conditions sur un plan humain c’est précisément le sens même de sa mission ! A commencer par réussir à « faire société » donc vivre ensemble.

C’est au fond le défi auquel toute entreprise humaine a toujours été confrontée et, n’en déplaise à celles et ceux qui réduirait ce vivre ensemble à une « animation » d’un collectif qui a tous les atours de l’entertainement, il questionne inévitablement l’essence même de ce qu’est l’entreprise. En d’autres termes, s’il y a besoin « d’animer un collectif » pour favoriser le vivre ensemble, alors c’est au sens de lui donner une âme !

En résumé, pour vivre ensemble il faut respecter ce qui nous unit, en tant que collectif, la raison d’être de l’entreprise. C’est-à-dire le bien commun. Et pour cela, la fonction RH doit se questionner sur 4 thèmes : le respect de toutes les parties prenantes, la réalité de la dimension RSE, la manière dont ce bien commun s’incarne dans le leadership model et enfin dans les politiques de reconnaissance.

J’ai bon chef ?

Oui tu as bon mais on ne va pas en faire toute une histoire.