Les leaders de demain sont des poètes impertinents

Dans cet épisode nous allons tenter de vous convaincre que les leaders de demain, et même d’aujourd’hui d’ailleurs, sont des poètes impertinents.

Dans cet épisode nous allons tenter de vous convaincre que les leaders de demain, et même d’aujourd’hui d’ailleurs, sont des poètes impertinents.

Le discours contemporain sur la transformation des organisations vers un modèle d’entreprise capable de mieux s’adapter aux contraintes de son environnement ne vous aura certainement pas échappé.

Et cette capacité d’adaptation repose peut-être sur un profil de leaders enrichis de qualités nouvelles. Mais pourquoi diable seraient-ils donc des poètes impertinents ? C’est quoi l’histoire ?

La capacité d’adaptation d’une organisation à laquelle je faisais référence en introduction c’est bien la capacité d’adaptation au monde réel dont il s’agit. Alors pour comprendre l’histoire du poète, peut-être faut-il s’intéresser à la manière dont fonctionne cette adaptation.

En fait, tout processus d’adaptation passe finalement par 3 phases simples : 1. capter des informations sur l’environnement auquel il faut s’adapter, 2. Mettre à jour les représentations que l’on s’en fait ou en d’autres termes prendre conscience de ce que cela signifie et enfin 3. Agir en conséquence

Un processus que l’on peut résumer en 3 mots apprendre, comprendre et entreprendre. Apprendre, le préfixe “A”, absence, donc lire le monde en se débarrassant le plus possibles des filtres, des biais et autres préjugés ; comprendre, le préfixe “com”, ensemble, donc prendre ces informations pour se les approprier et enfin entreprendre, “entre”, la réciprocité, parce que l’entreprise est une œuvre collective.

Lorsque nous étions dans des environnements plus stables, plus prévisibles dans lesquels les approches mécanistes, inspirées du taylorisme prévalaient, le modèle de représentation était finalement donné. Les managers devaient alors en réalité l’appliquer tel quel. Entreprendre consistait donc à agir ensemble selon un modèle déterminé, en l’occurrence par une direction.

Mais lorsque l’on doit faire face à un contexte différent dans lequel l’exigence des problèmes à résoudre rend ce déterminisme moins efficient, alors la capacité d’adaptation dudit manager devient un facteur important. C’est dans cet esprit que d’aucuns appellent de leurs vœux des leaders inspirants, en d’autres termes qui ont une vision !

Et schématiquement cette vision dépend de leur capacité à lire leur environnement pour en tirer les enseignements qui permettront d’ajuster ces modèles prédéterminés ou même d’en inventer d’autres, ce que certains vont appeler disruption.

Et c’est précisément là que les deux premières étapes, apprendre et comprendre deviennent clés avant d’entreprendre. En d’autres termes, nous avons plus que jamais besoin de décideurs capables de lire les situations de la manière la plus « vraie » possible, de se remettre en cause pour questionner les modèles de représentations qui sont les leurs et de faire preuve de discernement pour en tirer les enseignements pertinents.

Lire le monde, son environnement, une situation au fond ça commence par capter le plus d’informations qui le caractérisent. C’est donc une affaire de nombre de capteurs et de sensibilité de chacun d’entre eux.

Prenons une image simple. Tu prends deux plaques de cuisson, l’une à 4 degrés et l’autre à zéro. Tu as des gens qui mettent leurs mains sur les deux et disent que c’est pareil. Et des gens plus sensibles, au moins à la chaleur, qui te dise que la première est plus chaude. Ces personnes te donnent une information de plus. C’est une affaire de sensibilité de capteurs.

Et donc plus on en a, en nombre, et de préférence aux différentes sensibilités, mieux on capte l’information sur le monde. D’ailleurs si on devait trouver un argument en faveur de la diversité en entreprise, au-delà des critères légaux, c’est-à-dire la diversité des êtres humains dans toute leur richesse, et bien c’en est un. Mais c’est un autre sujet.

La sensibilité permet de capter mais cela ne suffit pas. Il y a ensuite la deuxième étape clé : être capable de réviser ses jugements, ses systèmes de représentation, son système de valeurs en fonction de ce que le monde nous donne à voir. Le doute comme principe de progrès ! Et pour cela il faut accepter de se remettre en cause.

C’est un peu l’impertinence du fou du roi, l’impertinence de celui qui vous tape sur l’épaule et vous invite à vous remettre en cause et vous évite, si on en accepte l’augure, de s’enrouler dans des convictions que les faits invalident et finissent par devenir des certitudes qui assèchent !

Oui Mahé ça fait 20 ans que je fais comme ça il n’y a pas de raison que cela change

Et oui, comme je dis toujours … tout le problème est dans le toujours !

Et donc, quoi de mieux en vérité pour incarner cette sensibilité dans le rapport au monde et ce sens de la remise en cause que le poète impertinent ? CQFD.

En résumé, pour s’adapter à un monde qui change, les leaders doivent cultiver leur sensibilité pour mieux capter les évolutions du monde qui les entoure et une forme d’impertinence pour être capable de remettre en cause leur système de représentation. Deux caractéristiques que le poète impertinent incarne bien.

J’ai bon chef ?

Oui tu as bon mais on ne va pas en faire toute une histoire